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que vous sçavez, tous, présens audit lieu d'Auxerre, le jurèrent et promirent solempnellement tant pour eulx en leurs [noms], comme pour ceulx de la partie dont ils estoient venus audit lieu d'Auxerre. Et puis après, monseigneur le Roy envoia sur ce ses lectres patentes à plusieurs nobles et bonnes villes de son royaume, pour icelle paix garder et entretenir. Et derechef naguères et derrenièrement le jurasmes en propres personnes du commandement de monseigneur le Roy, et aussi les autres seigneurs de son sang et lignage. Et jurèrent selon la forme d'une cédule faicte à Auxerre, par laquelle entre les autres choses il ordonna estre et demourer entre lesdiz seigneurs bonne amour et union, et qu'ils feussent bons parens et amis les ungs aux autres. Et jà soit ce que ladicte paix, laquelle nous avons toujours désirée, feust par nous bien et entièrement gardée, sans faire ne souffrir estre fait de nostre costé quelque chose au contraire, néantmoins nous est bien fait tout le contraire, par injures détestables que plusieurs se sont efforcez de faire à ma très redoubtée dame, ma fille la duchesse d'Acquitaine, comme il est assez notoire en ce royaume sans plus oultre déclairer la chose, et aussi les despis injures et excès qni nous ont esté faiz, en prenant de noz gens et en déchassant tous ceulx qu'on sçavoit ou povoit ymaginer estre favorables à nostredit seigneur et à nous. De nous aussi avoir diffamé en prédicacions et collacions publiques en plusieurs lieux et en plusieurs manières. Laquelle chose nous a esté dure à porter. Néantmoins nous l'avons portée paciemment, et encores pour l'observance de ladicte paix, qui est le souverain bien de ce royaume, et entre les plus grands

maulx, inconvéniens et dommages qui autrement s'en pourroient ensuir, le eussions voulu porter, jusques à tant que mon trèsredoubté seigneur et fils, le duc d'Acquitaine, nous a fait sçavoir que après plusieurs excès et despis à lui fais en son grant desplaisir, il estoit tenu au Louvre comme prisonnier, à pont levé, oudit chastel du Louvre. Qui est chose abhominable et qui bien doit desplaire, non pas tant seulement à nous, mais aussi à tous autres subjects et bien vueillans de nostredit seigneur le Roy. Sur quoy mon trèsredoubté seigneur et fils, plusieurs foiz par ses lectres et messagers nous a requis nostre aide et secours pour le délivrer du danger où il est. Et pour ce que nous, qui en gardant nostre loyauté envers mondit seigneur le Roy et mon trèsredoubté seigneur et fils, le duc d'Acquitaine, son premier fils, auxquels par lignage et confédéracion de mariage, foy et hommage, et en tant d'autres manières sommes obligez à eulx que ne leur pourrions nullement faillir à ceste nécessité, nous sommes délibérez d'aler incontinent devers Paris, à tout de gens d'armes que nous pourrons finer. Lesquelz pour la seureté de nostre personne1 afin que au plaisir de Dieu nous puissions aler veoir en bonne prospérité mondit seigneur le Roy, ma dame la Royne, mon trèsredoubté seigneur monseigneur d'Acquitaine et ma trèsredoubtée fille sa compaigne, et pour eulx, à mon povoir, oster hors de danger ouquel ilz sont, et eulx mectre en leur liberté et voulenté comme il est de raison, sans ce que nous

1. Sic dans le Suppl. fr. 93. Il y a évidemment ici une omission. On peut lire: Lesquelz nous rassemblons pour la seureté de nostre personne, etc.

aions entencion d'enfraindre ladicte paix. Si vous signifions, trèschers et bons amis, afin que vous nous sachiez et congnoissiez estre très bien vueillans et vray obédient à monseigneur le Roy, sachiez vraiement que nostre entencion et voulenté est telle comme dit est et non autre. Et vous prions tant acertes et de cuer que plus povons, que en ce fait cy, qui tant est favorable pour mesdiz seigneurs et pour paix, tranquillité et utilité de ce royaume, vous nous vueilliez assister et venir en nostre aide le plus brief que vous pourrez, pour consummer et acomplir ce fait cy, à l'onneur de moy et de monseigneur le Roy et de mondit seigneur d'Acquitaine, et du bien commun de ce royaume, et vous tellement porter qu'on s'apperçoive de vostre bonne voulenté envers monseigneur le Roy et mondit seigneur d'Acquitaine, si comme nous, qui ne désirons que paix. Car nous avons parfaicte fiance en vous. Trèschers et bons amis, nostre seigneur vous ait en sa saincte garde. Escript en nostre ville de Lisle, le xxi jour de janvier, l'an mil quatre cens et treize. Bien en haste sur mon département. » Et estoit la suscription telle : « A mes trèschers et bien amez les bourgois, manans et habitans de la ville d'Amiens. >>

Lesquelles lectres ainsi envoiées par le duc de Bourgongne, et aussi l'assemblée des gens d'armes qu'il faisoit, fut tantost sceue en la ville de Paris. Et pour tant, afin d'obvier à l'entreprinse dudit duc, fut tant traictié devers ledit duc d'Acquitaine par le conseil du Roy, qu'il escripvi lectres aux bonnes villes pour rompre le voyage du duc de Bourgongne. Dont la teneur s'ensuit :

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Loys, premier filz du roy de France, duc d'Acquitaine et Dauphin de Vienne. Au bailli d'Amiens ou à son lieutenant, salut et dileccion. Savoir faisons que pour ce qu'il est venu de nouvel à nostre cognoissance que nostre trèscher et amé père le duc de Bourgongne, a naguères fait, et fait encores de jour en jour grant mandement et grande assemblée de gens d'armes, en entencion si comme on dit de venir devers nous, laquelle chose pourroit estre préjudiciable à monseigneur le Roy mon père, à son royaume, à sa seigneurie et à ses subgetz, et par espécial à l'entretenement de la paix dessusdicte, par mondit seigneur derrenièrement faicte à Auxerre entre aucuns grans seigneurs de son sang et lignage et du nostre, nous plainement escripvons à nostredit père par lectres, desquelles la teneur s'ensuit :

Loys, premier filz du roy de France, duc d'Acquitaine et Daulphin de Vienne. A nostre trèscher et amé père, le duc de Bourgongne, salut et dileccion. Vous sçavez les mandemens et défenses que par plusieurs foiz, tant par lectres patentes comme par ambassadeurs notables, Monseigneur, pour le cler et évident prouffit de son royaume, a fait et fait faire défense de faire assemblées ou mandemens de gens d'armes, et aussi vous sçavez les seremens que sur ce vous feistes tant à Auxerre comme à Paris, et néantmoins il est venu à nostre cognoissance et à la cognoissance de Monseigneur, que encontre lesdictes inhibicions et défenses faictes par mondit seigneur après ladicte paix faicte à Auxerre, laquelle vous avez promis et juré à tenir, vous avez fait et faictes encores de jour en jour grans mandemens et assemblées de gens d'armes en

entencion, si comme on die, de venir à nous, a tout grant puissance, et que pour avoir couleur de faire ledit mandement vous feistes et faictes publier que nous, par noz lectres vous avons mandé de venir à nous, à tout grant puissance, laquelle chose nous n'avons point fait ne pensé, et pour ce que nous sçavons vraiment que vostre venue devers nous seroit de présent nuisible et préjudiciable et contraire à l'entretenement de ladicte paix et bien de sondit royaume et seigneurie et de ses subgetz, et que pour ces causes mondit Seigneur de rechef vous envoie ung huissier de parlement sur ce faire défense, nous vous requérons et néantmoins vous commandons et défendons, de par mondit Seigneur, sur la foy, loyaulté et obédience que vous lui devez, et aussi pour l'amour que vous avez à lui et à nous, et vous dictes tousjours avoir eue au bon estat de ce royaume, et sur quanque vous povez encourir de malivolence envers nous, que non obstant lesdiz mandemens et commandemens que par noz lectres vous dictes avoir obtenu de nous ou d'autres quelzconques que vous de ce povez avoir, ou soubz quelque cause ou occasion ou quelque couleur que ce soit ou ait esté, vous, pour le présent laissez de venir à nous, et que les mandemens et assemblées de gens d'armes que jà vous avez faictes et assemblées, contremandez iceulx, et ceulx qui encores ne sont venus à vous où là vous les avez mandez de venir. Et se il estoit aucune chose dont vous eussiez cause de vous douloir, ou que aucunement ce feust à l'infraction de ladicte paix ou autrement, faictes le sçavoir à mondit Seigneur ou à Nous, et nous sçavons de vérité que mondit Seigneur y pourverra par telle

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