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ce que ès choses dessusdictes nous leur vouldrons commander sur tout quanque ilz se pourront meffaire envers nous, en les contraignant à ce par prinse et explectacion de leurs biens, par arrest et détencion de leurs personnes, se mestier est, tous ceulx qu'ilz trouveront estre négligens ou en défault de obéir à nos commandemens et ordonnances devant dictes. En tesmoing desquelles choses nous avons fait mectre à ces présentes nostre seel. Donné à Paris le x jour du mois de février, l'an mil quatre cens et treize, et de notre règne le xxxo. Ainsi signé par le Roy, à la relacion du grant conseil tenu par la Royne et monseigneur d'Acquitaine.

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Lequel mandement fut publié à Amiens et puis après ès prevostez et par tout le bailliage, par la commission dudit bailly.

CHAPITRE CXVII.

Comment les chaynes de Paris furent ostées. Et des mandemens royaulx qui de rechef furent publiez.

Item, après que le duc de Bourgongne se fut retrait de France en ses pays, comme dit est dessus, Tanegui du Chastel, chevalier, qui naguères avoit été fait prévost de Paris, avecques lui Remonnet de La Guerre, furent commis de par les ducs de Berry et d'Orléans à faire oster et destacher toutes les chaynes estant ès carrefours de la ville de Paris et les faire aporter en la bastille Saint-Anthoine et ou chastel du Louvre. Et aussi prindrent et ostèrent toutes les armeures des bourgois et manans, et les firent porter ès forteresses dessusdictes, chevauchans parmy Paris en armes,

tous les jours, à grant compaignie. Et avoient charioz et charrètes qui menoient lesdictes chaynes et armures ès lieux dessusdiz. Et n'y avoit pour ce temps si hardi bourgois qui osast porter baston défensable. Et avecques ce lesdictes gens d'armes faisoient le guet de nuit et de jour aux portes et aux murs aux despens desdiz bourgois et manans, et ne se fioit on de riens en eulx. Pourquoy lesdiz bourgois furent moult troublez et ennuyeux ou cuer, quant ilz virent qu'on tenoit telles manières contre eulx. Et y en avoit plusieurs qui moult se repentoient de ce qu'ilz s'estoient mis en la subjeccion des adversaires du duc de Bourgongne, mais semblant n'en osoient faire1.

1. Voici le récit des mêmes faits tiré de la chronique manuscrite que nous avons déjà plusieurs fois citée : « Après le retour du duc de Bourgoingne du voiage de Saint-Denis, Taneghy du Chastel, chevalier et prévost de Paris, et Remonnet de La Guerre furent commis de par les ducqs de Berry et d'Orléans, à faire hoster et destacquier toutes les cainnes des rues et quarefours de Paris, et de les faire mener en la Bastille St. Anthonne et au chastel du Louvre, et de faire prendre et oster toutes les armeures des bourgois et manans de Paris, et de faire porter esdictes forteresches icelles armures. Et ainsi le firent. Et chevaulçoient parmy Paris en armes tous les jours à grant compaignie, et avoient cars et carectes qui menoient lesdictes caines et armeures ès lieux dessusdiz. Et firent tant que il n'y avoit nul bourgois ne manant qui osast porter quelque baston ne armeure, fors ung petit coutel à taillier son pain. Et ne furent creus à garder porte ne tour de ladicte ville par nuit ne par jour, mais on les faisoit garder par les gens d'armes de la garnison de ladicte ville de Paris, aux despens desdiz bourgois et manans.» (Bibl. imp., Cord. 16, fol. 348.) Comme on le voit, les deux récits sont tellement semblables, qu'il faut que l'un ait été pris sur l'autre. Nous penchons à croire que c'est Monstrelet qui est ici l'emprunteur. Il est bon de remarquer que cette chronique manuscrite s'arrête à l'an 1431, et que l'écriture est certainement de ce temps-là.

A l'encontre duquel duc furent de rechef envoyez par tout le royaume divers mandemens, contenant en substance comment le duc de Bourgongne avoit esté devant Paris comme vous avez oy dessus, et comment par ses lectres et autrement il vouloit décevoir et séduire le peuple, en faisant afficher ses lectres aux portaulx des églises de ladicte ville et ailleurs, et en plusieurs autres manières; et aussi comment il donnoit à entendre que les ducs de Berry et d'Orléans le tenoient en servage1 et son filz le duc d'Acquitaine, laquelle chose le Roy dénie en ses lectres entièrement; disant oultre qu'ilz ne furent onques en plus grant franchise qu'ilz estoient pour lors, depuis la mort du duc d'Orléans son frère. Et puis mectoit oultre comment le duc de Bourgongne voulut entrer en la ville de Paris pour prendre et usurper le régime de lui, du duc d'Acquitaine et de tout le royaume; en disant que depuis l'omicide du duc d'Orléans son frère, ledit duc et les siens ont reçeu plus de soixante cens mille frans. Pour lesquelles choses et autres plus à plain déclairées en autres lectres de ce faictes, le Roy déclaire icellui duc estre rebelle, inobedient, briseur et violeur de paix, et ennemi de lui et de tout son royaume, et a entencion de toute sa puissance obvier et résister audit duc, et lui et tous les siens adhérens aidant et confortans, mectre en telle subjeccion et obédience que par raison doivent estre mis subjectz inobédiens à leur souverain seigneur'.

1. Le Roi.

2. Voy. aux additions.

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Item, depuis fut renvoyé ung autre mandement presque semblable au dessusdit, en mandant destroitement que nul, de quelque estat qu'il soit, ne voise servir ledit duc de Bourgongne, et que tous ceulx qui y sont alez, tantost et sans délay retournent en leurs maisons, sur peine de confiscacion de corps et de biens. Lesquelles lectres et mandemens furent publiées à Amiens, du bailly et par le prévost d'icelle ville'.

En après furent envoiées lectres patentes de par le Roy aux nobles d'Artois, et d'autre part au bailliage d'Amiens et de Tournay et aussi en Vermandois, qui paravant estoient alez devers le duc de Bourgongne devant Paris, et en expédicion l'avoient acompaigné. Et à autres qui n'avoient point esté avecques, furent envoiées lectres seellées du petit rond seel. Les premières défendoient de par le Roy sur les peines dessusdictes, que doresenavant les dessusdiz nobles ne se tenissent ne accompagnassent avec ledit duc de Bourgongne, et que à lui ne aux siens ne promeissent, ne donnassent conseil ne aide, mais se préparassent en armes et chevaulx pour servir le Roy contre ledit de Bourgongne et contre ses aidans. Les secondes lectres faisoient mencion que les dessusdiz nobles se préparassent en armes et en chevaulx, à la plus grant puissance qu'ilz pourroient, et que tost venissent à Paris audit Roy, ou en quelque lieu qu'il seroit, et par l'aide d'iceulx, de tout en tout, avoit entencion de impugner et humilier ledit duc de Bourgongne, ses favorables et compaignons. Et en après, les deux

1. Voy. aux additions.

manières de lectres dessusdictes furent envoiées à Amiens par le chancelier et furent baillées au bailly d'Amiens, et ledit bailly les envoya, selon ce qu'on lui mandoit, aux gardes des prévostez et bailliages, afin que une chascune garde desdictes prévostez et bailliages les baillast à ceulx qui demouroient en leurs prévostez et bailliages, et que lesdictes gardes receussent lectres s'ilz povoient et que icelles envoiassent à Paris, et aussi que iceulx escripvissent comment ilz les avoient baillées. Et s'ilz ne povoient avoir lectres de réception, que aussi les rescripvissent à Paris, afin qu'ou sceut que icelles lectres feussent receues par ceulx à qui le Roy les envoioit, et qu'ilz ne peussent ignorer qu'ilz ne les eussent

receues.

Item, en ce temps l'évesque de Paris', à la requeste de l'Université, envoya le duc de Bourgongne pour sçavoir s'il vouloit advouer maistre Jehan Petit des articles que autrefoiz avoit proposez à sa requeste contre le duc d'Orléans défunct. Lequel de Bourgongne respondi aux messages que ledit maistre Jehan ne vouloit porter ne advouer, si non en son bon droit. Après laquelle response iceulx retournez à Paris devers ledit évesque et l'inquisiteur de la foy, fut ordonné que les articles dessusdiz seroient condempnez à estre ars publiquement, présent le clergié et tous autres qui veoir le vouldroient, et ainsi fut fait. Et adonc fut renommé que on yroit quérir les os dudit maistre Jehan Petit, qui estoit trespassé et enterré en la ville de Hesdin. Mais en fin riens n'en fut fait. Et

1. C'était Gérard de Montaigu, frère du grand-maître.

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