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Qu'il vienne personnellement
Vingt mille chapons seulement.
Que de chapons dans vne Epistre!
Mais i'en suis sur vn bon chapitre;
Et ie n'ay point des complimens

Si

gras que vos chapons du Mans.
Ie le dis et ne m'en puis taire,
le le redis et réitère,

Que, foy d'Autheur, ie vous respons
De faire honneur à vos chapons.
C'est là mon dernier mot pour rire.
C'est le mieux que vous puisse escrire
Celuy qui fut, est et sera

Votre très humble et cétéra.
Si ie signois Cheualier George,
l'aurois menty non par la gorge,
Mais i'aurois menty par les doits.

Fait à Paris en badaudois,
L'an que toute arme estoit fourbie,
Pendant vn Caresme amphibie,
Moitié chair et moitié poisson,
Moitié farine et moitié son.

Lettre d'Auis à Messievrs dv Parlement de Paris, escrite par vn Prouincial [1837]'.

(4 mars 1649.)

Messieurs, i'ay à vous demander pardon d'abord si i'ose faire porter à cette lettre le titre d'auis à vostre

1

Il n'y a peut être pas de Mazarinade qui ait fait plus de bruit dans le temps et reçu plus d'éloges. Naudé la cite comme un exemple de ce que

cour, parcequ'il semble que ie veuille donner de la lumière au soleil, ou des eaux à l'Océan; néanmoins mon excuse vous paroistra peut-estre légitime, si ie vous dis que les plus grands esprits, pour estre trop attachez aux réflexions qu'ils font sur de hautes affaires, choppent assez souuent en celles qui sont fondamentales, parcequ'ils les négligent comme leur paroissant trop petites. L'on a remarqué le tour que fit vne Milésienne au Philosophe Thalès elle le voyoit tousiours occupé dans la contemplation des astres, et les yeux fichez sur les cieux, et mesme en marchant par les rues; pour luy faire pressentir qu'il deuoit penser premièrement à ses pieds, elle mit quelque escabelle deuant luy, qui le fit tomber. C'est en vain qu'on coupe les branches de ces mauuaises plantes qui s'attachent aux bonnes; si l'on n'en arrache la racine, le premier printemps leur redonne la naissance, et les fait bien souuent repousser auec plus d'étendue. Il vous en peut arriuer de mesme dans la conioncture des affaires présentes; car si vous ne déracinez les désor

sont les bonnes pièces dans leurs formes extérieures : l'impression, le titre, ie nombre des feuilles, et dans leurs formes intérieures : la composition et le style. Guy Patin en fait grand cas; et Mailly ne manque pas de la signaler.

Dès son apparition, une vive polémique s'engagea sur plusieurs passages de la Lettre et particulièrement sur celui-ci : « Les roys cessent d'estre roys quand ils abusent de leur authorité. Les suiets sont déliés de leurs sermens quand les roys contreuiennent aux leurs. » On ne compte pas moins de neuf pièces de cette controverse qui sont : Réponse et réfutation du discours intitulé: Lettre d'auis, etc. [3443]; Réplique au suffisant et captieux censeur de la Lettre d'auis, etc. [3353]; Censure de l'insuffisante et prétendue réponse faite à la réfutation de la Lettre d'auis, etc. [669]; Véritable censure de la Lettre d'auis, etc. [3924); Donion du droit naturel diuin, etc. [1170]; Ruine du mal nommé ou le foudroiement du Donion, etc. [3567]; Retorquement du foudre de Jupinet, etc. [3526]; Iugement et censure des trois libelles: la Réplique, le Donion et le Retorquement, etc. [1773]; Discours chrétien et politique de la puissance des roys, etc. [1103].

dres qui s'attachent maintenant au Ministère, vous y pourrez bien en effet apporter quelque amendement ; mais le principe y demeurant, ce sera tousiours à recommencer; et vous vous exposerez au hazard de les reuoir dans peu de temps régner, et peut estre auec beaucoup plus de violence. Prenez donc en bonne part, Messieurs, quelques réflexions que faisoit naguère vne compagnie assez considérable dans la Prouince sur les mal-heurs de nos iours, et qu'elle me pria de vous addresser. Ie l'aurois fait plustôt sans que nous ne receuions à toute heure de la part des Ministres de Saint-Germain que des gazettes et des billets, où l'on disoit que Paris estoit aux abois, que l'ardeur des bourgeois n'estoit qu'vn feu de paille, que la prise du village de Charenton et de Brie auoit mis la consternation si auant dans leurs esprits qu'ils estoient prests de se mutiner contre vous et contre vos chefs, que la diuision s'estoit mesme desia glissée parmy les Généraux; en vn mot, qu'ils estoient sur le point d'aller à Sainct-Germain, la corde au col, pour demander pardon de ne s'estre pas laissé mourir de faim. En effet vne nouuelle qui nous vint en mesme temps de Paris, nous confirmoit en quelque façon tout cela, qui portoit que vous parliez desia d'accomodement, et que mesme vous condescendiez à vne paix, dont les articles estoient fort peu auantageux, pour ne pas dire pis. Mais vostre poste nous a enfin désabusez et asseurez du bon ordre de vostre ville et de la bonne intelligence qui est entre les Bourgeois et vous. Ce qui m'a obligé de despescher la présente et de vous l'enuoyer, afin que si vous venez à quelques termes d'accomodement, vous examiniez quelques causes que ie marque, d'où nous croyons que prouiennent tous nos maux, et que vous

y apportiez le remède que vous iugerez estre néces

saire.

La première cause que nous trouuions, est que vous ne faites pas assez de réflexion sur ce que vous estes. Nous ne sommes généreux qu'autant que nous le croyons estre, comme nous ne sommes poltrons que pour auoir trop de défiance de nos forces; c'est pourquoi, dit-on, Dieu ne voulut pas donner aux animaux la connoissance de ce qu'ils pouuoient; autrement l'homme n'auroit iamais pu en venir à bout ny les dompter comme il fait. Si vous auiez considéré plustost le rang que vous tenez dans l'Estat, et le suiet de vostre establissement, vous n'auriez pas supporté toutes les indignitez qu'il vous a fallu misérablement souffrir durant le règne passé et pendant la Régence; et vous vous seriez opposez fortement à tant de concussions qui se sont commises à l'oppression des peuples, dont vous deuez estre les Pères et les Protecteurs.

Car l'on ne peut oster à vostre Parlement, qu'il ne soit le soleil de toute la France et peut estre de toute l'Europe, puisqu'il n'y a guère de Prince qui n'en reuère les Arrests (tesmoins les sentimens de l'Archiduc Léopold qu'il vous a fait déclarer par son courier1) et qui ne croye pas qu'ils partent de la cour de ces grands Areopages ou du Sénat Romain en sa splendeur. Comme à vray dire, vous n'estes ni moins Vénérables ni moins Augustes qu'eux; et si vn second Cynéas vous voyoit en corps, il pourroit dire à iuste titre ce que dit l'ancien, en voyant la cour Romaine : que la vostre ne lui sembleroit pas vne assemblée d'hommes, mais vn consistoire de Rois. Sou

Véritable harangue faite à messieurs du parlement par le courrier.... de S. A. l'archiduc Léopold, etc. [3936].

Vénalité des charges de Ius

tice, cause de nos

maux.

uenez-vous donc, Messieurs, que vous estes ces Dieux Consentes, sans lesquels les Roys ne peuuent rien faire de iuste ny de conséquence dans le gouuernement de leurs peuples; que vous deuez estre l'azile et les Génies tutélaires de toute la France, la Lumière des bonnes mœurs, et les Maistres de l'équité; que vous estes les premiers mobiles qui faites mouuoir toutes les Prouinces par le contrepoids de vos iugements, et que vous les emportez par rapidité; en vn mot, que vostre Compagnie doit estre composée de tout ce qu'il y a de meilleur et de plus excellent en tout le Royaume, puisque de vous dépend toute la Iustice qui s'y exerce. Aussi n'y a t'il personne qui vous dispute ces qualitez; toutes les Villes et les Prouinces se rendent obéissantes à vos Arrests; et tous vos frères des autres Parlemens ne parlent de vous qu'auec des respects qui vous sont deus, et par vostre mérite et par le droict d'ainesse et de primogéniture; si bien qu'il vous est très facile maintenant, et ie dis dauantage, vous estes obligez de reprendre vos premières brisées, et de rentrer dans la glorieuse iouissance de tous vos droicts et priuilèges, pourueu que vous soyez aussi généreux et constans à les poursuiure, que les Prouinces sont disposées de vous assister de ce qui vous sera nécessaire.

La seconde chose que nous remarquions pour estre la cause de nos malheurs, est la vénalité de vos charges; elles ne deuroient estre que des récompenses d'honneur et de mérite, comme elles estoient autrefois; et néanmoins elles sont montées à des sommes si excessiues, que la perte d'vne seule emporte bien souuent auec soy la ruine totale d'vne, et parfois de plusieurs familles. De là vient que pour vous en exempter, vous estes con

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