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plaisir, nous et aussi nostre filz en grant péril et danger de nostre personne, tant pour les chaleurs qui couroient, comme pour les instances qui survindrent en nostre exercite et autrement, en moult de manières, et tant, qu'il convint que dudit lieu nous retournissions en nostre ville d'Aucerre. Ouquel lieu pareillement nous feismes venir et assembler nozdiz oncle, filz et nepveux, et plusieurs de nostre sang et lignage, et là par la grace et aide de Dieu, et du commandement et ordonnance de nous et de nostredit premier filz, furent fais certains accords, traictiez et appaisemens entre nosdiz oncles, filz, nepveux et cousins, et ceulx qui lors estoient aliez d'une part, et ledit de Bourgongne d'autre part et ceulx de son aliance. Lesquelz traictiez et accords fais, les deux parties jurèrent et promirent solennellement tenir, garder et entretenir sans enfraindre. Mais ce non obstant, assez tost après ce que nous feusmes revenus en nostre cité de Paris, le dit de Bourgongne en venant contre sondit serement et sa promesse, pour vouloir briser et adnichiler ladicte paix par lui faicte et par nous jurée, comme dit est, fist faire et ordonner certaines lectres parlans en nostre nom, lesquelles furent appliquées à édict, par lesquelles il nous faisoit rappeller et mectre à néant grant partie de ce qui par nous et nostredit filz avoit esté promis et octroyé, en faisant le contraire de ladicte paix, c'estassavoir la restitucion des terres et héritages, bénéfices et offices de ceulx qui avoient tenu la partie de nostre oncle, de nostre filz, et nepveux devantdiz et autres de nostre sang et lignage, de leurs aliez et de ceulx de leur costé. Et qui plus est, a fait tenir de fait par long espace de temps, contre

nostre plaisir et voulenté et contre noz délibéracions et lectres sur ce faictes, et contre son serement, les chasteaulx de Coucy et de Pierrefons appartenans à nostredit nepveu d'Orléans, et plusieurs autres chasteaulx, maisons, terres et héritages appartenans à autres qui avoient tenu leur party, sans ce que pour lectres quelzconques par nous octroiées ne pour vérificacion sur ce faicte par nostre cour de Parlement ne autrement, nostredit nepveu d'Orléans et plusieurs autres de ses bienvueillans ne purent avoir restitucion et délivrance de leursdiz chasteaulx, terres, maisons et biens dessusdiz, en opprimant et efforçant justice ès choses dessusdictes et en plusieurs autres, et mesmement celle de nostre souveraine court de Parlement, qu'à peine estoit-il homme qui osast dire quelque chose contre les voulentez et entreprinses dudit duc de Bourgongne et de ses complices. Et oultre, pour tousjours détenir le gouvernement de nous, lequel il avoit emprins, et cellui de nostre trèschère et trèsamée compaigne la Royne et de nostredit premier filz, et aussi de tout le fait de nostre royaume, et pour nous tenir en subjection, ledit de Bourgongne fist eslever et mectre sus en nostredicte ville de Paris gens populaires de meschant et bas estat, lesquelz sur la confidence, puissance et auctorité de lui et par son enhort, entreprindrent de gouverner les personnes de nostredicte compaigne et premier filz, et tous les fais de nostre royaume. Lesquelz souventesfoiz sont venus ès consaulx de nous et de nostre court de Parlement moult impétueusement et violentement, en portant à noz bons conseillers et officiers grants menaces, tellement que justice n'y avoit point de lieu, et qu'il convenoit

que tout ce qu'ilz entreprenoient feust fait et passé comment qu'il feust. Et en persévérant en leurs maulx et en leurs dampnables entreprinses, vérité est que le vendredi xxvIII jour du moys d'avril derrenier passé, pour ce que ledit de Bourgongne, lesdictes gens de bas estat et ses complices et aliez, sentirent et apperçeurent que plusieurs de nostre sang et lignage et autres, tant de nos officiers, de nostredicte compaigne et de nostredit filz, comme de l'Université et bons bourgois et marchans de ladicte ville de Paris, estoient mal contens du gouvernement et de l'auctorité que ledit duc de Bourgongne et ses complices avoient entreprins, doubtans qu'ilz ne les voulsissent expulser dudit gouvernement et puis après punir et corriger de leurs maulx, firent faire une grant assemblée de gens dont la plus grant partie ne savoient pour quoy ne à quelle cause ilz les faisoient assembler. Et de fait, sans auctorité de justice, viendrent en armes par manière de bataille, à estandart desploié, devant l'ostel de nostredit filz, ouquel, contre son gré et voulenté et à son grant desplaisir, ils prindrent de fait nostre trèscher et très amé cousin le duc de Bar, et plusieurs autres des plus espéciaulx conseillers et serviteurs de nostredit fils, qui estoient escrips en ung roole lequel portoit le duc de Bourgongne en sa main, lequel les fist mener en son hostel d'Artois et puis après en diverses prisons. Et à ung autre jour assez tost après ensuivant, revindrent lesdiz gens de bas estat par l'ennort dudit duc de Bourgongne et par la manière dessusdicte, c'estassavoir à tout grant armée de gens et estandart déployé, en nostre hostel de Saint-Pol, ouquel, par force et violence [contre nostre gré et

volenté]1 et aussi de nostredicte compaigne et premier filz, ils prindrent de fait nostre trèscher et amé frère, Loys duc en Bavière, et certains autres officiers de nostre premier filz, et aussi certaines dames et damoiselles estans en la compaignie et service de la Royne, lesquelles ilz prindrent en sa chambre, elle présente. Lesquelz tous ensemble ilz emmenèrent et menèrent en diverses prisons, èsquelles ilz les ont longuement tenus en très grant péril de leurs personnes. Et avecques ce, lesdictes gens de bas estat, par le consentement, port, faveur et entreprinse dudit duc de Bourgongne, firent plusieurs autres excès, crimes et délitz, si comme de nuit et de jour prendre sans auctorité de justice plusieurs officiers de nous et autres habitants de nostredicte ville de Paris, et eulx mis en prison, tanstost après plusieurs d'iceulx occirent et tuèrent et les autres gectèrent en la rivière et les noièrent, et les autres firent mectre en chartre et composer à grant sommer de deniers, sans ce que pour lesdiz excès on les osast reprendre ne corriger, et tout par le port et faveur dudit duc de Bourgongne, qui par ces moiens nous a tenus et nostre compaigne la Royne et aussi nostredit fils Loys, en grant servitute et danger, et en telle que nous n'avions franchise ne liberté de quelque chose faire à nostre plaisance. Mais nous avoit baillé et baille depuis lesdictes prinses, tous officiers et serviteurs à sa poste et mesmement de gens de petit estat, jusques à ce qu'il pleut à Nostre Seigneur, que par bon moien, provision et diligence de nostre trèscher et bien amé cousin le roy de Cécile,

1. Addition du ms. Suppl. fr. 93.

de nostre fils et nepveu d'Orléans, et de nos trèschers et amés cousins le duc de Bourbon, le conte d'Alençon, le conte d'Eu et plusieurs autres de nostre sang et lignage, et de plusieurs prélas, barons, chevaliers et escuiers et plusieurs de nostre court de Parlement et plusieurs de nostre fille l'Université et bons bourgois et marchans de nostre ville de Paris, Nous, nostredicte compaigne et filz, feusmes remis en nostre franchise et liberté en tel estat que nous par raison devions estre, et que ladicte paix par nous faicte, audit lieu d'Aucerre confermée, est de nouvel jurée, tant par ledit de Bourgongne comme par autres de nostre sang et lignage. Jà soit ce que ledit de Bour gongne, devant la chevaulchée que nostredit nepveu et filz fist par le moien de la ville de Paris, le venredi ш jour du mois d'aoust derrenièrement passé, se feust efforcé de tout son povoir de rompre et empescher ladicte paix le venredi ш jour du mois d'aoust derrenièrement passé1, en faisant publier et dire en plusieurs hostelz et en moult de places communes de nostredicte ville de Paris, que accorder et consentir à ladicte paix estoit toute destruccion des bonnes gens de nostredicte ville de Paris; qui estoit une très mauvaise, faulse et dampnable induction, comme il est assez notoire. Et depuis ladicte paix ainsi renouvelée et réformée comme dit est, ledit de Bourgongne aiant grant desplaisance d'icelle et de ce aussi que l'une des parties desdictes gens de bas estat troubleurs et violeurs de paix s'estoient absentez et

1. « Le premier jour d'aoust, qui fut un mardy, les articles de la paix furent leues devant le Roy, monseigneur de Guyenne, et plusieurs seigneurs présens. » (Juv. des Ursins, p. 259.)

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