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de Paris et plusieurs autres bonnes villes et citez, lectres contenans leur intencion et la cause pour quoy ilz faisoient ces assemblées. Entre lesquelles ilz envoièrent unes lectres en la cité d'Amiens, signée de leurs seings manuelz, desquelles la teneur s'ensuit :

<< Les ducs de Berry, d'Orléans et de Bourbon, les contes d'Alençon et d'Armaignac, à nos très chers et bien amez citoiens, bourgois et habitans de la ville d'Amiens, salut et dilection. Nous escripvons à nostre redoubté et souverain seigneur, monseigneur le roy de France, en la forme qui s'ensuit :

Nous, ducs de Berry, d'Orléans et de Bourbon, les contes d'Alençon et d'Armaignac, vos humbles oncles, parens et subgetz, pour nous et tous autres adhérens et bien veuillans à vous. Comme il soit ainsi que les drois de vostre couronne, dominacion et majesté royale soient si noblement instituez, vous en eulx et iceulx en vous, fondez en justice, puissance et vraie obéissance de voz subgetz, qu'en tous les royaumes et seigneuries du monde, vostre dominacion, estat et auctorité resplendent. Et tant estes dignement consacré et exoinct, que du saint siège apostolique et aussi de toutes autres nacions des royaumes des chrestiens, estes tenu et appellé roy souverain et singulier, réputé administrateur de justice, exerçant icelle puissamment, tant au povre comme au riche, comme empereur en vostre royaume, sans avoir autre recongnoissance d'aucun seigneur que de Dieu et de sa divine majesté, par laquelle ce vous est singulièrement donné et octroyé. Soit aussi le corps de ceulx de vostre sang, par vraie obedience et vérité franche, ung, par l'auctorité de vostre dominacion et majesté royale, à vous

servir, soustenir, garder et défendre comme membre et subject de vous, et à proprement parler comme membre et partie de vostre propre corps, en exemple de tous voz autres subjectz, tant pour ce qu'ilz sont plus tenus et obligez à la démonstrance de vostre révérence et vraie obéissance, que nulz autres de voz subgetz. Et en oultre, observer et garder l'estat et auctorité de vostre dicte dominacion, tellement que sur tous autres, à vos subgetz vous avez telle puissance et dominacion, et telle liberté, auctorité, faculté et exercice, comme à roy et à empereur appartient envers ses subgetz, en telle manière que par puissance de vostre royale majesté vous acceptez et révérez les bons, et au contraire vous corrigiez et punissiez les mauvais, en rendant et contribuant à chascun ce qui est sien, et afin que à ung chascun vous administrez et tenez justice judiciaire par telle manière que vous tenez vostre royaume en paix. Premier, à la loenge de Dieu, et en après à l'onneur de vous et à l'exemple de voz bons amis et subgetz, et en ensuivant les voies et les sentiers de voz prédécesseurs roys de France, qui par ceste manière ce noble royaume ont tousjours tenu et gouverné en paix et en transquilité, et tellement que toutes les nacions chrestiennes, voisines et loingtaines, voire aussi les mescréans, en leurs afaires et débats, à vous et à vostre noble conseil comme fontaine de justice et de toute loiaulté, moult de foiz ont eu recours.

« Et comme il soit ainsi, très redoubté et souverain seigneur, que vostre honneur, justice, et l'estat de vostre dominacion, à présent soit reboutée et blécée, et qu'à vous sur vostre royaume n'est point permis ne souffert le gouvernement, ne aussi de la chose publique,

au moins en telle liberté que raison donne, comme il appert assez à tous ceulx de bon et sain entendement. Pour quoy, très redoubté et souverain seigneur, Nous, les dessusnommez [sommes assemblez], tous ensemble pour aler devers vous humblement informer et selon vérité vous démonstrer l'estat de vostre personne et aussi de monseigneur d'Acquitaine, vostre ainsnez filz, et comment vous estes détenu et traictié de vostre dominacion, de vostre gouvernement, justice et règne et de la chose publique d'icellui, comme vous parcevrez, nous oyz à plain en ceste matière. Et se aucuns sont qui vueillent dire au contraire, faictes que par le conseil et délibéracion et advis de ceulx de vostre lignée et sang, loyaulx et preudommes et autres de vostre conseil, lesquelz qu'il vous plaira mander, et réalment vous pourvoiez à la seureté et franchise de vostre personne et de monseigneur d'Acquitaine, vostre ainsné filz, et aussi de vostre estat, dominacion et justice et du bon règne et gouvernement du royaume et de la chose publique, et que la dominacion de ce royaume, l'auctorité, exercice et puissance de régner, libéralement soient et demeurent en vous comme raison est, et non en autres quelzconques. Et à ces fins et conclusions obtenir et exercer réalment et de fait, imposer et exaulcer, Nous, les dessusnommez, voulons exposer en vostre service, nous, noz biens et amis, noz subgetz et tout quanque Dieu nous a donné et presté en ce monde, pour résister aussi et debeller tous ceulx qui vouldroient le contraire, s'il en est aucun. Et en oultre, très redoubté et souverain seigneur, nous n'entendons point à nous desjoindre jusques à ce que vous nous aiez oyz, et pourveu aux inconvéniens devant diz, et

que nous le aions veu, et qu'il nous apperra clèrement vous estre réparé et remis en l'onneur et obéissance de vostre royale majesté, en l'auctorité et puissance de vostre dominacion. Et a ce, très redoubté et souverain seigneur, sommes contrains, tenus et obligez, tant pour les causes dessusdictes comme pour la crainte, honneur et révérence de nostre Créateur duquel premièrement vient et procède la naissance de vostre dominacion, et aussi à satisfaire à justice, et après à vous qui estes souverain roy en terre et nostre seul seigneur, auquel pour ceste cause et aussi pour la prouchaine consanguinéité sommes tant tenus et obligez que plus ne povons. Et en vérité, très redoubté et souverain seigneur, il n'est riens en ce monde que tant doubtons, avoir Dieu offensé et courroucé, et nous conséquemment et nostre honneur avoir blécé, que si longuement les dessusdiz inconvéniens avoir laissé passer soubz dissimulacion. Et à ce que toutes ces choses soient notoires et manifestes à ung chascun, tout ainsi que nous vous signifions les choses dessusdictes, nous les signifions en effect aux prélas, seigneurs, universitez, citez et bonnes villes, et à tous les bien vueillans de vostre royaume. Très redoubté seigneur, en oultre nous vous supplions tant humblement comme nous povons, qu'il vous plaise à nous oyr, considérer et advertir à nostre entencion et propos et aux fins où nous contendons, qui précisément, comme dit est, touchent l'onneur et réparacion de vous et de vostre estat, et que vous vueillez de tout vostre povoir tellement disposer, que réaument et de fait pourvéez à la réparacion, conservacion, liberté et franchise de de vostre dominacion et bon gouvernement de

vous,

vostre peuple, de vostre justice, de tout vostre royaume et de toute la chose publique. Aussi à l'onneur et loenge de Dieu premier, et en après de vous, et à l'exemple de tous voz bons subjectz qui désirent vostre bien et singulier prouffit. Et ce vous escripvons nous afin que vous congnoissiez nostre entencion et propos, qui sont tant seulement à l'estat et réparacion de monseigneur le Roy, à la conservacion de sa franchise, de sa personne et seigneurie, au bon gouvernement du peuple de son royaume et de la chose publique. Et avecques ce avons entencion avec aucuns preudommes, par les meilleures manières et voies que Dieu nous enseignera et advisera, pourveoir au bon gouvernement de tout le peuple. Et avons aussi empris de tant faire envers monseigneur le Roy, que Dieu et le monde en seront contens. Et pour ce, très acertes vous prions que à ceste œuvre et aux fins dessusdictes, en vous adhérant avec nous, vueillez adviser. Jà soit ce, à proprement parler, non mie à nous, mais à vostre roy et le nostre souverain seigneur comme par foy estes et sommes tenus, sachans que en ce faisant vous serez recommandez de preudommie et de loyaulté. Donné à Chartres, le second jour de décembre mil quatre cens et dix. »

Lesquelles lettres receues par ceulx de ladicte cité d'Amiens furent veues et visitées en la chambre du conseil, mais pour le contenu d'icelles, peu ou néant se meurent de voulenté; car tous, ou la plus grant partie estoient favorables au duc de Bourgongne. Et d'autre part, icelles lectres ou les pareilles, veues et visitées de par le Roy et le conseil, furent mie petitement veues ne mises à effect, et ne furent aucunement

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