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vouloit on iceulx ardoir en la ville de Paris, ou lieu où lesdiz articles avoient esté ars.

CHAPITRE CXVIII.

Comment le duc de Bourgogne eut grand parlement avec les nobles de ses païs, à Arras, qui lui promeirent de le servir contre ses adversaires 1.

:

Item, le duc de Bourgongne qui chascun jour avoit nouvelles comment le Roy et le duc d'Acquitaine estoient chascun jour tournez contre lui par le moien de ceulx qui pour lors gouvernoient, fist assembler en la ville d'Arras tous les nobles hommes d'Artois et de Picardie. Ouquel lieu, quant il y fut venu, en la présence d'iceulx, premièrement s'excusa de ce qu'il avoit tant tardé à venir, et leur dist qu'il estoit alé à Paris au mandement du duc d'Acquitaine. Et de rechef fist là lire les lectres escriptes de la main dudit duc dist oultre qu'il avoit laissié ses gens ès villes de Compiengne et Soissons, à la requeste d'iceulx et pour le bien du Roy, par lesquelles villes il sçavoit véritablement que le Roy, par l'induccion de ses adversaires, faisoit grant assemblée de gens d'armes pour icelles reconquerre. Pour quoy il requéroit aux nobles dessusdiz, que sur ce lui voulsissent donner conseil et aide. A quoy par iceulx lui fut respondu, que voulentiers le serviroient à l'encontre de tous ses adversaires, réservé le Roy et ses enfans. Et ainsi lui promirent, excepté le seigneur de Ronq, qui dist qu'il le serviroit contre le Roy et tous autres.

1. L'intitulé de ce chapitre est pris sur l'édit. de 1572.

Et adonc régnoit par toutes les parties du royaume de France et en divers pays, une maladie qui se tenoit en la teste. De laquelle moururent plusieurs personnes, tant vielz que jeunes. Et nommoit-on ladicte maladie, la coqueluche.

CHAPITRE CXIX.

Comment le grant conseil du Roy fut assemblé, présent la Royne et le duc d'Acquitaine, où il fut conclud de faire guerre au duc de Bourgongne.

Item, le second jour du mois de mars de cest an, furent assemblez en l'ostel de Saint-Pol, en présence de la Royne et du duc d'Acquitaine, pour ce que le Roy estoit malade, plusieurs princes et prélas, avecques le conseil royal. Auxquelz par la bouche du chancelier de France fu remonstré, bien et au long, tout l'estat et gouvernement dudit duc de Bourgongne, et comment il s'estoit conduit rigoreusement devers le Roy et les seigneurs de son sang par plusieurs et diverses foiz, depuis la mort du duc Loys d'Orléans défunct, et mesmement comment derrenièrement, oultre les défenses du Roy et du duc d'Acquitaine, il estoit venu à puissance de gens d'armes et à estandart desploié devant la ville de Paris, en faisant plusieurs violences irréparables ou royaume. Et de fait avoit mis garnison de ses gens à Compiengne et à Soissons, lesquelz chascun jour faisoit guerre ouverte aux pays et aux subgetz du Roy, ainsi et par la manière que pourroient faire ses anciens ennemis d'Angleterre, en enfreignant du tout la paix derreniè

rement faicte à Aucerre et depuis refaicte et reconfermée à Pontoise. Requérant oultre icellui chancelier à iceulx, bien instamment, que sur la foy, serement et loyaulté qu'ilz avoient au Roy, ilz voulsissent déclairer présentement ce que le Roy et le duc d'Acquitaine avoient à faire sur ceste matière contre le duc de Bourgongne. Lesquelz princes, c'estassavoir le roy de Cécile, les ducs de Berry, d'Orléans, de Bourbon et de Bar, les contes d'Alençon, de Vertus, de Richemont, d'Eu, de Dampmartin, d'Armaighac, de Vendosme, d'Aumarle et de Touraine, le seigneur de Labreth connestable de France, l'arcevesque de Sens et plusieurs autres prélaz, avec grant nombre de notables barons, chevaliers et escuiers du grant conseil Royal, après ce qu'ilz eurent bien au long et en grande délibéracion débatu ladicte matière, finablement conclurent et firent response par la bouche dudit arcevesque, en disant que licitement et de raison le Roy povoit et devoit faire guerre audit duc de Bourgongne, actendu comme dit est les manières qu'il avoit tousjours tenues et encore tenoit à l'encontre de lui. Et alors fu conclud que le Roy en sa personne se mectroit sus avec sa puissance totale, pour aler à l'encontre dudit duc, pour icellui du tout subjuguer et mectre, lui et tous ses pays, en obéissance. Et mesmement la Royne, le duc d'Acquitaine son filz, tous les princes là estans, et ceulx qui estoient oudit conseil, promirent et jurèrent solemnellement par la foy et serement de leur corps, que jamais n'entendroient à quelque ambaxade, lectres ou autres choses qui peussent venir de icellui duc, jusques à ce que,

par

lui et tous les siens, seroient destruiz, ou du moins

humiliez et remis en l'obéissance dn Roy et de son conseil.

Après lequel conseil fixé furent clercs mis en œuvre, et lectres escriptes et en divers lieux envoiées ou royaume de France. Et tant que pour ceste foiz fist plus grant mandement qu'il n'avoit fait durant son règne. Et pour tant, en assez brief terme, tant par les princes dessusdiz, comme par le mandement du Roy, s'assemblèrent très grande multitude de gens de guerre entour la ville de Paris et ès marches de l'Isle de France. Si furent envoiez aucuns capitaines avec grant nombre de gens de guerre devant la ville de Compiengne où estoient les gens dudit duc de Bourgongne, comme dit est ailleurs, c'estassavoir messire Charles d'Albreth, connestable de France, messire Hector, bastard de Bourbon, Remonnet de La Guerre, le seigneur de Gaucourt et plusieurs autres. Et au mectre le siège y eurent de grandes et dures escarmouches contre ceulx de la ville, qui très souvent de jour et de nuit yssoient contre ceulx de dehors aux pleins champs, et leur firent de première venue plusieurs dommages. Néantmoins ilz estoient très souvent par lesdiz asségeans reboutez assez rudement en ladicte ville. En laquelle estoient principaulx capitaines de par le duc de Bourgongne, comme dit est ailleurs, messire Mauroy, messire Hue de Launoy, le seigneur de Saint-Liger et son fils Hector, Philippe et le Bon de Saveuses, frères, le seigneur de Sores, chevalier, et Louvelet de Lolinhen, et plusieurs autres notables hommes, roides et experts en armes, lesquelz très diligemment se mirent à résister contre leurs adversaires. Et afin qu'ilz ne se peussent loger

à leur aise ardirent et démolirent les faulxbourgs et à l'environ d'icelle ville plusieurs notables édifices, tant maisons comme églises. Toutesfoiz tantost après

ce,

les François asségans firent faire deux ponts par dessus la rivière d'Aise1 pour passer plus à leur aise et pour secourir l'un l'autre, se besoing en estoit. Et commencèrent à asseoir les gros engins du Roy pour gecter contre les portes et murailles de ladicte ville en plusieurs lieux; qui moult la traveillèrent.

En oultre, le mercredi de la semaine peneuse, I jour d'avril, le Roy yssi hors de la ville de Paris, à grant triumphe et notable estat, et s'en ala en la ville de Senlis pour là actendre ses gens. Ouquel lieu il solemniza la feste de la Résurection Nostre Seigneur Jhésus Christ.

En laquelle armée on fist porter aux personnes du Roy et du duc d'Acquitaine la bende et enseigne du conte d'Armignac, en délaissant sa noble et gentille enseigne que lui et ses prédécesseurs roys de France avoient toujours porté en armes, c'estassavoir la droite croix blanche. Dont moult de notables barons, chevaliers et autres, anciens et loyaulx serviteurs d'icellui Roy et aussi dudit duc d'Aquitaine, furent assez malcontens, disant que pas n'appartenoit à la très excellente majesté royale de porter l'enseigne de si povre seigneur comme estoit le conte d'Armignac, veu encores que c'estoit en son royaume et pour sa querelle, et encores, que icelle bende dont on faisoit à présent si grant feste et joye, avoit esté baillée ou

1. L'Oise.

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