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point envoié leur procureur audit concile général. Autre chose ne vous scay que escripre pour le présent. Escript à Pise, le xv jour du mois de may '. Vostre humble religieux et subject, l'abbé de SaintMaxence. » Et la superscription estoit : « A révérend père en Jhesucrist et Seigneur, par la grace de Dieu évesque de Poictiers, et grant chancelier de monseigneur le duc de Berry. »

CHAPITRE LIII 2.

Comment les ambaxadeurs de l'Université de Paris envoièrent leurs lectres à leurs seigneurs et maistres, de ce qui avoit esté fait ou dessusdit concile de Pise touchant l'union de l'Eglise.

S'ensuict la teneur des lectres des ambaxadeurs de l'Université de Paris concordans aux lectres dessusdictes, envoiées à ceulx de ladicte Université.

« Révérens pères, seigneurs et maistres très honnorables, humble recommandacion prémise. Plaise vous savoir que nous rescripvons pardevers vous les copies des fais et traictiez fais ou concile général depuis le derrenier jour d'avril jusques à ce présent jour 3. Pour quoy est à savoir que ledit saint concile général s'est assis par treize foiz, ouquel en effect ont esté faictes les choses qui s'ensuivent : Les deux contendans à la papalité actendans par plusieurs jours, furent déclairez contumax en fait de scisme et de la foy. En leur contumace furent donnez plusieurs articles contre iceulx 1. L'an 1409.

2. Ce chapitre est mal coté LX dans l'édition de Vérard, sans date, suivie en cela par l'édition de 1572.

3. 29 mai.

contendans, grandes escriptures et le libelle de contumace. Si furent ordonnez commissaires à examiner les tesmoings contre lesdiz contendans.

Item, par ledit concile général fut approuvée l'union, le collège des cardinaulx, la citacion desdiz contendans et la convocacion dudit concile par les cardinaulx comme en temps et en lieu convenables, seurs et estables, et que ledit concile estoit juge souverain en terre pour congnoistre sur lesdiz articles proposez contre lesdiz contendans.

Il fut aussi prononcé par le saint senne que ce avoit esté chose licite de partir de l'obédience d'iceulx depuis le temps qu'ilz avoient promis de eulx desmettre de la papalité, et que les procès, constitucions et sentences faictes par lesdiz contendans contre ceulx qui se sont soubstrais de leur obéissance, sont de nulle valeur. Après, furent les attestacions publiées, et la sentence interlocutoire fut leue par le saint concile sur les notoires péchez desdiz contendans. Et au jour dui, maistre Pierre Paoul', ou saint concile dist très solemnellement vostre opinion. Et print son theume: Congregabuntur filii Jude et filii Israel et facient sibimet caput unum. C'est à dire, que les enfans d'Israel et les enfans de Jude s'assembleront et feront à eulx mesme ung chef. Ce sont ceulx proprement assemblez et venus, et aussi ceulx à venir à ce saint concile, qui feront un seul pape. Et paravant avoit aussi parlé très

1. Dupuy, dans son histoire du schisme, l'appelle Pierre Plaon, et dit que c'était un docteur fort estimé dans le concile. Il signe Pierre Plaoul, et se qualifie chanoine de Paris dans un acte de l'an 1398 qui contient son adhésion à l'opinion de l'Université, opinion favorable à la soustraction d'obédience.

solemnellement maistre Dominique le Petit en la présence de tous les cardinaulx. Et fut son theume : Principes populorum congregati sunt cum Deo Abraham. C'est à dire, les princes des peuples sont assemblez avec le Dieu d'Abraham. Les cardinaulx et prélas de saincte Eglise sont appellez les princes des peuples. Au jour d'ui pareillement, les théologiens ont dit leurs opinions; qui sont en nombre six vingts et trois, desquelz les vingt quatre sont de vos subjetz et suppos.

Item, au jour dui a esté ordonné que les deux contendans soient citez aux portes des églises, au mercredi cinquiesme jour de juillet, à oyr sentence diffinitive.

Ebron a envoié une bulle aux Anglois en leurs priant qu'ilz vueillent estre de leur parti avec Ruper, roy des Rommains second esleu, pour muer le lieu du concile, et qu'il leur plaise à estre à son povoir. Mais il labeure en vain, car les Anglois, Alemans, Bohémiens, ceulx de Poulaine, de France, de Cipre, de Rodes, d'Ytalie sont si très solemnellement concordables, excepté Ruper, duquel les ambaxadeurs sont départis. Peu de prélats sont venus de Landislay1 et de celle seigneurie et dominacion. Le roy de Hongrie a escript qu'il a entencion d'estre oudit concile, mais il a eu grande occupacion pour maintenir sa guerre contre les Sarrasins.

Pierre Martin, dit La Lune', a envoyé une bulle moult terrible par laquelle il admoneste les cardinaulx de retourner devers lui, et s'ilz ne veulent retourner,

1. Landislay (sie et dans 8345 Suppl. fr. 93). Le grand-duché de Lithuanie?

2. Benoît XIII.

il leur défend traicter d'élection, et ou cas qu'ilz n'y obéiront, il les excommenie et prononce moult de choses contre lesdiz cardinaulx et leurs adhérens.

Révérens pères, seigneurs et maistres redoubtez, autre chose pour le présent ne vous escripvons, fors que toutes nacions tendent à la réformacion de l'Eglise, à laquelle réformer, sera tenu et obligé, le nouvel pape qui, à la grace de Dieu, sera esleu. S'il vous plaist aucune chose mander, prestz et appareillez sommes de obéir selon nostre povoir, comme tenus y sommes, en vous suppliant humblement, qu'en toutes noz besongnes, il vous plaise nous avoir pour recommandez. Le Très Souverain vous ait en sa garde. Escript à Pise, le xxix jour du mois de may1. »

Et estoit escript dessoubz: «< Dominique le Petit, Pierre Paoul, Jehan le Quesnoy, Pierre Ponce, Vincent et Eustace de Faulquemberge, Ernoul Vibrant, Jehan Bourlet, dit François. Maistre Pierre de Poigny et maistre Guillaume le Charpentier ne sont point cy dessoubz escrips, pour ce qu'ilz sont absens. »

Comment les deux contendans à la papalité furent condempnez par le

saint concile de Pise ".

S'ensuit la condemnacion desdiz contendans à la papalité, dont la teneur s'ensuit :

« Ce présent saint senne général assemblé ou nom de Jhésucrist, se soustrait et départ de Pierre de La Lune, appellé Benoist, XIII" de ce nom, et de Lange

1. L'an 1409.

2. Ce chapitre, dans l'édition de 1572, fait partie du cinquantetroisième chapitre mal coté LX.

Corrarion nommé Grégoire XII, et descerne ledit saint senne que ainsi doivent faire tous loyaulx catholiques.

Item, ledit saint senne représentant l'Eglise universelle séant pour juge en ceste ville de Pise, après meure délibéracion et examen de tesmoings sur les horribles péchez desdiz contendans, prononce et discerne par sentence diffinitive iceulx estre privez et indignes de tout honneur et dignité, et mesmement de dignité papale. De rechef, prononce iceulx estre séparez de saincte Eglise de fait et par les sains canons, par icelle sentence en ces escrips, en défendant à iceulx et à chascun d'eulx, que jamais ne soient si hardis de eulx tenir pour pape, en déclairant la saincte Eglise Rommaine vacquant.

« En après, ledit saint senne a déclairé que nulz chrestiens n'obéissent à iceulx ou à l'un d'eulx, ne donnent faveur ou entendent aucunement, non obstant quelque serement de loyaulté ou autres, fais ou promis à iceulx, sur peine d'excommunicacion. Et quiconques ne vouldra obéir à ceste ordonnance ou sentence, il sera condemné, réputé et baillé ès mains de la justice laie, comme favorable aux hérétiques, à punir selon les commandemens divins et disposicion des sains canons.

« En après, ledit saint senne prononce et déclaire que toutes les procuracions des cardinaulx faictes par lesdiz contendans de la papalité, par ledit Ange Corrarion depuis le tiers jour de may, et par ledit Pierre de La Lune depuis le xvo jour de juing en l'an derrenier passé mil quatre cens et huit, avoir esté et estre de nulle valeur, et du tout en tout sont adnullées

par ceste

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