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Des ducs et pairs, des mareschaux
Louer mon hostel à cheuaux

Et dire que mon Éminence

Sçait mieux iouer qu'homme de France.
Ie l'auoue c'est grand plaisir;

:

Mais parlons vn peu à loisir.
Respondez-moi, Messire Iule,
Qui passez pour parent d'Iule,
Parce que nous sommes tous venus,
Nous et luy, de dame Vénus,
Si cette gloire vous agrée
D'auoir l'autorité sacrée,

Quoique vous ne le soyez pas 1,
Que regarder de haut en bas,
Nous commander à la baguette
Soit ce que vostre cœur souhaite,
Donnant pensions et breuets
Iusqu'au moindre de vos laquais,
Ce n'est vn ergo nécessaire
Qu'aussi cela nous doiue plaire;
Et c'est assez qu'en bons François
Nous obéyssions à nos Rois;

Car enfin nous sommes trop braues
Pour deuoir estre vos esclaues.
Si vous vous fussiez contenté

De quelque médiocrité,
Si, sans usurper la couronne

Ou du moins le droit qu'elle donne,
Vous eussiez, en homme d'Estat,
Serui nostre bon potentat,

Vos défauts et vostre naissance

N'eussent pas tant choqué la France;

'L'auteur de la Lettre à monsieur le Cardinal, burlesque, dit:

Quoy que ne soyez in sacris,

N'ayant ordres donnez ny pris.

Et d'vn accès de charité
Elle eust encor patienté;

Mais à présent, mon cher Compère,
Vostre départ est nécessaire;

Car il est certain que

Paris

Vn jour reuerra son Louys,

Que vous n'auez pas espérance

De transporter hors de la France,

Ainsy que

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Pour vous fort bien, pour nous fort mal,

Or le Roy reuenant en ville,

Ie vous crois homme trop habile,

Et pourtant ne l'estes pas trop,
Pour y reuenir au galop,

Au trot, au pas ou d'autre sorte;
Car eussiez-vous meilleure escorte
Que n'auiez dans vn autre temps
Allant au palais d'Orléans,
Ie vous iure par ce Burlesque
Qu'vne meschante soldatesque
Iure tous les iours par sa foy
De vous couper ie ne sais quoy
Qu'on coupa iadis à vn autre
Dans vn pays fort voisin du vostre
Et qui mesme estoit, ce dit-on,
Vn peu de meilleure maison.
Les femmes sont encore en vie
Qui de vous traitter ont enuie
Comme Conchino Conchini,

Iuste rime à Mazarini.

C'est pourquoy, si vous estes sage,
Allez faire vn petit voyage
Jusqu'au climat sicilien,

Si mieux n'aimez l'italien

Que deuez aimer dauantage;

Car il me souuient d'vn passage
Qui dit que le cœur et l'argent
Vont tousiours ensemble logeant.
Vous respondrez qu'auez en France
Encor beaucoup plus de cheuance,
Que derechef Partis et Prests
Doiuent grossir vos intérests;
Mais c'est iustement l'encloueure;
Et c'est pour vous à la malheure
Que, pour empescher tels desseins,
Paris en veut venir aux mains.
On crira tousiours: guerre! guerre !
Si vous ne quittez cette terre;
Et nous serions soudain d'accord
Si vous estiez absent ou mort.
Ainsy donc par vos limonades,
Par vos excellentes pommades,
Par la bonne odeur de vos gands,
Par le mouuement de vos glands,
Par vostre petite calote,

Par vostre teste vn peu

falote,

Par les singes que tant aimez

Qui comme vous sont parfumez,

Par les belles Mazarinettes,

Par toutes les marrionnettes,

Par la robe des Théatins,
Par les grands Manes Iacobins,
Par Beautru, par Tubeuf, par Lopes,
Par les masses et par les topes,
Par point, sequence et par fredon,

Par tout ce que vous trouuez bon,

'Guillaume Bautru, un des courtisans du cardinal; Charles Tubeuf, président à mortier au parlement de Paris; Lopès, marchand portugais, qui avait été fort avant dans la faveur de Richelieu, et Mazarin recevait familièrement. On peut voir son Historiette dans Tallemant des Réauv.

que

Par tout ce que dire ie n'oze,
Ni dans les vers ni dans la prose,
Surtout par la feste des rois,
Par vn blocus depuis deux mois,
Par la cherté de la farine,
Par la crainte de la famine,

Par la perte de nos traffics,
Par la réforme des tarifs,

Par la discorde des deux frères',
Enfin par toutes nos misères
Dont nous gardons le souuenir,
Allez sans iamais reuenir.

Raisons d'estat contre le ministère estranger

[2962]'.

(11 janvier 1649.)

Vous me demandez ce qu'on pensoit de mon temps de la confiance que la Reine Mère, Marie de Médicis, auoit establie au Maréchal d'Ancre. Moy qui, sans m'intéresser beaucoup à ce qu'on faisoit à la Cour, i'ai tousiours trauaillé et pris soin pour m'instruire de ce qu'on y deuoit faire, ie vous aduoue que ie suis beaucoup empesché de quelle façon ie vous dois obéir. Mon aage ny mes occupations ne me permettent pas de composer vn volume sur cette matière; et pourtant ie scay bien qu'il y a suffisamment pour en faire vn; pour en faire vn; de sorte que ie

Le prince de Condé et le prince de Conty.

2 C'est une des bonnes pièces, suivant Naudé. Elle se continue en quelque sorte dans l'Anathème et l'excommunication d'un ministre d'Estat estranger qui suit.

vous satisferay sans doute imparfaitement. Cependant il ne faut pas consulter de faire ce que vous m'ordonnez; et tout ce que ie puis dire, est de vous escrire en abrégé les sentimens de nostre vieille Cour et d'y ioindre vn extrait des temps et des Histoires pour vous monstrer les Estrangers ne doiuent point estre admis au maniement des affaires publiques.

que

C'est vne maxime politique receue de tout temps, que les Estrangers introduisent les mœurs et les vices de leurs pays dans celuy qu'ils viennent habiter, qu'ils y corrompent toutes choses, et que de cette corruption naissent les vices, qui donnèrent autrefois suiet au prophète Ézechiel de s'écrier contre Hiérusalem : « Ta souche et ta génération est de la terre de Chanaan; ton père est Amorrhéen, et ta mère Céthéenne. » C'est pourquoy le Sage défend absolument d'admettre les Estrangers aux honneurs qui sont deus aux véritables Citoyens. transfère point aux Estrangers les honneurs qui te sont deubs, et ne commets point tes iours à l'homme cruel, de crainte que les Estrangers ne se fortifient de tes forces, et que les fruits de tes trauaux ne passent dans vne main estrangère.

« Ne

Ce mesme fondement a seruy au Philosophe dans sa Politique pour luy faire dire hardiment que le moyen de destruire vn Estat est d'y appeler des Estrangers. Ce qu'il fortifie par vne longue suite d'exemples, faisant voir que tous les Estats qui les ont receus, ont été renuersez par eux ou par les diuisions ausquelles ils ont donné naissance, parceque tout ce qui n'est pas de mesme nature que le reste, est vn principe de diuision, et toute diuision emporte auec soy la ruine de la chose diuisée. C'est pourquoy en toutes les Républiques bien policées,

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