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mens vous seront plus doux que l'appréhension qui vous bourelle si cruellement dans vostre conscience. Nous sommes obligez de faire des vœux tous contraires à ce Romain, qui pria les Dieux que l'empereur Adrian, qui le faisoit tuer, ne pust pas mourir quand il voudroit. Vostre Éminence nous a fait viure; et nous ioignons nos intérests et nos prières auec ceux de toute la France, à ce que la mort vous déliure bien-tost des misères de la vie. C'est vn droict que vous deuez à la iustice diuine et humaine, et à la nature, contre qui vous auez peché, et que vous ne pouuez satisfaire que par vne généreuse résolution d'expier vos crimes en expirant. C'est ce que desirent très passionnément pour le salut de Vostre Éminence, Monseigneur, vos tres-obligez et tres-affectionnez seruiteurs.

L. I. D. P.

Advis à la Reyne sur la Conférence de Ruel [472] '.

( 4 mars 1649.)

MADAME, voicy le coup de partie qui doit décider de grandes affaires. Iusques icy, le Roy règne paisiblement; vostre Maiesté est Régente; et Paris en estat et en volonté et mesme en impatience de reuoir bientost l'vn et l'autre. Il ne faut qu'vn seul moment et vne résolution mal prise pour changer toutes ces choses puisqu'elles sont en leur penchant et que la Monarchie de France est si

1 Naudé range ce pamphlet parmi les pièces soutenues et raisonnées. Il l'attribue à l'abbé de Chambon, frère de du Chatelet.

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vieille, que le moindre accident peut la mettre à son dernier période. Iusques à cette heure, MADAME, le Conseil d'en haut a creu que le Parlement auoit tort; ie ne diray point maintenant ce qui en est; mais tous les peuples de France soustiennent le contraire; et ils sont bien résolus de maintenir que l'authorité du Roy ordinaire et l'extraordinaire mesme, estendue iusques où les nécessitez d'vne longue guerre la pouuoient raisonnablement porter, n'a point esté violée. Cet intérest public, ioint peut estre à celuy de quelques particuliers, produira, auec le temps, d'estranges monstres et qui pourroient aussi bien renuerser des Royaumes comme des maisons Bourgeoises et des chaumières de Paysans. Il semble, MADAME, que le Ciel, depuis trente ans, ait coniuré la ruine de toutes les Monarchies. C'est pourquoy il faut éuiter soigneusement ce qui peut donner lieu à des réuolutions si funestes. Quand le bon Pilote voit que la tempeste est trop forte, il abbaisse les voiles. Faites en de mesme, MADAME; ne risquez point le tout pour vne petite partie; et n'obligez point le Roy à conquérir des villes en France, comme il fait en Espagne. Cela arriuera néantmoins, MADAME, si vous continuez d'oster le pain et la paix aux Parisiens, puisqu'ils seront forcez de rechercher l'vn et l'autre par les armes. Et comme les affaires ne finissent iamais par où elles commencent, Dieu seul peut cognoistre les accidens qui en pourront suruenir; mais les hommes et les Roys mesmes les peuuent bien appréhender. Quoy qu'il en soit, qui ioue, hazarde; et qui fait la guerre, peut aussi tost perdre que gagner. Le subiect armé contre son Maistre deuient son esgal; et l'authorité d'vn Prince est bien heurtée plus furieusement par des Canons que par des remonstrances.

Or, MADAME, le remède à tous ces inconuéniens est de choisir promptement les moindres; c'est à dire de ne point reietter les propositions très humbles de Messieurs les Députez, crainte que les peuples affamez ne perdent légitimement le respect qu'ils doiuent à Vostre Maiesté; et crainte aussi que ces réuolutions si merueilleuses et si préiudiciables à tant de Royaumes n'achèuent leur cours au préiudice du vostre, si vous ne luy donnez bien tost la paix, en mettant fin à toutes ces guerres tant domestiques qu'estrangères.

E. B. P.

Lettre à Monsieur le Cardinal, burlesque [1813]1.

(4 mars 1649.)

Monseigneur, Monsieur, ou sieur Iules,
le serois des plus ridicules,
Si i'entreprenois auiourd'huy

De parler de vous comme autruy.
Quoy qu'on permette ou qu'on ordonne,
Jules, ie ne suis pas personne

A suivre vn sentiment commun,

Et railler de vous ny

d'aucun.

Je laisse agir la populace;
Qui le voudra faire, le fasse.
le n'en dis mot; car aussi bien
Ce procédé n'est pas chrestien.
Et puis cinq cens lettres escrites,

Qui ne sont rien que des redites,

'Naudé met cette lettre au-dessus des pièces burlesques de Scarron.

L'auteur est l'abbé de Laffemas, fils d'Isaac de Laffemas.

1

Ne me laisseroient pas de quoy
Faire quelque chose de moy.
Ie ne ferois, à bien le dire,
Que copier et que transcrire,
Et n'aurois pas de ce costé,
La gloire d'auoir inuenté.
Donc, si ie produis quelque chose
En ces Carmes que ie compose,
Ce n'est que pour me diuertir,
Ou, pour mieux parler, compatir
A tous les maux où nostre France
Se trouue depuis vostre absence;
Car si nous vous tenions icy,
Nous aurions nos iustes aussi 1.
Hélas! depuis vostre sortie
Toute la ioie est amortie.
On n'entend plus parler de bal;
Et dans le temps du carnaual,
Les canons et les mousquetades
Ont pris la place des aubades;
Et l'on chante, que les Amours
Sont effrayez par les tambours2.
S'il nous auoit esté facile
De vous tenir en cette ville,
Enuiron deuers ce bon temps,
Nous aurions esté plus contens.
Le bourgeois eust quitté le casque.
On eut veu la canaille en masque
Se reiouyr, et (comme on dit)

'Les pièces d'or et d'argent à l'effigie de Louis XIII. On ne leur donne pas d'autre nom dans les Mazarinades. Un poëte du temps a écrit le Voyage des iustes en Italie, etc 4063].

"C'est la chanson qui court. N. D. T.

C'est la Plainte de l'Amour contre la guerre parisienne. Voyez plus haut les Diuerses pièces sur les colonnes et piliers des Maltotiers, etc.

Crier: il a chié au lit.

Mais, hélas! quoy qu'il en pust estre,
Vous n'auez point voulu parestre,
Ayant préféré Sainct Germain

A Paris que croyez sans pain;

Ce qui, pourtant, n'est qu'vne baye ;
Car le Seigneur de La Boulayë
Ce grand Gassion de Conuoy',
Nous ameine touiours de quoy
Nous garentir de la famine,
Soit bœufs, soit moutons, soit farine,
Cochons, et d'autres bestiaux,
Auoine, foin pour nos cheuaux,
Enfin le gaillard ne sort guères
Qu'auecque ses portes cochères,
Il ne reuienne du danger

Pour nous donner de quoy manger.
Mais tout cela, quoy qu'on en die,
N'est pas pour faire longue vie;
Et ie crains fort que le blocus
Ne mette à sec tous nos escus;
Car Blocus est vn capitaine
Qui nous donne bien de la peine,
Et qui, sans se mouuoir d'vn lieu,
En peut bien faire iurer Dieu.

C'est
Éminence
vn mal que vostre
Nous fait souffrir par son absence.
Vous deuriez estre, en ce besoin,
Vn peu plus près, ou bien plus loin.
Outre qu'en ce temps difficile
Personne n'a ny croix ny pile;

Les riches sont bien empeschez.

Il y a de ce passage un curieux commentaire dans la Lettre ioviale au

marquis de La Boulaye. Voyez plus loin.

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