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quéroient tous en derrière l'un de l'autre moiens, les uns d'avoir le Roy de leur parti, et les autres le duc d'Acquitaine. Et par ainsi n'avoient point vraie amour ne vraie aliance l'un avecques l'autre, par quoy la guerre de jour en jour estoit en grant péril de recommencer plus diverse et plus cruelle que paravant n'avoit esté, comme plus à plain cy-après sera déclairié.

Et les lectres d'aliance et confederacion au roy Henry d'Angleterre ses enfans et autres princes d'une part, et les ducs de Berry, d'Orléans, de Bourbon, les contes d'Alençon et d'Armignac, le seigneur de Labreth et autres de leur aliance d'autre part, seront déclairiées cy après en la fin de cest an mil quatre cens et douze, selon les promesses qu'ilz firent l'un avecques l'autre.

CHAPITRE XCXIX.

Comment le Roy fist grande assemblée en la ville de Paris en entancion de réformer ses officiers. Et autres besongnes.

Or est ainsi que le roy de France, par l'ennort et solicitude du duc de Bourgongne, manda lors à venir à Paris la plus grant partie des princes de son royaume avecques les prélas, les maistres de l'Université, chapitres et ceulx des bonnes villes, afin d'avoir conseil et délibéracion sur plusieurs grans afaires qui estoient en son royaume et par espécial sur la réformacion de tous ses officiers généralment, duquel par très long temps la plus grant partie s'estoient mal gouvernez envers lui. Et pour ce quant les seigneurs dessusdiz

et autres furent venus audit lieu de Paris, et qu'ilz eurent eu plusieurs grans consaulx l'un avecques l'autre sur les matières pourquoy on les avoit mandez, conclurent ensemble que pour tous les autres l'Université respondroit et aussi remonstreroit au Roy et à son conseil qu'il leur en estoit advis de faire. Et ainsi en fut fait à ung certain jour qu'ilz eurent audience en la court de Saint-Pol, ainsi et par la manière qui s'ensuit '.

<«< A nostre très hault et très excellent prince nostre souverain seigneur et père. S'ensuivent les poins et les articles, lesquelz vostre très humble et très dévote fille l'Université de Paris, vos très humbles et obéissans subgetz le prévost des marchans, les eschevins et bourgois de vostre bonne ville ont fait, à vous bailler confort, aide et advis, comme vous le requérez pour le prouffit, honneur et bien de vous et pour la chose publique de vostre royaume.

Premièrement. Sur le premier point touchant l'entretenement de la paix entre aucuns seigneurs de vostre sang, laquelle chose de vostre majesté royale a esté exposée, dient les devant ditz que ceulx des bonnes villes et les autres qui à présent sont venus à vostre mandement ont ce bénignement juré et promis et tendu jusques à maintenant entretenir et ce Dieu plaist entretenront. Mais il nous semble que vous devez mander autres seigneurs de vostre sang et leurs principaulx serviteurs pour semblablement prometre l'en

1. Au sujet de cette longue et importante remontrance de l'Université, voyez dans nos Pièces justificatives un extrait du reg. du parlement, du 17 février 1412 (v. s.). Voy. aussi le Religieux de Saint-Denis (t. IV, p. 747 et suiv.).

tretenement de ladicte paix, pour plusieurs causes. Premièrement pour tant qu'ilz ne le promirent onques en vostre main. Secondement pour ce que il en y a aucuns qui ne l'entretiennent point.

Item. Et qu'il soit vray il est notoire, que les Anglois sont en vostre royaume et plusieurs autres gens, tant dudit royaume comme d'autres pays, et sont ensemble par manière de gens de compaignie, destruisans vostre pays et vos subgetz, dont plusieurs plaintes et clameurs sont venus et viennent de jour en jour en plusieurs parties de vostredit royaume. Auxquelles choses on met trop petit remède.

Item. Aussi le conte d'Armignac, qui est vostre subject, n'a eu cure de la paix et ne l'a pas entretenue, mais a tousjours maintenu la guerre en vostre

royaume.

Item. Et afin que ladicte paix soit mieulx entretenue, il semble que vous devez ordonner vos lectres royaulx esquelles soit la cédule de ladicte paix encorporée, adrécans à voz officiers et aux autres à qui bon vous semblera, pour estre promulguée et les transgresseurs punis comme il appartiendra.

Item. Et quant au second point où vous, nostre souverain seigneur, demandez advis, confort et aide, vostre très humble fille et loyaulx subgetz, de toute leur affection considérans vostre bien, utilité et honneur de vostre royaume et aussi la continuacion et conservacion de vostre seigneurie et dominacion, plusieurs foiz ont sur ce esté assemblez. Et voyans qu'il est très grant neccessité de vous exposer les défaulx qui sont en vostre royaume, commencent à parler de voz finances, dont vous devez soustenir et main

tenir vostre fait et vostre royaume. Et premièrement, sur le fait des finances de vostre demaine qui se doivent distribuer en quatre manières. Premièrement en payer les aumosnes, en la despence de vous, de la royne et du duc d'Acquitaine vostre ainsné filz, ou salaire de vos serviteurs, et ès réparacions des pons, moulins, fours, chaussées. Or appert clairement que lesdictes finances ne sont point employées ès choses dessusdictes. Laquelle chose est à la charge de voz trésoriers par lesquelz vos finances dessusdictes sont distribuées. Et voit-on souvent les povres religieux et religieuses, tant de abbayes comme d'ospitaux, despendre le leur en poursuites sans avoir expédicion, dont leurs églises chéant en ruyne, et délaisse le service divin à estre fait, ou préjudice des âmes de voz prédécesseurs et à la charge de vostre conscience. Et premièrement quant aux aumosnes vray est que de ce, peu ou néant en est paié.

Item. Et quant est à la despence de vous, de la royne et du duc d'Acquitaine, qui est gouvernée de par messire Pierre de Fontenay, elle est payée par les maistres des chambres aux deniers, appellez Raymond Raguier et Jehan Pied. Et il est trouvé que pour la despense de vous et du duc d'Acquitaine en liève, tant sur le domaine que sur les aides, quatre cens mille frans, et pour icelle n'estoit levée on temps passé que quatre vins treize mille frans. Et adonc voz prédécesseurs menoient ung bel estat, et les marchans et autres gens estoient paiez de leurs denrées. Mais maintenant, non obstant ladicte somme les marchans dessusdiz ne sont point paiez de leurs denrées, et souvent advient que voz hostelz, les hostelz de la royne et du

duc d'Acquitaine, chéent en ruyne. Et jeudi derrenier passé chey ung grant pan de mur de l'ostel de la royne. Dont il appert que ladicte somme n'est point toute emploiée en vostre despense, comme il fut monstré en temps et en lieu, mais elle est ou prouffit de voz gouverneurs ou de ceulx que bon leur semble. Et pareillement en l'ostel de la royne, pour la despense de laquelle on ne souloit lever que trente six mille frans, et maintenant on liève sur les aides cent quatre mille frans, non obstant ses domaines et ses aides. Et procède ceste despense du défault des officiers qui sont commis au gouvernement de ladicte despense. Desquelles despenses de la royne Raymonnel Raguier est principal gouverneur et trésorier, lequel ondit office s'est tellement gouverné, que de l'argent de la royne il a fait grans acquestz et édifices comme il appert, aux champs et à la ville. Item, et il fault scavoir où est celle finance. Car oultre et sur la somme, on prend certaine quantité de finance par forme et mandement extraordinaire.

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Item. Et pareillement il y a une grande faulte ès offices de l'Argentier et de la Chambre aux Deniers. Car par les officiers qui tiennent lesdiz offices plusieurs grans sommes d'argent sont levées et mises en autre usage qu'en vostre prouffit, et moult de vos debtes, et de voz officiers les salaires, sont retardez à estre paiez. Et est vérité qu'ilz appliquent à leur prouffit toutes les choses dessusdictes, comme il appert par les grans estas qu'ilz mainent, par les chevaulx qu'ilz ont, par les excès et sumptueux édifices qu'ilz font de jour en jour et qu'ilz ont fait par cydevant. Prouvé par Raymond Raguier, qui a édifié chasteaulx et grandes mai

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