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n'avoient quelque audience. Si faloit que ceulx qui estoient demourez dedens la ville de Paris baissassent les testes et oyssent plusieurs paroles qui pas ne leur estoient plaisans'.

Item, le dimanche devant la feste de la Toussains', le duc de Bourgongne tint grant feste à Lisle et le lundi ensuivant, et eut grant nombre de chevaliers et d'escuiers avec lui. Premièrement, y estoit le conte de Charrolois son filz, le duc de Brabant et le conte de Nevers, ses frères, et plusieurs autres grans seigneurs. Après laquelle feste et eulx départis, peu de temps après ladicte feste de Toussains vindrent à Lisle les ambaxadeurs du Roy, c'estassavoir le seigneur de Dompierre, l'admiral de France, l'évesque d'Evreux et aucuns autres de par le Roy, et lui commandèrent par vertu de lectres royaulx que sur peine de confiscacion de corps et de biens ne feist aucun pact ou convenance au roy d'Angleterre sur le mariage, ne autrement en quelconque manière, et qu'il rendeist au Roy tous ses chasteaulx, lesquelz il tenoit ou faisoit tenir par ses gens, c'estassavoir Cherebourg, Caen et le Crotoy, et qu'il tenist la paix telle qu'il avoit autre fois sur sa foy promise et loyaument jurée

1. En ce tamps, se moustrèrent ceulx de Paris à plainement tenir le party d'Orléans, et mandèrent icelui duc à venir à Paris, et il y vint, et commencha à gouverner à sa guise. Dont ceulx de Paris se repentirent depuis. Car les ducqs de Berry et d'Orléans se mirent si fors dedens Paris que en grant tamps après ilz n'en furent les maistres, et furent d'iceulx tenus en grant subgection. Et ce nonobstant, ceulx du quartier des halles demourèrent tousjours bourguignon (sic) couvertement. Mais ilz n'en osèrent faire samblant. » (Cord. 16, fol. 347.)

2. Le 29 octobre 1413.

au duc d'Orléans et à ses frères, adhérens, aliez et bien vueillans. Mais quant le duc de Bourgongne eut oy ledit mandement royal, tantost sans y iceulx ambaxadeurs faire aucune response, demanda ses houseaulx, si se fist houser, puis monta à cheval et s'en ala à Audenarde. Et ainsi lesdiz ambaxadeurs retournèrent par Rolaincourt, ung chastel qui est audit admiral, la vigile de saint Martin', et de là s'en vindrent à Paris.

Item', en ce temps ou environ, le Roy doubtant que la paix naguères faicte à Pontoise ne feust enfrainte d'aucuns qui semoient paroles venans à sédicion pour venir contre icelle, et mesmement doubtant que les princes et seigneurs de son sang, et espécialement le duc de Bourgongne et ceulx de son party.ne se resmeussent et recommençassent la guerre, le Roy donques doubtant trop grandement l'infraction de la paix, icelle voulant et désirant du tout garder et maintenir, fist plusieurs édictz et mandemens défendant sur quanque on peut meffaire, à tous ceulx de son sang et lignage et à tous autres, qu'ilz ne feissent aucun mandement de gens d'armes, et de ce et autres choses à la seureté et entretenement de la paix, fist ung édict entre les autres plus fort qu'il n'avoit onques fait. Et mesmes en fist aussi ung sur le fait de ses monnoies. De tous lesquelz édictz et mandemens je me tais pour le présent à cause de briefté, car certainement ilz ne me semblent que ralongues3.

1. Le 10 novembre.

2. Ici commence le chapitre cxi du Suppl. fr. 93 et des imprimés.

3. Voir aux additions.

CHAPITRE CXII'.

Comment le roy Loys de Cécile renvoya la fille du duc de Bourgongne. Et la matière sur laquelle s'assembla l'Université de Paris.

de

Item, le xx jour du mois de novembre, le roy Cécile fist ramener en la cité de Beauvais Katherine, fille au duc Jehan de Bourgongne, laquelle devoit estre espousée à Loys, filz ainsné dudit roy de Cécile, ainsi comme paravant du consentement des deux parties avoit esté traicté, et sur ce luy avoit par ledit duc esté menée en très honnorable estat. Mais, comme dit est, le roy de Cécile lui renvoya acompaignée du seigneur de Longni, mareschal de France, et aucuns autres, jusques au nombre de six vings chevaucheurs, chevaliers et escuiers, dames et damoiselles, et autres officiers dudit roy Loys. Laquelle fut rendue, ou lieu de son père, aux seigneurs de Dours, de Brimeu et de Humbercourt et Witars de Bours, chevaliers, et autres escuiers, dames et damoiselles dudit duc de Bourgongne, pour ceste cause par lui là envoiez. Et d'iceulx fut reçeue et ramenée en grant tristesse jusques à Amiens, et de là à Lisle, devers le duc son père, lequel de ce fut grandement troublé, et pour ceste cause conçeut grant hayne à l'encontre du roy de Cécile, laquelle dura toute leur vie. Et depuis, icelle Katherine de Bourgongne, sans avoir esté mariée, mourut en la ville de Gand; laquelle, selon sa jeunesse, estoit très gracieuse fille.

1. Ce chapitre est coté cxIII dans le Suppl. fr. 93 et les imprimés, qui n'ont pas de chapitre coté cxii.

Ouquel moys ledit duc de Bourgongne envoia à Paris devers le Roy unes lectres missives' contenans ses très révérentes salutacions, les complaintes de lui et ses excusacions et les accusacions qu'il faisoit contre ses adversaires. Lesquelles lectres furent présentées au Roy par le roy-d'armes de Flandres. Lequel les reçeut assez agréablement, non obstant que ceulx qui gouvernoient alors n'en furent pas bien contens, et ne souffrirent point que le Roy feist response par escript, ne autrement. Mais fut dit à icellui roy-d'armes par le chancelier de France, que le Roy avoit bien veu et oy ce que son maistre le duc de Bourgongne avoit envoyé, et avoit advis sur ce de lui faire response en temps et en lieu. Et après ceste response le dessusdit roy-d'armes s'en retourna de Paris en Flandres, devers son maistre. Et non obstant les lectres que avoit envoiées le dessusdit duc de Bourgongne pour ses excusacions, ne demoura pas que ceulx qui gouvernoient le Roy comme dit est, ne procédassent contre lui en toute rigueur.

Et dedens briefz jours ensuivans, fu faicte à Paris une grant assemblée de maistres en théologie par l'évesque de Paris et l'inquisiteur de la foy, afin qu'ilz déterminassent sur aucunes proposicions faictes contre feu Loys duc d'Orléans par maistre Jehan Petit, dont jà pieçà est faicte mencion, à savoir se lesdictes proposicions sont hérétiques et erronées. Pour laquelle assemblée aucuns furent moult troublez, doubtans que pour ceste cause ledit duc de Bourgongne ne les eust

1. Voy. aux additions.

2. Le 16 janvier 1414 (N. S.).

en son indignacion, et que ou temps avenir aucune chose n'en sourdist.

CHAPITRE CXIII 1.

Comment l'évesque de Paris et l'inquisiteur de la foy baillèrent à aucuns maistres en théologie aucunes cédules sur la matière dessusdicte, et la copie d'icelles 2.

« Maistre Révérend, on vous fait assavoir que nous vous envoions la cédule contenant aucunes assercions avecques leurs réprobacions. Pour quoy nous vous requérons sur peine de droit que vous donnez vostre délibéracion publiquement par escript ou par paroles, se icelles assercions, desquelles est venu notoirement esclande, si comme dit le conseil du Roy, sont erronées et à condempner, afin que nous puissions conséquemment procéder si comme ordre de droit le requiert, et ce dedens mercredi xx° jour de ce mois de décembre.

« La première assercion est : chascun tirant doit et peut estre loablement et par mérite occis de quelque son vassal ou subject et par quelque manière, mesmement par aguetz et par flateries ou adulacions, non obstant quelconque serement ou confédéracion faicte envers lui, sans actendre la sentence ou mandement de juge quelconques. C'estassavoir l'assercion ainsi mise généralment pour maxime est erreur en nostre foy et en doctrine de bonnes meurs, et est contre le

1. Ce chapitre est la continuation du chapitre cxII dans le Suppl. fr. 93 et les imprimés, qui n'ont pas de chapitre cx. 2. Cf. le Religieux de Saint-Denis (t. V, p. 271 et suiv.).

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