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dicte icelle Université appelleroit devant le Roy et les seigneurs du conseil. Et où il auroit aucuns de l'Université qui laboureroient pour la solucion du dixiesme, ilz en seroient privez. Et s'il en advenoit d'aucuns labourans à ce, qui eussent temporel, l'Université requeroit au Roy que leur temporel feust mis en sa main, et ou cas qu'ilz n'en auroient point, ilz feussent emprisonnez. Et se par manière de voie caritative, nostre saint père le pape eslevoit subside, il pleust à l'Université supplier au Roy que les prélas feussent évoquez par le royaume pour deux choses : Premièrement, pour adviser quelles choses sont traictées au conseil général de l'universelle Église; secondement, à délibérer de ce et sur le contenu ès requestes desdiz ambaxadeurs sur ledit dixiesme. Et se il estoit délibéré que nostre saint père ait ledit subside, l'Université veult que soient députez aucuns prélas preudommes de ce royaume qui recevront l'argent pour la paix des Grecs et des Latins et pour l'union du royaume d'Angleterre, pour la queste de la Saincte Terre et prédicacion de l'Evangile et de toute créature, car ce sont les fins pour lesquelz le saint père esliève cedit subside, comme dient ses légaulx. L'Université requist súr ce aux seigneurs de parlement qu'ilz se adjoingnissent avecques eulx, car ce est leur arrest et aussi le fait des procureurs du Roy et autres seigneurs à la prosécucion desquelz ladicte loy fut faicte. Item, fut député maistre Ursin à proposer devant les seigneurs, et à respondre aux raisons desdiz ambaxadeurs. Et en fin, ledit arcevesque de Pise, considérant que nullement ne pourroit venir à son entencion, se humilia devant ladicte Université et parla particu

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lièrement à aucuns des principaulx afin qu'ilz tenissent la main à sa besongne. Néantmoins, le xxvi jour du moys de janvier ensuivant, fut par eulx conclud que de leur consentement ne seroit baillé au pape nul subside sans avoir premier l'accord, le conseil et octroy de l'Église françoise. Et sur ce furent prinses nouvelles journées. Et le x1o jour de février, plusieurs prélas furent évoquez pour avoir leur advis sur ceste matière. Mais finablement, par la diligence et solicitude de l'Université, ilz ne porent venir à conclusion que nulles pécunes feussent données et octroiées au pape par quelconques manière que ce feust. Non obstant que la plus grant partie des seigneurs et par espécial les princes, en estoient assez contens. Et pendant que les choses dessusdictes se traictoient, ledit pape envoia ses lectres devers le roy de France contenans que les Florentins ne vouloient plus estre de sa partie, pour la doubte qu'ilz avoient du roy Lanselot. Lequel roy Lanselot assembloit de jour en jour grant puissance de gens d'armes, comme rescripvoit ledit pape, pour envayr et prendre la cité de Romme et toutes les régions d'autour, pour en fin avoir la dominacion et obéissance de la chaise Saint-Pierre et du siège apostolique, et y metre ung pape qui feust du tout à sa poste1. Laquelle chose, se ainsi advenoit, pourroit estre plus grant erreur que devant. Et pour tant, de rechef requéroit au Roy, à ses princes et à ladicte Université, que pour obvier à telz inconvéniens il eust aide et confort de eulx. Laquelle aide, par la diligence et longue poursuite dudit arcevesque de Pise, lui fut

1. En son pouvoir, potestas.

depuis accordé, ainsi et par la manière que cy-après sera déclairé.

CHAPITRE LXVIII.

Comment le seigneur de Crouy fut prins de ceulx tenans le parti d'Orléans en alant en ambaxade devers le duc de Berry de par le duc de Bourgongne.

Item, après toutes ces besongnes, le duc de Bourgongne envoia trois de ses conseillers ambaxadeurs, c'estassavoir les seigneurs de Crouy et de Dours, chevaliers, et maistre Raoul le Maistre, chanoine de Tournay et d'Amiens, licencié en lois, à Paris, devers le Roy et son conseil pour aucuns ses afaires, et de là devers le duc de Berry, son oncle et son parrain, à Bourges. Mais quant ilz furent entre Orléans et ladicte ville de Bourges, ledit seigneur de Crouy fut prins et retenu des gens du duc d'Orléans tout seul, le vendredi pénultime jour de janvier. Et ne fut baillé nul empeschement à nul de aultres, ne à leurs serviteurs. Et de là fut mené en ung chastel à trois lieues près de la ville de Blois. Et lendemain, fut fort examiné et interrogué très rigoreusement sur la mort du duc d'Orléans défunct, et de fait fut gehayné pour savoir s'il en avoit esté complice ou consentant. Mais onques pour chose qu'on lui feist, ne congneut riens qui lui tournast à préjudice. Et le dimenche ensuivant fut mené à Blois et mis en une prison moult destroitement. Et les autres ambaxadeurs dessusnommez s'en alèrent devers le duc de Berry, et lui dirent et exposèrent leur légacion et ce qu'ilz avoient de charge de par ledit duc de Bourgongne. Et après lui prièrent

humblement qu'il voulsist tant faire au duc d'Orléans que icellui seigneur de Crouy feust délivré hors de ses mains, et lui racomptèrent premier la manière de sa prinse. Lequel duc de Berry, tantost rempli de grant fureur et courroux, envoya ses lectres signées de sa main devers ledit duc d'Orléans, contenans que tantost et sans délay il lui envoiast ledit prisonnier, lequel alant devers lui avoit esté prins desraisonnablement, et se ainsi ne le faisoit, il le tenoit pour son ennemi. Ausquelles lectres ledit duc d'Orléans rescripvi à son oncle assez courtoisement, en soy excusant de ladicte prinse et aussi en prolonguant la besongne. Et peu de jours après, le Roy et le duc d'Acquitaine, auxquelz ladicte prinse estoit jà apparue pareillement, escripvirent et mandèrent au duc d'Orléans que incontinent délivrast ledit de Crouy, sur autant qu'il les doubtoit à courroucer. Néantmoins, pour quelques lectres ou mandemens qui lui feussent envoiez ne le vouloit délivrer, mais qui plus est, fut détenu prisonnier destroictement et en grant rigueur comme dit est, et par plusieurs fois diversement examiné et questionné. Et ce pendant, les autres ambaxadeurs envoièrent leurs messages devers le duc de Bourgongne et lui notifièrent la prinse dessusdicte et les diligences qu'ilz avoient faictes pour sa délivrance. Lequel duc ne le print point bien en gré, mais en fut moult troublé, car moult amoit ledit seigneur de Croy. Et pour ce, lui considérant ceste entreprinse et aucunes autres qui s'estoient faictes sur ses gens et autres ses fayorables, afin de y résister et pourveoir se besoing lui estoit, se disposa de tout son povoir à assembler finances, et tant, que aux Gantois vendi ses confisca

cions, et à aucuns autres Flamens rendi leurs libertez pour argent. Et mena son filz, le conte de Charrolois1, en plusieurs villes de Flandres pour leur monstrer leur seigneur à venir, et à ceste occasion en receut plusieurs dons, et après tint ung grant conseil sur ses afaires en la cité de Tournay avecques ses deux serourges, c'estassavoir le duc Guillaume, conte de Haynnau, et l'évesque de Liège; et si y estoit le conte de Namur et plusieurs autres grans seigneurs des marches de l'empire, auxquelz il requist leur service et aide se besoing lui estoit, contre tous ses adversaires, et par espécial contre le duc d'Orléans, ses frères, et leurs aliez. Lequel service ilz lui promirent à faire libéralment en tout ce qui leur seroit possible. Et de là, après lesdictes promesses, vint à Lisle. Ouquel lieu vint devers lui le mareschal Bouciquault, naguères gouverneur de Gennes, lequel il reçeut très agréablement et le mena avecques lui en sa ville d'Arras. Et là évoqua tous les seigneurs et autres nobles hommes de son pays d'Artois et des dépendences, lesquelz assemblez en la sale de son hostel, tant par sa bouche comme par maistre Guillaume Bouvier, chevalier, licencié en lois, exposa et fist exposer comment tous les jours ses adversaires s'esforçoient de prendre et emprisonner ses gens et de fait avoient prins et emprisonné le seigneur de Crouy. Pour quoy, à tous ceulx qui là estoient venus à son mandement, il leur prioit qu'ilz lui feussent loiaulx, et que se besoing lui estoit, que pour souldées avoir ilz le voulsissent servir; et que ilz sceussent certaine

1. Plus tard Philippe le Bon, duc de Bourgogne.

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