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en la ville de Valenciennes, où il demoura grant espace. Et environ six sepmaines après, comment ses biens estoient dedens la cité de Cambray, si en escripvi devers la loy d'icelle ville, et aussi en fist escripre par le conte de Haynau, auquel il estoit parent. Et tant y fut besongné que finablement iceulx biens, c'est assavoir ceulx qui furent trouvez dedens la cité de Cambray, lui furent rendus et restituez.

De laquelle cité de Cambray estoit alors évesque maistre Pierre d'Ailli, excellent docteur en théologie, qui adonc fut fait cardinal par le pape Jehan XXIII, et se nommoit le cardinal de Cambray1. Auquel éveschié succéda Jehan, filz du seigneur de Liquerque', maistre ès ars, qui pour ce temps estoit en court de Romme.

En oultre, en ces propres jours, Henry roy d'Angleterre fist cryer à son de trompe en la ville de Calais et autres lieux et frontières de Boulenois, que nul, de quelque estat qu'il feust, de son obéissance, n'alast ou royaume de France au mandement d'une partie ou d'autre des deux princes discordans, pour les servir en armes ne autrement, sur confiscacion de corps et de biens.

1. Il joua un grand rôle dans l'affaire du schisme.

2. « Licquerke.» (Suppl. fr. 93.)

CHAPITRE LXXXIX.

Comment le roy Loys de Cécile se parti de Paris. Du siège de Danfront et de la bataille de S. Remi-ou-Plain. Et du siège de Bellame, et autres besongnes et incidens.

Le mardi xx jour d'avril de cest an', se party de Paris, par l'ordonnance du Roy et de son grant conseil, le roy de Cécile 2 avecques toutes ses gens d'armes en moult bel arroy. Si le convoia jusques dehors, la ville et le prévost de Paris, avecques eulx plusieurs autres grans seigneurs. Si s'en alla à Angers et ou pays du Maine à lui appartenans, pour iceulx défendre à l'encontre des contes d'Alençon et de Richemont qui moult les traveilloient et faisoient forte guerre. Et lui, là venu, manda tous ses subjectz, tant chevaliers et escuiers comme autres, qui estoient accoutumez de eulx armer, et les mist en garnison en ses villes et forteresses desdiz pays sur les frontières, contre ses adversaires. Et adoncques messire Anthoine de Creton, le Borgne de la Heuse, chevalier, et aucuns autres capitaines furent envoiez de par le Roy ou pays d'Alençon pour le remetre en l'obéissance du Roy. Si prindrent la ville de Danfront. Mais le chastel, qui estoit moult bien furny de gens de guerre et autres garnisons, ne porent ilz avoir. Ains se tindrent contre leurs ennemis en faisant guerre en tout ce que possible

1. L'année 1412 avait commencé le 3 avril. Le 20 tombait un mercredi. Il faut donc lire, ou le mardi 19, ou le mercredi 20 avril. 2. Louis II, duc d'Anjou, roi de Sicile.

3. Il faut lire de Craon, comme dans le Suppl. fr. 93 et comme plus bas. La forme Creton est prise du latin Credone.

leur estoit. Et avecques ce envoièrent devers ledit conte d'Alençon leur seigneur, lui requerre bien instamment qu'il les voulsist secourir. Lequel conte fut fort troublé pour la prinse de sa ville. Si manda par ung sien hérault à ceulx de dedans, qu'il les iroit combatre en assez brief terme se là ilz le vouloient actendre. Après lequel mandement iceulx capitaines envoièrent tantost devers le roy de France, lui signifier ces nouvelles, en lui requérant qu'il leur envoiast aide. Lequel Roy manda tantost au connestable et au mareschal, qui estoient à Vernon, à tout grant compaignie de gens d'armes, que sans délay ilz alassent audit lieu de Danfront. Lequel mandement fut par eulx exécuté, et y alèrent. Et pareillement, y envoya le roy de Cécile très grant compaignie de gens d'armes. Mais au jour que ledit conte d'Alençon avoit assigné de les combatre, il n'y ala ne envoya. Et après que ledit connestable et autres capitaines eurent entretenue ladicte journée, voians que leurs adversaires point ne venoient, firent faire et édifier devant ledit chastel ung fort boulevert', dedans lequel et en la ville, ilz laissèrent grant garnison pour tenir frontière et résister contre icellui, et se partirent de là. Si s'en ala ledit connestable mectre le siége devant Saint-Remy ou Plain et envoia messire Anthoine de Craon, bien acompaigné, à Vernon, querre les bombardes, canons3 et autres engins de guerre, pour amener audit lieu de Saint-Remi. Et estoit lors en la compaignie d'icellui

1. Le ms. Suppl. fr. 93 écrit : bollevart.

2. Saint-Remy du Plain, au Maine.

3. En général, dans les textes de cette époque le mot bombarde s'applique aux pièces de gros calibre.

connestable, Jehan de Luxembourg son nepveu, messire Philippe de Harecourt et son frère le seigneur de Beausault, nommé messire Jaques, le vidame d'Amiens, le seigneur d'Offemont, le seigneur de Chauny, le Borgne de la Heuze, Raoul de Neelle, Rolequin filz dudit vidame d'Amiens, le seigneur de Louroy, le Galois de Renti, messire Boort Quieret, le seigneur de Herbausmes', le seigneur de Sains, et plusieurs autres notables chevaliers et escuiers jusques au nombre de douze cens bacinets, et grant nombre d'archers. Lesquelz tous ensemble se logèrent en ladicte ville de Saint-Remi et alèrent oudit chastel, qui estoit assez fort et bien garny de bonnes gens de guerre. Lesquelz furent de première venue sommez à eulx rendre en l'obéissance du Roy, de laquelle chose ilz furent refusans. Et pour ce, furent drécez à l'encontre dudit chastel aucuns engins, et de fait fut fort dommagié par iceulx. Durant lequel temps, le sire de Gaucourt et messire Jehan Dreues, messire Guanes de Garencières, Guillaume Batiller, le seigneur d'Argillières, Jehan de Faloise et autres capitaines tenans la partie du duc d'Orléans et du conte d'Alençon, se mirent ensemble avec grant nombre de combatans, en entencion de venir combatre ledit connestable et le prendre secrètement en son logis au point du jour avant qu'il feust adverti. Et pour celle entreprinse mener à fin, le x jour de may se mirent à chemin et chevauchèrent toute la nuit et en conclusion vindrent assez près de leurs adversaires, lesquelz aucunement de jour et de nuit estoient sur leur garde, et avoient leurs coureurs

1. Hermaumes. » (Suppl. fr. 93.)

et espies par le pays. Entre lesquelz y estoient à ceste heure Morelet de Mons, Galien, bastard d'Auxi, et aucuns autres, lesquelz furent prins desdiz Orléanois. Mais les autres eschapèrent et vindrent, quanque chevaulx les porent porter, jusques à leur ost, crians à l'arme! et qu'ilz avoient veu les Orléanois en grande ordonnance de bataille et durement approuchans leurs logis, et que desjà avoient prins Morelet de Mons et le bastard d'Auxi et aucuns autres. Lesquelz criz oyz par le connestable et autres capitaines, firent sans délay armer leurs gens et pour mieulx en sçavoir la vérité envoièrent le seigneur de Saint-Léger et le seigneur de Drucat, chevaliers très expers en guerre, pour adviser et aussi raporter la vérité de ceste besongne. Lesquelz ne chevauchèrent guères loing, quant ilz virent venir leursdiz adversaires ainsi et par la manière que paravant leur avoit esté raporté. Si s'en retournèrent tantost au logis et dirent au connestable ce qu'ilz avoient veu; lequel faisoit desploier son estandart et sonner ses trompètes. Si yssi hors de son logis avec une partie de ses gens et se mist en bataille pour recevoir ses ennemis, et fist arrester le surplus. Et là, lui estant armé sur ung cheval, alant d'un lieu à l'autre, mist ses gens en bonne ordonnance, et les exhorta bénignement à bien et hardiement combatre contre les adversaires du Roy et de la couronne de France. Et adonc, par le conseil des plus sages de sa compaignie furent mis au derrière de sa bataille les charios et charètes, les chevaulx et les varlets qui les gardoient. Et à chascun costé de celle bataille furent mis emprès les hommes d'armes, les archers et arbalestriers en manière de deux èles, tant et si loing qu'ilz se povoient

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