ページの画像
PDF
ePub

des poëtes pour traduire en vers le Courrier françois et le Théologien d'estat. C'est le titre d'un pamphlet en vers (la Mazarinade), qui est devenu le nom générique de toutes les pièces qui pendant quatre ans ont été publiées pour et contre le cardinal Mazarin.

Cet usage, je dirais volontiers cet abus de la poésie, est un des caractères extérieurs de la Fronde; et à son tour la poésie de la Fronde a un caractère propre : elle est burlesque. Par cette double raison j'ai cru que je devais donner aux vers burlesques une large place dans le recueil des MAZARINADE.

J'ai la confiance que, même réduit aux proportions sur lesquelles j'ai dû le mesurer, ce recueil suffira. Après tout on pourra toujours recourir à la Bibliographie des Mazarinades où j'ai réuni tous les titres de ces pamphlets, autant que les recherches les plus patientes m'ont permis de le faire, et qui contient des citations plus courtes, il est vrai, mais plus nombreuses et plus variées. Je ne puis qu'y renvoyer le lecteur désireux de pénétrer plus avant dans les secrets de la Fronde. La Bibliographie des Mazarinades a été conçue de manière à suppléer au dépouillement des collections les plus volumineuses pour ceux qui n'ont pas besoin de se livrer à une étude approfondie de cette époque. Pour les travailleurs qui sont jaloux de remonter aux sources, elle sera un guide fidèle, je l'espère, nécessaire, j'en suis certain.

AVERTISSEMENT.

Les numéros qui suivent les titres entre crochets, tant dans le texte que dans les notes, sont ceux des pamphlets dans la Bibliographie des Mazarinades.

Les dates exprimées à la suite des titres ne sont pas exactement celles des pièces. J'ai mieux aimé rappeler les dates des groupes dans lesquels les Mazarinades sont rangées dans la liste chronologique à la fin du troisième volume de la Bibliographie. Il m'a semblé qu'en renvoyant ainsi le lecteur à cette liste, je lui fournirais un moyen utile de diriger et de compléter ses recherches, s'il en avait le désir.

CHOIX

DE

MAZARINADES.

Agréable récit de ce qui s'est passé aux dernières barricades de Paris, descrites en vers burlesques [56]'.

(1648.)

Ie veux chanter les barricades 2

Et les populaires boutades

Dont tout Paris fut alarmé,
Alors que le badaud armé
Donna de si belles vezardes
Au braue régiment des gardes,
Et fit voir que le batelier
Est dangereux sur son paillier.
Raconte-moy, muse grotesque,

D'où vient cette humeur soldatesque.

Apprens-moy de ces mouuemens

'Cette pièce est attribuée au baron de Verderonne, un des gentilshommes du duc d'Orléans. Naudé la met au-dessus des meilleures poésies burlesques de Scarron. La version que j'en donne a été établie sur la comparaison des trois éditions de 1649.

2 Du 26 août 1648.

Quels furent les commencemens,
Et quel succès eut la furie
De la nouuelle Iaquerie.

Depuis tantôt cinq ou six ans
L'auarice des Partisans,

Traitans, soutraitans, gens d'Affaire,

Race à notre bonheur contraire,

Pilloit avec impunité

Les biens du peuple en liberté;

1

Et sous prétexte du Tariffe 1
Rien ne s'échappoit de leur griffe.
Ce mal nous alloit deuorant;

Et comme l'on voit vn torrent
Tombant du sommet des montagnes,
Se répandant sur les campagnes,
Étendre partout sa fureur,

Porter la crainte et la terreur
Dans les villes, dans les villages;
Ainsi l'excez de leurs pillages,
Comme celuy de leur pouuoir,
Nous réduisoit au désespoir,
Quand le bon Démon de la France,
Touché de voir nostre souffrance,
Fit que, perdans le jugement,
Ils se prirent au Parlement,
Se promettant que leur malice
Triompheroit de la Iustice,
Et que ce grand corps atterré,
Leur repos seroit assuré.

La Polette fut la machine 2

'D'octobre 1646. Il comprenait toutes les marchandises qui entraient à Paris, soit par eau, soit par terre.

2 On appelait ainsi le droit du soixantième, que Charles Paulet, secrétaire de la chambre du roi, avait, au commencement du siècle, imaginé de faire mettre sur le prix des offices de justice et de finance. Moyennant

« 前へ次へ »