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racions ne accords avec ledit duc de Bourgongne, ne ses enfans, frères, cousins ne aliez, sans le consentement des seigneurs dessusdiz.

Item. Est accordé que ledit roy d'Angleterre aidera lesdiz seigneurs comme ses vrais vassaulx en toutes leurs justes querelles, et en récompensacion des dommages et offenses à eulx injustement faictes duc de Bourgongne et ses aliez.

par ledit Item. Leur envoiera présentement ledit roy d'Angleterre huit mille combatans pour leur faire secours contre ledit duc de Bourgongne qui s'efforce de mener le roy de France à toute sa puissance contre iceulx. »

Lesquelles lectres de confédéracions et aliances entre lesdictes parties furent passées et seellées des seaulx desdictes parties le vin jour de may de cest an mil quatre cens et douze.

Toutesfoiz les seigneurs dessusdiz promirent de payer les gens d'armes que le roy d'Angleterre devoit livrer, et à ce se obligèrent souffisamment.

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DE L'AN MCCCCXIII.

[Du 23 avril 1413 au 8 avril 1414.]

CHAPITRE CII.

Comment les officiers du Roy estoient en grant doubte. La prinse de messire Pierre des Essars. Du duc de Bar, et de plusieurs autres besongnes.

Au commencement de cest an, les officiers du roy de France, c'estassavoir ceux qui avoient eu le gouvernement des finances de plus vingt ans par avant, estoient moult fort oppressez et hastez de rendre compte et se faisoient plusieurs informacions à l'encontre de eulx, tant publiquement comme secrètement. Dont la plus grant partie d'iceulx estoient en grand doubte et souspeçon, comme dit est ailleurs, comment ilz pourroient eschapper. Car desjà en y avoit plusieurs arrestez personnellement, et les aucuns s'estoient rendus fugitifz, desquelz tous les biens estoient mis en la main du Roy. Si quéroient divers moiens entre les princes qui gouvernoient le Roy. Entre lesquelz sire Pierre des Essars, qui s'en estoit fouy à Chersbourg, par aucuns moiens qu'il eut envers le duc d'Acquitaine, fut remandé à venir dedens ledit lieu de Paris. Si vint, et entra secrètement dedens la bastide Saint-Anthoine, et avec lui Anthoine des Essars, son frère. Mais toutefoiz ce fut aucunement sceu par aucuns bourgois de Paris qui point ne l'amoient. Si le firent savoir au duc de Bourgongne et

à ses gens, qui pareillement n'estoient point de lui contens'. Si fut assez tost faicte une grant assemblée des communes de Paris, avec lesquelles alèrent messire Elion de Jaqueville, leur capitaine, et avec eulz aucuns autres des gens du duc de Bourgongne, et tous ensemble alèrent devant ladicte Bastille, et tant firent qu'ilz eurent en leurs mains ledit messire Pierre des Essars et son frère Anthoine, et les menèrent prisonniers ou chastel du Louvre, et depuis furent menez au Palais. Et après ces besongnes acomplies, ladicte commune de rechef s'assembla, jusques au nombre de six mille ou environ, soubz l'estandart dudit Jaqueville. Avecques lesquelz se adjoingnirent messire Robert de Mailli, messire Charles de Lens et plusieurs autres hommes d'armes de l'hostel dudit duc de Bourgongne, et tous ensemble, environ dix heures du matin, se alèrent mectre devant l'hostel dudit duc d'Acquitaine. Et estoient les principaulz esmouveurs d'icelles communes, Jehanninot Caboche, escorcheur de vaches à boucherie Saint-Jaques, maistre Jehan de Troies, cirurgien à Paris, et Denisot de Chaumont. Lesquelz entrèrent dedens l'ostel et alèrent devant ledit duc d'Acquitaine, disans en ceste manière : « Nostre très

1. Juvénal des Ursins en donne une bonne raison. « La charge qu'on donnoit audit des Essarts, estoit qu'on devoit faire joustes au Bois de Vincennes, esquelles devoient estre le Roy et le duc de Guyenne Daulphin, et qu'il les devoit prendre et emmener, et les mettre hors des mains de monseigneur de Bourgogne (Ch. VI de Godefroi, p. 249).

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2. « Les Cabochiens de Paris voulurent avoir un capitaine, et prirent un chevalier de Beausse, nommé messire Hélion de Jacqueville, qui estoit bien habile de son corps » (ibid., p. 250). Cette émeute des Cabochiens commença le 28 avril 1413.

redoubté seigneur, veez-cy les Parisiens, non point tous, en armes, qui de par ceste ville de Paris, pour le bien de vostre père et de vous, requièrent que on leur livre aucuns traistres qui sont en vostre hostel de présent. » A quoy ledit duc respondi par grant fureur, que ce n'appartenoit point à eulx, et aussi qu'il n'y avoit nulz traistres en son hostel. Auquel ilz dirent que se il les vouloit bailler il les baillast, ou se ce non, en la présence de lui ilz les prendroient et puniroient selon leurs démérites. Et cependant, le duc de Bourgongne et le duc de Lorraine' survenans, y alèrent aucuns des Parisiens qui entrèrent dedens ledit hostel et de fait prindrent maistre Jehan de Vailli, nouvel chancelier dudit duc d'Acquitaine, Edouard, duc de Bar, cousin germain du Roy, messire Jaques de La Rivière, les deux filz de monseigneur de Bossay, Michel de Vitry et son frère, les deux filz de messire Regnault', les deux frères du Mesnil, les deux frères de Giresmes et Pierre de Nesson. Et adonc ledit duc d'Acquitaine, voiant en sa présence estre fait un tel oultrage, gecta les yeulx dessus le duc de Bourgongne, et par grant courroux lui dist: « Beau père, ceste esmeute m'est faicte par vostre conseil, et ne vous en povez excuser, car les gens de vostre hostel sont les principaulx. Si sachez seurement que une foiz vous en repentirez, et ne yra pas la besongne tousjours ainsi à vostre plaisir. » A quoy ledit duc de Bourgongne respondi en soy excusant aucunement : « Monseigneur, vous vous informerez quant vous serez refroidie de

1. Charles II.

2. Il y a ici un blanc dans le texte. Il faut lire Regnault d'Angennes, comme on le verra dans nos Pièces justificatives.

vostre ire. » Et adonq, nonobstant les paroles dessusdictes, furent emmenez tous ceulx qui avoient esté prins, et mis en diverses prisons. Et après alèrent requérir maistre Raoul Bardoul, secrétaire du Roy, lequel, ainsi qu'ilz le menoient, fu féru par l'un d'eulx qui le héoit, d'une hache en la teste, et un autre le bouta en la rivière de Seine, et fut ilec mort. Et aussi occirent ung tapissier, riche homme et bien emparlé, nommé Martin Dane. Et si occirent ung canonnier qui avoit esté Orléanois, très excellent ouvrier de ce faire, lequel ilz laissèrent deux jours tout nu devant Saincte Katherine. Et en après contraignirent le duc d'Acquitaine à demourer en l'ostel de Saint-Pol avec le Roy son père, et gardèrent curieusement les portes afin qu'il ne s'en alast hors de la ville de Paris, et disoient aucuns d'eulx qu'on le faisoit pour sa correction. Car il estoit de jeune aage et ne povoit souffrir estre redargué de quelque personne. Les autres assignoient plusieurs autres causes, entre lesquelles l'une estoit pour ce que le premier jour de may il vouloit aller jouster au bois de Vincennes, et qu'il avoit mandé à messire Pierre des Essars qu'il amenast six cens bacinetz et les paiast pour ung mois, lequel mandement estoit jà exécuté. Et aussi que le duc d'Orléans et autres de sa partie faisoient grant assemblée de gens d'armes pour estre avec ledit duc d'Acquitaine au jour dessusdit. Dor le duc de Bourgongne et iceulx Parisiens n'estoient point bien contens. Et pour vray c'estoit lors piteuse chose de veoir le règne desdictes communes et comment ilz se conduisoient dedens Paris, tant envers le Roy comme envers les autres seigneurs.

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