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gneur de Rambures, chevalier, fut mis en l'office de maistre des arbalestriers de France ou lieu du seigneur de Hangest, lequel fut déposé par le Roy. Et le seigneur de Longvi, de la nacion de Bretaigne, fut fait mareschal; et en fut desmis le seigneur de Rieux, pour ce qu'il estoit trop ancien et ce, fut fait de son

consentement.

CHAPITRE LXXXIII.

Comment la ville de Moyniers et autres seigneuries furent mises en la main du Roy par ses capitaines et officiers.

En après, ceulx de la conté de Vertus, quant le bailli de Vitry, c'estassavoir messire Phelippe de Cervoles, fut venu lui et ses gens devant la ville de Vertus, tantost se rendirent à lui ou nom du Roy. Et aussi toutes les autres garnisons d'icelle conté donnèrent obéissance, excepté ceulx du chastel de Moyniers', dedens lequel estoient messire Clugnet de Brabant et Jehan de Brabant son frère, et messire Thomas de Hersis et plusieurs autres, lesquelz, pour riens ne vouloient obéir aux commandemens du Roy. Et pour ce, ledit bailli et ceulx qui avecques lui estoient y mirent le siège et se préparèrent pour les assaillir.

1. Chastel de Moyniers ou Moymers. A une demi-lieue de Vertus en Champagne, se trouve une montagne nommée MontAimé ou Mont-Amy, qui est l'emplacement du château dont parle ici Monstrelet. Voy. Baugier, qui rapporte le fait, mais qui se trompe sur la date, qu'il met en 1407, et sur le nom du bailli de Vitry, qu'il appelle Courcelle. (Mémoires historiques de la province de Champagne, t. I, p. 289.)

Mais ce fut peine perdue, car icellui chastel estoit moult fort et bien garni de tous vivres et aussi d'artillerie, pour quoy lesdiz asségez doubtoient moult peu ceulx qui estoient devant eulx, et leur faisoient souvent des envayes. Néantmoins la besongne se continua par l'espace de trois ou quatre moys, au bout duquel temps messire Clugiret de Brabant et avecques lui ledit messire Thomas de Hersis, eulx deux montez sur deux fors chevaulx roides et légers, à tous deux pages chevauchans derrière eulx, se partirent dudit chastel et passèrent tout parmy l'ost et le siège qui estoit devant eulx. Et avoient chascun une lance en leur poing, et couroient quanque chevaulx les povoient porter, et tant firent qu'ilz eschapèrent et s'en alèrent pour avoir secours devers messire Amé de Salebruce. Mais ilz ne revindrent pas à tout ledit secours, car tantost après Jehan de Brabant, frère dudit messire Clugnet, fut prins, ainsi qu'il estoit dudit chastel de Moyniers. Lequel, par l'ordonnance du Roy et de son grant conseil, fut décapité en la ville de Vitry. Et tantost après, ceulx qui estoient dedens ledit chastel de Moyniers le rendirent audit bailli de Vitry, ou nom du Roy, et s'en alèrent, sauf leur corp (sic) et leurs biens; et y mist garnison. Et par ainsi toute la marche de là environ fut mise en l'obéissance du Roy..

yssu

Semblablement ceulx de la conté de Clermont se rendirent du tout, sans avoir violence, au vidame d'Amiens, qui de par le Roy y avoit esté envoié comme dit est. Et ceulx des garnisons qui avoient fait moult de maulx sur le plat pays, s'en alèrent soubz sauf conduit, à tout leurs bagues, ou pays de Bourbonnois. Et,

comme és autres lieux, furent mis gens de par le Roy par toutes les fortresses.

En oultre le bailli d'Amiens ala à Boulongne sur la mer, et lui firent ceulx de la ville et des fortresses bonne obéissance, réservé le chastel dudit lieu de Boulongne, lequel le séneschal de Boulongne, c'estassavoir messire Loys de Corail, chevalier, natif d'Auvergne, ne voult point rendre sans le consentement du duc de Berry son seigneur, qui lui avoit baillé en garde. Et pour tant, ledit bailli d'Amiens et les Boulenois avecques lui, tantost démolirent le pont-levis dudit chastel devers les champs et leur tolèrent l'issue et l'estoupèrent de grans fossez, tellement que par là nul homme ne povoit entrer ne yssir. Et depuis fut tant pourparlé entre ledit bailli d'Amiens et icellui séneschal, qu'il eut jour d'envoier devers son seigneur le duc de Berry, pour sçavoir s'il le tiendroit deschargé dudit chastel de Boulongne et se il seroit content qu'il feust mist en la main du Roy. Lequel duc lui manda qu'il le délivrast, pour et ou nom du Roy, au dessusdit bailli d'Amiens, et s'en retournast à Bourges devers lui; et ainsi en fut-il fait. Et semblablement furent mises en la main du Roy toutes les seigneuries et appartenances de la conté d'Eu et de la terre de Gamaches, et en furent desmis et boutez hors tous ceulx qui y estoient de par les seigneurs ausquelz lesdictes seigneuries appartenoient, et en leurs lieux y furent mis de par le Roy aultres souldoiers.

Durant lequel temps furent cueillies grans sommes en la ville de Paris et ailleurs, pour paier les Anglois qui estoient venus servir le duc de Bourgongne par la licence et auctorité du roy d'Angleterre. Et après

qu'ilz eurent reçeu ledit payement, le conte d'Arondel, à tout ses gens, s'en r'ala par Calais en Angleterre. Mais le conte de Kent, à, tout sa compaignie, demoura pour servir ledit duc de Bourgongne. Et pour ce temps, tous ceulx tenans la partie du duc d'Orléans estoient fort reboutez, et à peine se sçavoient ilz où saulver, car tantost en sçavoit aucuns, feussent séculiers ou ecclésiastiques, ilz estoient prins ou emprisonnez, dont les aucuns estoient exécutez, et les autres mis à grant finance. Et mesmement en celle saison furent prins deux maistres moynes, c'estassavoir maistre Pierre Fresnel, évesque de Noion, lequel fut prins par messire Anthoine de Craon et mené au chastel de Crotoy. L'autre fut l'abbé de Forestmoustier, et fut prisonnier au seigneur de Dampierre, admiral de France. Mais depuis, en paiant grans finances furent délivrez, et s'en r'alèrent chascun en son bénéfice.

Durant lequel temps le seigneur de Hangest, soy disant encores maistre des arbalestriers de France, tenant le parti d'Orléans, s'estoit retrait secrètement, après le département de Saint-Denis dont dessus est faicte mencion, ou chastel de Soissons. Et pour ce qu'il avoit voulenté et entencion de trouver ses moiens devers le Roy, envoya par ung poursuivant quérir un sauf conduit à Senlis, à Troullart de Maucruel, qui en estoit capitaine et bailly, pour aler audit lieu de Senlis et là séjourner. Lequel sauf conduit lui fut envoyé, et sur ce s'en ala en ladicte ville de Senlis. Mais pour tant que oudit sauf conduit n'estoit point faicte mencion du retour dudit de Hangest, ledit Troullart le fist prisonnier, lui seiziesme de gentilz hommes, et tantost

après, lui et ses gens, furent menez à Paris et mis en Chastellet, dont grandement leur despleut, mais il n'en pot avoir autre chose.

En oultre, pareillement le conte de Roussy', qui s'estoit retrait en son chastel de Pontarcy sur Esne3, après son retour de Saint-Denis, fut incontinent environné et asségé des paysans de Laonnois et de la marche d'environ, et se assemblèrent bien quinze cens ou plus, autour de ladicte fortresse, et l'assaillirent terriblement par plusieurs journées, et tant continuèrent, que nonobstant qu'elle feust moult forte d'eaue et de muraille, l'endommagèrent-ilz grandement. Et s'appeloient lesdiz paysans: Les enfans du Roy. Si vint en leur aide et pour les conforter, le bailli de Vermendois, c'estassavoir Le Brun de Baris, chevalier, et le prévost de Laon. Et lors ledit conte voiant la force et violence d'iceulx, doubtant estre prins d'iceulx, sé rendi audit bailli de Vermendois, et son chastel et ceulx qui estoient avec lui. Lequel bailli les receut ainsi. Et après qu'il eut mis garnison dedens ledit chastel de par le Roy, envoya ledit conte de Roussy et ses gens, prisonniers en la ville de Laon, où ilz furent bonne espace, et depuis en paiant grans finances furent délivrés. Et pareillement fut prins l'archidiacre de Brie, dedens la tour d'Andely, par les paysans dessusdiz. Lequel archidiacre estoit filz naturel du roy d'Ermenie. Et messire Guillaume de Coucy,

1. Roucy, l'un des sept anciens comtés-pairies de Champagne..

2. Pontarcy-sur-Aisne.

3. Le Chateau-Gaillard.

4. Du roi d'Arménie.

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