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vant, c'est assavoir l'an mil trois cens quatre vingts deux ou mois de janvier, leur avoit esté osté par l'auctorité royale, leur fut rendu de par le Roy plei– nement et libéralement, et sur ce leur en furent lectres faictes et baillées'. Dont très grandement furent resjouys, et par ce moien eurent le duc de Bourgongne, en tous ses afaires, en grande recommandacion.

CHAPITRE LXXXVI.

Comment le duc Jehan de Bourgongne 2 envoia ses ambaxadeurs en Angleterre. Item, de la délivrance des enfans du seigneur de Crouy et des enfans de la duchesse de Bourbon. Et du conte Waleran de Saint-Pol et autres matières.

Item, à l'entrée du mois de mars, par la licence du roy de France, le duc de Bourgongne envoia ses ambaxadeurs devers le roy d'Angleterre, c'est assavoir l'évesque d'Arras, le prévost de Saint-Donat de Bruges, le prévost de Saint-Omer et le seigneur de la Vielzville, pour traicter le mariage de l'une des filles dudit duc avec le prince de Gales, premier filz du roy d'Angleterre, pour lequel en avoit esté autrefoiz pourparlé. Lesquelz ambaxadeurs trouvèrent le roy d'Angleterre à Rocestre3 et furent de lui et de ses enfans honnorablement receuz et festiez, et aussi des autres princes et seigneurs, et par espécial, du prince de

1. Les lettres de rétablissement de la prévôté de Paris sont du 20 janvier 1411 (V. S.). Elles sont imprimées dans le Recueil des Ordonnances, t. IX, p. 668.

2. Le ms. Suppl. fr. 93 et les imprimés portent, à tort : « Comment le roy de France, etc. »

3. Rochester.

Gales, auquel la besongne touchoit, furent moult honnorez. Et après ce que a un certain jour, par la bouche dudit évesque, ilz eurent bien et à point remonstré en la présence du roy, de ses enfans et de son conseil, tout l'estat de leur ambaxade, et que de ce ilz eurent eu la response assez agréable, et aussi que plusieurs dons leur eurent esté fais par ledit roy, retournèrent à Douvres et de là à Calais, et de là retournèrent à Paris. Et là, en la présence du roy de Cécile, des ducs d'Acquitaine, de Bourgongne et de Bar, et de plusieurs autres du conseil royal, racontèrent tout au long ce qu'ilz avoient besongné, et comment le roy d'Angleterre, ses enfans et ses princes, les avoient receuz en grant honneur, pour la révérence du Roy et de ceulx qui là les avoient envoiez, et mesmement leur avoient donné plusieurs joyaulx. Dont ilz remercièrent humblement le Roy. Lequel, avec ses princes, fut très content des choses dessusdictes. Et adonc ledit duc de Bourgongne manda son filz le comte de Charrolois, qui estoit à Gand, qu'il venist à Paris, pour estre à la feste de Pasques prouchainement venant.

En ces mesmes jours, à la prière et requeste de la duchesse de Bourbon, fille du duc de Berry ', fut par ledit duc de Berry et par le duc d'Orléans et autres grans seigneurs de ceste partie, le seigneur de Crouy mis à pleine délivrance de la prison où il avoit esté assez longuement', et fut convoié par les gens dudit duc d'Orléans et conduit jusques au près de Paris. Et à son département promist sur sa foy de tant faire devers

1. Marie, seconde fille de Jean, duc de Berri, mariée en 1400 à Jean Ier, duc de Bourbon.

2. Voy. plus haut, p. 109.

son maistre le duc de Bourgongne, que les enfans de Bourbon qui estoient prisonniers, comme dit est dessus, seroient délivrés. Et quant il fut venu jusques audit lieu de Paris, le duc d'Acquitaine, et par espécial le duc de Bourgongne, le receurent à grant joye. Et aucuns jours ensuivans ledit seigneur de Croy fist la requeste qu'il avoit promis, c'estassavoir pour les enfans dessusdiz, laquelle finablement lui fut accordée par le Roy et les autres grans seigneurs. Si furent mandez au chastel de Renti, où ilz estoient sans rien paier, et les conduist messire Jehan de Croy, filz dudit seigneur de Crouy, avec plusieurs de ses gens, jusques aux terres du duc de Berry. Et le filz messire Mansart du Bois, qui avoit esté prins avecques eulx, demoura prisonnier oudit chastel de Renti.

En oultre, ledit seigneur de Crouy, par l'ordonnance et consentement dudit duc de Berry et de la duchesse, fut ordonné de par le Roy gouverneur de la conté de Boulongne et chastellain de Beroth sur Somme1. Et avec ce lui fut donné à sa revenue, de par le Roy, à la requeste du duc de Bourgongne, l'office de grant boutiller de France. Et à messire Pierre des Essars, prévost de Paris, fut donné l'office d'estre maistre des eaues et des forestz, lequel tenoit par avant Walerant, conte de Saint-Pol; qui de ce fut content.

Lequel conte de Saint-Pol, connestable de France, fist en ces propres jours ung grant mandement de gens de guerre pour estre à Vernon sur Seine, et assembla bien deux mille bacinetz ou environ et grant planté d'archers, sur intencion de faire guerre à ceulx de

1. Brioch sur Somme. » Suppl. fr. 93. C'est Briot (Somme).

Dreux, au conte d'Alençon et à ses gens, qui souventesfois couroient au pays de Normandie et vers Rouen, où ilz prenoient et desroboient tout ce qu'ilz trouvoient et povoient actaindre. Pour lequel mandement et gens d'armes paier et aussi pour les autres souldoiers et capitaines du Roy qu'il avoit en plusieurs lieux, fut imposée et mise sus une grande taille par tout le royaume de France à paier à deux termes, c'estassavoir, le premier à Quasimodo, et le second en la fin du moys de juing ensuivant. Pour laquelle taille le povre peuple fut moult travaillé. Car avec ce, fut accordé au Roy par le Saint-Père un plein dixiesme, à cueillir par tout le tout le royaume royaume de France et ou Daulphiné, à prendre sur le clergié, à paier comme dessus à deux termes, le premier au jour saint Jehan Baptiste, et le second au jour de la Toussains ensuivant. Dont ledit clergié fut assez mal content; mais pour tant ne laissail point à estre levé rigoreusement, et y avoit certains commis à le recevoir de par la dessusdicte église.

1

En oultre le dessusdit conte de Saint-Pol, connestable, se partit de Paris la sepmaine peneuse et s'en ala audit lieu de Vernon pour assembler et entretenir, comme dit est dessus, les dessus diz gens d'armes, pour les mettre en frontière contre les Orléanois.

1. La semaine sainte.

DE L'AN MCCCCXII.

[Du 3 avril 1412 au 23 avril 1413.]

CHAPITRE LXXXVII.

Comment les ducs de Berry et d'Orléans et autres grans seigneurs de leur aliance envoièrent leurs ambaxadeurs devers le Roy Henry d'Angleterre, et ce que depuis leur advint.

Au commencement de cest an, les ducs de Berry, d'Orléans, de Bourbon, les contes de Vertus, d'Angoulesme, d'Alençon et d'Armaignac et le seigneur d'Albreth, soy disant connestable de France1, avecques eulx aucuns grans seigneurs de leur aliance, envoièrent leurs ambaxadeurs devers le roy d'Angleterre, garnis de leurs scellez et instruction, afin de, avec le dessusdit roy, besongner selon la charge qu'ilz avoient d'iceulx, et aussi avec les enfans et autres princes du royaume d'Angleterre. Mais, ainsi qu'ilz passoient parmy le pays du Maine pour aler en Bretaigne et delà oudit pays d'Angleterre, furent poursuys par le bailly de Caen en Normendie. Lequel, à l'aide d'aucunes communes qu'il assembla, les rua jus et en print une partie, avecques tous lesdiz seellez et instructions et

1. Vers la fin de l'année 1411, le comte de Saint-Pol avait été fait connétable par le parti Bourguignon vainqueur.

2. Le Religieux de Saint-Denis et Juvénal des Ursins donnent comme le chef de cette ambassade un Augustin nommé Jacques Legrand.

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