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aussi pour agréable et approuvée et tout ce que par nous en a esté fait, laquelle chose pourroit estre rompue, qui seroit destruccion de Nous et de nostredit royaume et aussi de tous les bons et vrais subgetz de nous. Pour ce, nous vous commandons et expressément enjoingnons, que contre toutes les choses devantdictes, lesquelles nous vous signifions estre vraies et telles que cy-dessus sont spécifiées et déclairées, vous ne créez ne adjoustez foy à quelzconques mauvaises et faulses relacions qui seroient faictes au contraire par lesdiz empescheurs de la paix, et que vous ne recueillez, ne souffrez estre ne demourer en nostre ville d'Amiens, ne ou pays d'environ, lesdiz empescheurs de la paix, ne leur donner faveur par quelconque manière, mais les faictes prendre et emprisonner et les nous envoiez, pour d'eulx faire justice et raison, et les punir et faire punir tellement que au cas appartiendra. Et aussi vous, bailli, faictes les choses dessusdictes publier, tenir et acomplir pareillement par toutes les bonnes villes et autres lieux de vostre bailliage, et avecques ce requérez de par nous à toutes les églises de vostre bailliage, tant collégiales comme autres ausquelles il appartendra, qu'elles facent et facent faire processions et dévotes oroisons pour ladicte paix, afin que Nostre Seigneur par sa grace vueille ladicte paix entretenir perpétuellement. Et gardez bien que chascun de vous, tant qu'en lui est, ne commecte en ce faulte. Car ainsi nous plaist et voulons estre faict. Donné à Paris le x1° jour d'aoust, l'an de grace mil quatre cens et treize, et de nostre règne le xxxiii. »

Item. Fut fait ung autre édict de par le Roy contre

les gens d'armes et autres gens de guerre,

à préserver

et garder le peuple contre eulx et tenir en paix, lequel fut envoié par tous les bailliages et séneschaulcies du royaume. Duquel je me tais à présent à cause de briefté.1

CHAPITRE CVII.

Comment le duc d'Acquitaine fist délivrer les prisonniers. Du département du duc de Bourgongne, et de la venue de plusieurs princes dedens Paris, et ce qu'ilz firent depuis.

Item. Le quatriesme jour du mois de septembre, le duc d'Acquitaine, par le commandement du roy son père, fist délivrer tous les prisonniers du Palais. Et tantost après, tous les biens de maistre Jehan de Troyes, adonc garde du Palais, lequel estoit alé dehors pour aucunes besongnes, furent par le commandement du duc d'Acquitaine tous vuidiez dudit Palais par ceulx de Paris, lesquelz avoient acoustumé de le acompaignier, et l'office de concierge qu'il tenoit lui fut aussi osté, ou quel fut mis et restitué cellui qui paravant l'exerçoit. Et pareillement en autres lieux parmy Paris furent restituez plusieurs officiers en leurs offices, comme Anthoine des Essars. Et les deux ducs, c'estassavoir de Bar et de Bavière, furent ordonnez capitaines de la Bastille Saint-Anthoine', comme para

1. Ces lettres sont datées de Paris, 5 août 1413. Elles se trouvent dans le Suppl. fr. 93, et sont imprimées au t. X, p. 159 du Recueil des Ordonnances.

2. «< Ils firent les deux ducs devant dis, de Bavière et de Bar, cappitaines, l'ung de S. Antoine et l'autre du Louvre. » (Journal d'un Bourgeois de Paris, p. 18.) Le ms. Suppl. fr. 93 dit la même

vant ilz avoient esté. Et après ce que lesdiz prisonniers furent délivrez des prisons par le duc d'Aquitaine, furent sonnées toutes les cloches de Paris tout à une heure, et si furent deux jours et deux nuis fait grant joye et grant léesse par toute la ville pour amour de la paix, tellement que c'estoit grant plaisir à veoir.

En oultre, furent prins, de l'ostel du duc de Bourgongne, le seigneur de La Viefville et messire Charles de Lens, frère au chastellain de Lens. Mais messire Robinet de Mailli, pour doubte qu'il ne feust prins, s'enfuy. Le seigneur de La Viefville, à la requeste du duc de Bourgongne et de sa fille la duchesse d'Acquitaine, fut délivré de la prison, et ledit messire Charles fut mis en Chastellet, et l'autre qui s'en estoit fouy, fut banny du royaume1. Le seigneur de Jaqueville, lui absent, fu desmis de la capitainerie de Paris, lequel avec plusieurs autres bouchers de Paris ses principaulx facteurs, qui estoient avecques lui ou Monstereau où Fault Yonne, les nouvelles dessusdictes par eulx oyes, s'en alèrent en Bourgongne. Et Jehan Caboche, maistre Jehan de Troies et ses enfans, et moult d'autres de Paris, s'enfouirent en Flandres. Maistre Eustace de Laistre, nouvel chancellier de France, s'en fouy de Paris comme les autres, et en son lieu fut remis maistre Regnault de Corbie', autrefoiz chancelier, lequel à

chose. « Les deux ducz, c'est assavoir de Bar et de Bavière, furent ordonnez cappitaines, celuy de Bar, du Louvre, et celui de Bavière, de la Bastille, comme paravant avoient esté. » (Fol. 181, col. 1.)

D

1. Cf. le Religieux de Saint-Denis (t. V, p. 145), qui nomme encore d'autres proscrits, et entre autres Charles de Savoisy. 2. Lis. Arnaud de Corbie.

l'instance de lui-mesme et à son pourchas, pour tant qu'il estoit ancien, fu déporté dudit office de chancelier, ou lieu duquel fut mis le premier président de parlement' et l'advocat du Roy fut fait chancelier du duc d'Acquitaine. Et de Paris aussi s'enfouirent tous les chevaliers comme les commissaires qui avoient esté ordonnez à congnoistre des causes des prisonniers, tant criminelles comme autres.

Et adonc le duc de Bourgongne voiant ce que faisoit le duc d'Acquitaine son gendre, doubtant qu'il ne feust pas bien content de lui et qu'il n'eust souvenance des oultrages qui lui avoient esté faiz et à ses gens, tant en son hostel comme ailleurs, si comme dit est en autre lieu, fut en grant souspeçon qu'il ne feust arresté en personne. Car avec ce il veoit chascun jour que les plus féables de ses gens se partoient couvertement sans prendre congié à lui, et que aucuns d'iceulx estoient jà prisonniers; et si estoit adverti qu'on avoit fait aucuns aguetz de nuit entour son hostel d'Artois, et chascun jour venoient devers le duc d'Acquitaine en grant nombre ceulx qui paravant avoient esté ses adversaires, et pour ce, afin de obvier et résister aux périlz qui s'en povoient ensuir, trouva manière que le Roy ala chasser en la forêt de Villeneufve Saint-George, si ala avecques lui, et quant il vit son point, il print congié du Roy en disant qu'il avoit oy nouvelles de son pays de Flandres où il faloit qu'il retournast pour aucuns grans afaires qu'il avoit.

1. Henri de Marle.

2. Et maistre Jehan Jovenel, quy estoit en parlement advocat du Roy, fu faiz chancellier de monseigneur d'Acquitaine. » (Suppl. fr. 93, fol. 181, col. 2.)

Et de fait se parti' et s'en ala passer en grant doubte parmy le bois de Bondis, et sans arrester chevaucha jusques au Pont-Saincte-Maxence, à petite compaignie, et là jut celle nuit. Et lendemain, très matin, le vint quérir le seigneur de Ronq, à tout deux cens combatans, et de là chevaucha en assez briefz jours jusques à Lisle en Flandres'. Et lors que son partement fut sceu, commencèrent les Parisiens, et autres de la partie d'Orléans, fort à murmurer contre lui,

1. Le 23 août. Voy. le Religieux de Saint-Denis (t. V, p. 149). 2. Voici comment la chronique manuscrite déjà citée raconte le brusque départ du duc de Bourgogne : « Quant le duc de Bourgoigne apperchut la manière de ceulx de Paris, lesquelz aloient partout quérir et prendre ses gens, il se doubta moult. Car il se trouva tout seul parce que ses gens s'esconssoient et fuyoient que mieulx que mieulx, et se partirent les pluiseurs de Paris en moult petit estat descouvenement et hastivement. Et ce nonobstant s'en ala ledit de Bourgoigne devers le Roy et lui requist que le seigneur de La Viesville et plusieurs autres de ses gens, prisonniers comme dit est, luy fussent renduz, actendu que ilz ne avoient mesfait ne mesdit à personne. Laquelle requeste le Roy lui accorda volentiers, et commanda très expressement que toutes sesdictes gens lui fussent rendus et délivrés. Et ainsi fu fait. Et après che, mena, ledit de Bourgoigne, çachier le Roy en la forest de Bondis. En laquelle forest il prinst de luy congié moult humblement et de cuer courouchié. Car il veoit bien que il n'estoit point bon de luy retourner à Paris. Et le Roy fu moult dolent de se départie, et luy demanda où il voloit aller. Et le duc lui respondi que il estoit mandé de ses gens pour retourner hastivement en son pais pour aucuns grans afaires qui y estoient sourvenus, et que au plaisir de Dieu, il retourneroit briefment pardevers luy. Et à tant, se party le duc de Bourgoigne du Roy, à bien petit estat. Mais il estoit bien montez. Se chevauça fort et hastivement tant que il vint en son pais d'Artoix. Et sur le chemin, trova beaucop de ses gens, qui s'en estoient fuys de la ville de Paris comme dit est. » (Cord. 16, fol. 346 verso.)

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