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résister chascun se meist sus pour servir le Roy. Duquel je me tais à cause de briefté1. Et adoncq tous ceulx qui tenoient ou avoient tenu le parti du duc de Bourgongne, tant en Paris comme en la marche d'environ, furent et estoient fort oppressez et travaillez. Et en y eut plusieurs prins et décapitez, et les autres emprisonnez et leurs biens appréhendez et saisis comme confisquez. Et de rechef par la délibéracion du grant conseil royal, par toutes les parties du royaume de France fut envoyé ung autre édict et mandement, par lequel ledit duc de Bourgongne fut privé de toutes les graces par le Roy à lui autre foiz faictes, et avecques ce, lui et tous ses favorables bannis et habandonnez. Duquel mandement la copie s'ensuit.

<< Charles par la grace de Dieu roy de France. A tous ceulx qui ces présentes lectres verront, salut. Comme après le très cruel et dampnable homicide naguères commis et perpétré du commandement et ordonnance de Jehan, nostre cousin de Bourgongne, en la personne de bonne mémoire nostre trèscher et trèsamé seul frère, Loys duc d'Orléans, à qui Dieu face mercy, et depuis ledit homicide ledit de Bourgongne feust venu en nostre bonne ville de Paris, à tout grant quantité de gens d'armes et de traict, contre nostre voulenté et oultre nostre défense à lui sur ce faicte, et qu'il se feust efforcié de soy cuidier justifier dudit terrible et détestable homicide par le moien d'aucunes choses notoirement faulses et non véritables, et par plusieurs erreurs et autres choses frauduleuses

1. Voy. aux additions.

et périlleuses pour nostre seigneurie et pour toute la chose publique, Nous, considérans les trèsgrans maulx, inconvéniens et dommages irréparables, lesquelz par l'occasion dudit homicide estoient en adventure de advenir à nous et à nostre peuple et à tous noz subgectz, voulant obvier de tout nostre povoir aux périlz et inconvéniens et garder nostredit peuple desdiz dommages, eussions mandez et fait venir en nostre ville de Chartres nostre trèscher filz et nostre nepveu, le duc d'Orléans qui est à présent, et nostre trèscher et trèsamé nepveu le comte de Vertus son frère, enfans de nostredit frère, adonc mendres d'ans. Et adonc eussions fait certains traictiez et appaisemens entre noz devantditz nepveux d'une part, et ledit duc de Bourgongne d'autre part. Et jà soit ce que ledit traictié fut moult dur et estrange à nostredit nepveu, néantmoins pour à nous obéir et pour pitié qu'ilz avoient des dommages qui par la guerre povoient advenir au peuple, ilz l'ont ainsi soufert pareillement. Mais jà soit ce que en icellui traictié, entre les autres choses, ledit de Bourgongne eust juré et promis en mes mains que delà en avant il seroit bon, vray et léal amy à nos nepveux et de ceulx qui les avoient soustenus et aidez, toutesfois, ce non obstant, assez tost après il fist tout le contraire de son serement et promesse devant diz, pour soy venger d'aucuns de noz serviteurs, lesquelz il soupeçonnoit nous avoir conseillé de faire justice et raison de la mort de nostredit frère, et aussi pour pourveoir à la chose à quoy il tendoit tousjours et pour laquelle il avoit fait faire ledit détestable et dampnable homicide, c'estassavoir afin qu'il eust seul et pour le tout le gouvernement de ce royaume et de

nostre personne, fist prendre plusieurs de noz bons et loyaulx serviteurs, dont les plusieurs fist mourir, et les autres par voies estranges et desraisonnables à grandes et excessives sommes de deniers rançonna. Et pour ce, noz nepveux d'Orléans devant ditz, voiant comment ledit de Bourgongne ledit traictié de Chartres par plusieurs manières avoit rompu et riens ne tenoit quoy qu'il eust juré et promis, nous requirent et supplièrent humblement et par plusieurs foiz que nous leur voulsissions faire et administrer justice de leur père, si comme nous y estions tenus. Et qui pis est, pour ce que iceulx noz nepveux veoient qu'ils ne povoient avoir justice pour l'empeschement que y mectoit ledit duc de Bourgongne, voldrent aucunement procéder contre lui par voye de fait pour venger la mort de leurdit père, si comme naturellement ils estoient tenus, ledit de Bourgongue leur imposa et fist publier faulsement et contre toute vérité, comme nous sommes pleinement informez et acertenez, que eulx et autres de nostre lignée estans en leur compaignie nous vouloient destituer de nostre estat et de nostre dignité royal, et faire nouvel roy en France. Et soubz umbre desdictes mençonges et adevinemens, contre toute vérité, esmeut nostre peuple contre iceulx, et par ce voulant couvrir sa mauvaise et dampnable querelle, et nous fist prendre nouvelle querelle fondée sur mençonge, dont tant de maux et inconvéniens sont venus et advenus comme chascun scet. Car soubz umbre de ladicte guerre ledit de Bourgongne a fait prendre et emprisonner en nostre Chastellet de Paris et ailleurs plusieurs notables gentilz hommes, escuiers et autres, pour ce qu'il maintenoit qu'ilz

estoient favorables aux bienvueillans de la partie de noz nepveux ou de plusieurs autres de nostre sang et lignage estans en leur compaignie. Desquelz il fist plusieurs questionner et cruellement tourmenter et puis après mourir soubz umbre de justice, sans cause et sans raison, et les autres mourir de fain et de mésaise èsdictes prisons, et leur denyer confession et artres sacremens ecclésiastiques, puis les gecter aux champs aux chiens et aux oiseaulx et tiranniquement dévorer aux loups, aux bestes sauvages, sans vouloir souffrir qu'ilz eussent sépulture ecclésiastique ou autrement, ne que leurs enfans nouvellement nez feussent baptisez; qui est expressément fait contre nostre foy. Et en ces choses fist faire horribles et cruelles et les plus grandes inhumanitez qui onques feussent veues ne oyes. Et oultre plus, soubz umbre de ladicte guerre, qui point n'estoit nostre ne devoit estre, mais la sienne et pour son fait particulier, icellui de Bourgongne fist lever et exiger et sur noz subgetz moult excessives et merveilleuses finances, tant par tailles, par emprunts et aussi par réformacions, comme en prenant ou trésor des églises et en nos cours de Parlement, Chastellet et ailleurs mises en dépostz et autres sommes de deniers qui estoient mises et consignées et disposées ésdiz lieux au prouffit des femmes vesves et des enfans mineurs d'ans, pour cause de retraicte ou de rachas de revenues et d'éritages ou autrement, en plusieurs manières. Fist oultre ledit de Bourgongne en noz monnoies grandes débilitacions et vilipendence de valeur, dont il print et par long temps cueilla moult grans prouffis ou préjudice de nous, de nostre peuple et de la chose publique. Et

tant que par telles voyes et extorcions ledit de Bourgongne depuis trois ans en çà a appliqué à son singulier prouffit la valeur de dix cent mil florins d'or et plus, tant de nos finances comme de l'argent de noz subgetz, comme nous a esté clèrement moustré par les comptes estans en la chambre des comptes, et sans ce que aucune chose en ait esté converti à nostre prouffit. Pour laquelle occasion le fait de marchandise et autres affaires nécessaires pour le bien de nous et de nostre peuple ont cessé et esté empeschez par aucun temps et les revenues de nostre demaine, si comme tout ce est notoire. Ét lui non content de ce, mais à entencion de destruire totalement noz nepveux devantditz, et aussi nostre trèscher et trèsamé oncle le duc de Berry, et plusieurs autres de nostre sang et lignage, afin que le gouvernement de nostre royaume demourast audit de Bourgongne seul et pour le tout, nous fist mectre en armes et nostre trèscher et amé premier filz le duc d'Acquitaine, à tout très grant puissance de gens d'armes et de traict, en contraignant à là venir plusieurs de nostre sang, barons et chevaliers et autres, soubz couleur qu'il disoit la guerre estre nostre, dont il n'étoit riens, comme dit est. Et nous mena hors de Paris pour aler envayr, combattre et assembler contre noz oncles et nepveux et autres, comme se ilz eussent esté tous jours noz ennemis et adversaires, jà soit ce qu'ilz eussent tous jours esté noz bons, vrais et loyaulx amis, parents et subgetz et obéissans. Et de fait nous fist mectre le siege devant la ville de Bourges où estoit nostre devant dit oncle, et là nous fist tenir par l'espace de cinq sepmaines et plus, à nostre grand des

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