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Messieurs ses Oncles et son Père,
Et représentant la beauté
De la Dame qui l'a porté;

Ce qui se voit dans les Planètes
Auec de fort bonnes lunettes.

Mais pour finir cet entretien,
Tous vos amis se portent bien;
Et ie crois qu'ils prendront la peine,
Dans la fin de cette semaine,
De vous aller voir de plus près.
Ils ont leurs équipages prests,
Et sont tous dans l'impatience
De rompre auec vous vne lance.
Il n'est pas iusqu'aux Citadins
Qui ne fassent les Paladins,
Vous menacent auec brauade
D'escalade et de camisade.

Vous direz qu'ils sont des badins.
Ils le sont moins que vos blondins;
Et les balles de mousquetades
Leur passent pour noix de muscades.
Ie pense aussi que les Normans
Vous porteront leurs complimens.
C'est vne nation peruerse
Qui demande partie aduerse;
Et sur ce suiet vous diron :

A furore Normanorum,

Ou plustost de toute la France;

Car à vray dire, ie pense

Que vous aurez de tous costez

Vne troupe de députez,

Aussi soumise, aussi ciuile
Que celle du haut Longueuille;

Et vous verrez de main en main

La Cour fort grosse à Sainct-Germain.

En attendant, vaille que vaille,

Dites à cet homme qu'il s'en aille.

Anagramme prophétique sur la sortie du Cardinal.

IVLES MAZARIN

SERA MIS AV LOIN.

Lettres numérales de ladite anagramme marquant l'année de cette sortie.

M. VI. IL.

1649.

Lis et fais [2304]'.

(11 février 1649.)

Pauure peuple de Paris, que ie plains ta simplicité et ton aueuglement. Dis-moy les subiets de plainte que tu as de l'administration de la Reyne. T'a-t-on chargé de nouueaux imposts? Il me semble plustost que tu as eu des descharges de millions à la fois et des grâces et des soulagemens au delà de ce que la nécessité de soustenir deux pesantes guerres pouuoit permettre'. Cependant

1 C'est le premier des billets que le chevalier de La Valette sema par les rues de Paris dans la nuit du 11 février. Il est de Cohon, évêque de Dol, s'il faut en croire l'auteur du Conseil nécessaire donné aux bourgeois de Paris, etc. [760].

« La reyne ayant remis vne partie des tailles, elle fut obligée dé manquer à ceux qui luy auoient fait des prests et auances sur ses reuenus. Les particuliers retirèrent leur argent des mains des financiers. De là des faillites à Paris et dans toutes les villes de commerce. »

Avis sincère aux bourgeois de Paris, etc. [543].

quelle rage te possède de prendre les armes contre ton Roy, vn Roy mineur, vn Roy innocent, donné de Dieu, vn Roy tousiours triomphant de ses ennemis, à qui ta rébellion, si elle duroit, va rauir des mains l'aduantage de conclure la paix la plus glorieuse que la France ait faite depuis l'origine de la monarchie? On veut luy voler le plus beau fleuron de sa Couronne. On attaque directement son authorité, qui est ce qui le distingue du reste de ses subiets. Le Parlement, emporté par les factieux, veut bastir vne puissance nouuelle et iusqu'à présent incognue dans ce Royaume sur les ruines de la Royauté. Il veut de l'Estat du monde le plus monarchique en composer vn gouuernement monstrueux de deux cens testes. Et tu n'adhères pas seulement à ce détestable projet; tu le soustiens au péril de ton repos, au hazard de tes biens, de l'honneur de tes familles, de leur subsistance et de ta propre vie. Quelle fin peust auoir cette affaire si tu t'opiniastres à la soustenir, qu'vn gouffre de misères et de calamitez, que l'horreur des guerres ciuiles, que l'effusion de beaucoup de sang François et l'aduantage des ennemis de l'Estat? Car enfin quelle raison peut donner la souueraine puissance à des gens ordinaires qui n'ont rien par dessus les autres que la fortune d'auoir pu achepter des charges bien chèrement? Et crois-tu, quand Dieu ne prendroit pas en main la cause d'vn Roy mineur qu'on veut opprimer, quand le Roy n'auroit pas pour te ranger en ton deuoir, toutes ces braues troupes qui ont mis si bas nostre ennemy, auparauant si formidable, crois-tu, dis-ie, que le Duc d'Orléans, le Prince de Condé, tant de Princes et grands du Royaume, tout l'Ordre Ecclésiastique et tant de généreuse noblesse pussent iamais souffrir la domination illégitime de gens qui leur sont

en toutes façons si fort inférieurs? Ouure les yeux, pauure peuple. Voy dans quel précipice on t'engage. Ce n'est point contre toy que le Souuerain est irrité. Il sçait que tu as esté abusé sous l'apparence d'vn faux bien. Il ne sçauroit te faire du mal qu'il n'en ressente le contrecoup plus viuement que toy. Il n'est donc pas à croire qu'il en ait l'intention, si tu ne l'y forces. Il veut seulement oster des mains aux factieux du Parlement les armes dont ils luy ont fait tant de mal. Faut-il que tu sacrifies tout pour l'intérêt d'vn petit nombre de séditieux? Que t'importe que les Présidens de Nouion et Blancmesnil n'ayent pu auoir la coadiutorerie de l'Euesché de Beauuais pour vn de leurs proches? et pourquoy t'intéresser à la vengeance qu'ils veulent prendre de l'éloignement de leur oncle1? T'imagines-tu que Broussel eust fait si fort ton tribun s'il eust pu obtenir pour son fils la Compagnie aux gardes qu'il poursuiuoit? Que te soucies-tu si le Président Viole n'a pu estre admis en la charge de Chancelier de la Reyne? et prendrois-tu Coulon pour vn grand législateur, luy qui fait vanité publique d'estre vn dissolu en toutes desbauches, et qu'on a souuent délibéré de chasser du Parlement pour l'infamie de sa vie et pour la prostitution qu'il faisoit luy mesme de sa famille? T'a-t-on offensé quand on n'a pu satisfaire Guiry sur la charge qu'il vouloit d'introducteur des Ambassadeurs? Et crois-tu que les barbes vénérables de Vialar et Bachaumont et d'autres ieunes fous de cette partie qui se nomment eux mesmes par raillerie les petits pères du peuple et les tuteurs des Roys, soient fort propres à réformer l'Estat? Enfin rien ne se meut dans cette grande machine que par des ressorts intéressez. Cependant tu

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* Potier, évêque de Beauvais et aumônier de la reine.

y prestes ton bras comme si elle ne trauailloit que pour ton aduantage, quoy que ce ne soit qu'à ta destruction. Crois-tu que le party en soit deuenu beaucoup plus utile ou plus fort pour y voir quelques Princes à la teste? Ils te donnent leur assistance pour prolonger tes misères, et non pas pour les finir. Ils te sacrifieront pour auoir plus aduantageusement leur compte, et ne se soucieront pas fort des hostages qu'ils t'ont donnez. N'as-tu pas l'exemple du Prince Thomas qui reprit toutes les places du Piedmont sur les Espagnols, quoique sa femme et ses enfans fussent entre leurs mains? Le Prince de Conty est vn ieune Prince qui a de bonnes intentions, mais que son beau frère a desbauché sous prétexte de luy faire acquérir de la gloire. Le Duc de Longueuille n'est auec toy que parce qu'on luy a refusé le Haure, après qu'on luy auoit desià donné Caen et le Comté de Ious. Attends-tu des conseils fidèles et de durée d'vn homme qui a manqué à son Maistre, qui luy auoit fait l'honneur de l'appeller dans les siens, qui luy auoit fait tant de grâces et qui a tourné casaque aussi souuent que l'occasion s'en est offerte? La Rhétorique naturelle du Duc d'Elbeuf pourra elle persuader qu'il prenne autre intérest en cette affaire que d'auoir le gouuernement de Montreuil qu'on a refusé auec raison à vne personne de sa condition, et qui a porté si longtemps l'escharpe rouge1? Le Duc de

1 Le duc d'Elbeuf avait été exilé à cause de la part que sa femme, Catherine-Henriette, fille légitimée de Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, avait prise à des intrigues de cour contre le cardinal de Richelieu. Il était passé en Angleterre. Voy. plus loin Demandes des princes et seigneurs, etc. [997].

« Le mesme iour (24 mars)..... la Cour délibéra sur la permission que Monsieur le Prince de Harcourt, fils aîné de Monsieur le Duc d'Elbeuf, demandoit de leuer des troupes dans le territoire de Montreuil sur la mer, où il est allé à cause de la mort de Monsieur le Comte de Launoy, son Beaupère, qui en estoit gouuerneur; et fut ordonné que mondit sieur le duc d'El

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