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fantassins et huit cens cheuaux de mesme, qui n'osent monstrer le nez hors la ville, sans se recoigner aussi-tost dans tes portes, tesmoin la belle esquipée de Corbeil 1? Si tu ne m'en crois pas pour le nombre, donne toy la peine de les compter aux reuues'; et ne t'estonne pas après cela si tous leurs exploits ne vont qu'à faire cuire quelque pain aux fauxbourgs, et à l'escorter à la halle pour persuader aux niais qu'ils l'ont conquis à la pointe de l'espée en rase campagne.

Tes Généraux et autres chefs n'ont pas laissé de toucher quatre à cinq cens mil escus. Il est vray que la pluspart d'entr'eux, clinquantez comme ils sont, valent bien pour le moins les troupes qu'ils s'estoient chargez de leuer. On controle les actions du Roy quand il donne mil escus à des Officiers qui vont respandre leur sang à la campagne contre les ennemis de l'Estat. C'est vn prodigue, vn dissipateur. Les Finances sont mal administrées quand on donne deux mil escus pour leuer vne compagnie de cheuaux légers qui va en des pays esloignez pour le seruice de sa patrie; et c'est estre fort modéré, grand œconome et bon mesnager des deniers pu

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« Le dimanche 24 (janvier), quantité de Caualerie et d'Infanterie sortirent de Paris sur le prétexte du siége de Corbeil que tenoient les Mazarinistes, mais en effet pour amuser leurs troupes pendant qu'on rompoit les ponts de Gournay et de Sainct-Maur: ce qui leur empescha la communication qu'ils auoient au pays d'entre les riuières de Marne et de Seine. » Courrier françois, etc. [830] 2 arrivée. Il faut mettre en regard de ce récit la version du Courrier burlesque de la guerre de Paris, qu'on trouvera plus loin. Cette journée est appelée dans les Mazarinades la journée de Juvisy.

" Il se trouua des gens qui éclairèrent de si près les capitaines de la ligue [Fronde] qu'ils découurirent que les reuues qui se faisoient en la place Dauphine, se faisoient le lendemain en la place Royale par les mesmes troupes sous de différens noms de régimens. >>

Mémoires du baron de Sirot, 2 vol., p. 240

blics, quand on donne icy des cinquante mil francs en pure gratification à des particuliers qui ont pris party contre leur Souuerain, quand on paye des quinze mil francs pour leuer vne compagnie seule. Tu peux facilement t'esclaircir de ces véritez; et si tu en doutes tant soit peu, la seconde touche qu'on se prépare de donner à ta bourse, ne t'en rendra que trop certain; comme la troisième et la quatrième qui suiuront bientost les autres, acheueront de te mettre aux abois si tu ne prens auant cela quelque résolution généreuse pour rompre les fers de la tyrannie qu'on t'impose 1. Pourquoy souffrir si longtemps vn ioug si rude qu'il ne nous soit pas seulement permis de parler, parceque ceux que nous faisons volontairement nos maistres, ne trouuent pas bon que nous le puissions faire que comme ils nous sifflent? Ils en veulent au Cardinal. Cependant qui ne sçait que s'il eust voulu satisfaire les chefs de parti du Parlement que ie t'ay nommez, et conseiller qu'on donnast Sedan, le Haure, Montreuil et autres choses de pareille nature, le bien public se fust bien porté ; il n'en seroit pas le perturbateur; il auroit esté le meilleur Ministre qui fut iamais; il faudroit le canoniser.

Est il possible après cela que tu sois encore dupe et que tu laisses si long temps abuser de ta bonté? Vange plustost ton Roy désobéy, mal traité, offensé, attaqué; vange toy toy mesme des maux que tu souffres et de ceux où l'on ne se soucie guères de te plonger à l'aduenir. Quand tu n'aurois autre chose à craindre. que de perdre pour tousiours la présence de ton Roy, ce qui t'est infaillible si tu t'opiniastres en ta rébellion, ne con

'Les arrêts du parlement pour la levée des taxes de guerre sont du 9 janvier et des 13, 16 et 22 février.

sidère tu point quelle seroit pour toi la grandeur de cette perte, et que cette présence est ce qui t'enrichit et te donne la splendeur et l'opulence par dessus les autres villes? Où irois tu chercher le payement de tant d'argent que la Cour te doit? Ne t'aperçois tu point que si elle faisoit son séiour en quelqu'autre ville, tous tes artisans seroient à la faim et qu'il se dépenseroit à Paris moins de douze millions de liures par an qu'on ne fait ?

Déclare toy seulement; et tu seras le maistre de ces factieux criminels qui t'ont armé contre ta patrie. Tu auras les bénédictions du Ciel, les grâces de ton Roy et l'applaudissement de tous les bons François. Oblige le Parlement à sortir de Paris; et tu obligeras ton Roy à y retourner, et auec lui le bonheur, l'abondance, le commerce, la tranquillité, la seureté et enfin toute sorte d'opulence, de félicité et contentement.

Le roi veut que le parlement sorte de Paris, etc. [2762]'.

(11 février 1649.)

Le Roy veut que le Parlement sorte de Paris parcequ'il ne croit pas y pouuoir estre en seureté tant que les factieux de la compagnie y conserueront la puissance qu'ils ont vsurpée.

1 Ce pamphlet n'a de titre ni dans l'édition originale, ni dans la réimpression qui en a été faite à Paris parmi les Diuerses pièces de ce qui s'est passé à Saint-Germain en Laye, etc. [1160]. Il est de Renaudot, au moins à ce que prétend l'auteur de la Conférence secrète du cardinal Mazarin auec le gazetier [742]. Il complète les deux billets colportés par le chevalier de La Valette; et il n'y a pas lieu de douter qu'il n'ait été répandu dans Paris à peu près en même temps et de la même manière.

Les factieux veulent que le Parlement demeure dans Paris parcequ'ils craignent, s'il alloit ailleurs, que le Roy n'eust plus de facilité de réprimer les attentats qu'ils continuent de faire sur son auctorité; d'autant qu'ils ne pourroient pas alors étouffer les sentimens des bien intentionnez de la compagnie, comme ils font auiourd'huy dans Paris par la crainte qu'ils leur impriment des mouuemens du peuple, s'estant rendus maistres absolus de son esprit par diuers artifices.

Voylà véritablement en quoy consiste tout le différend qui menace la désolation de tant de familles et dont nécessairement s'ensuiura, s'il est poussé aux extrémitez, ou la ruine de Paris, le Roy ayant le dessus, ou le bouleuersement général de la Monarchie, le Parlement deuenant le maistre.

Voilà la question qui est à décider, sçauoir qui, du Roy ou du Parlement, sera obéy en France;

Sçauoir si le peuple de Paris aymera mieux ou fauoriser la désobéyssance d'vn petit nombre de particuliers pour les auoir auec soy, soustenant pour eux vne guerre à ses despens, et s'exposant mesme à mourir de faim; ou bien se ranger en son deuoir et iouyr de la présence du Roy, et de la maison Royale et de toute la Cour, auec vn plein repos et toute sorte de félicité;

Enfin sçauoir s'il est plus iuste que le Roy desloge de sa ville capitale, ou que quelques-vns de ses subiets s'en retirent pour quelque temps, iusques à ce que leur séiour y soit compatible avec celuy du Roy.

Le Parlement reconnoissant combien il se rendroit odieux s'il s'engageoit ouuertement dans vne contestation si extrauagante, vous a donné le change (mes chers Parisiens) et a mis en ieu le Cardinal, dont il n'estoit nul

lement question, vous faisant croire que c'est luy qui vous affame, et que tous ces mouuements cy ne sont excitez que pour son intérest, et par son caprice; mais ne vous apperceuez vous point, pauures abusez, que cette cause là mesme ne seroit pas plus plausible ny meilleure à soustenir que l'autre ?

Ie n'entreprens point icy de deffendre le Cardinal. Supposons mesme que sa conduite ne soit pas bonne, qu'il soit noircy de plus de crimes que ne disent tous nos libelles, qu'il soit vn perfide, vn violent, vn intéressé, qu'il ait fait enuahir le tiers de la France par les Espagnols, que ses seruices soient autant de trahisons; mais en quel endroit de ses Registres le Parlement trouuerat-il qu'il puisse prescrire à son Roy le choix de ses ministres ? Quelles loix du Royaume ou quel vsage lui donnent l'auctorité d'obliger le Souuerain à les esloigner quand ils ne luy sont pas agréables? Quel droit a le Parlement, n'estant institué que pour rendre la iustice aux particuliers, de mettre la main au gouuernement de l'Estat? Sommes-nous en quelque République? Et le Roy n'est-il plus que nostre Doge? S'il faut changer le Ministère, n'est-ce pas à la Reine, conseillée par le Duc d'Orléans et par le Prince de Condé, à le faire, et non pas au Parlement?

Le Roy voyant que le Parlement attaque son authorité et met tout en confusion, luy commande de sortir de Paris. Le Parlement refuse d'obéyr à son maistre et ordonne par vn Arrest que le Cardinal sur qui il n'a aucun pouuoir, sortira du Royaume '.

Si le Cardinal estoit Ministre du Parlement, il pourroit

' Du 8 janvier 1649.

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