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Dialogve de deux Gvépeins sur les affaires du temps [1078] *.

(11 janvier 1649.)

Louet : Ha, ha, hé Dieu te gare, mon cousin Brase. Brase: Ho, ho, bon ior don, mon cousin Louet.

Mordié, que ie te voy le vesage chagrigneux et

maussade.

--Asseuzément que tu as quioque dafficusté dans ton

intesieur.

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Iarnidié, ie le cray bian; car tot est pardu.
Testedié, tu es tréjours aussi affaizant que de cous-

Là, là, i̇'ay bian raison de m'affaizé. Si tu auas ouy de tes proupres ozilles cela que i'ay entendu, tu n'en fezais pas mins.

-Ie ne sçay pas quelque tu veux dize; mais en m'a dit que i'azin diminution, stannée, du qu'art de nos Tailles. Est-ce là ce que tu en sçay? Y nia bien d'autres nouuelles ; c'est qu'in nommé Margazin veut tot demanché et dapsé ce que nos bons Monsieurs du Parlement auint prin grand peine à faize.

Et qu'est donc cet ouuriais-là?

C'est in qui est venu de l'Estallye.

- De l'Estallye! tan pis. Ces Estallians n'ant fait que des trébouillemens dans la France. I'ay bean mémoize

'Naudé le qualifie d'un des plus agréables et ingénieux livrets que l'on ait faits contre le cardinal. On appelait alors guépeins les habitants de l'Orléanais

d'iune qu'on appelet la Roene Catelene. l'attas encoze ieune verdlouzio; mais iarnidié, a fit bean du mau. Pis après auons eu Mazie, la mèze du défunct Roe. A l'attet assé bonne fanne; mais a lamenit le Marquis d'Ancre. Y velet estre le maistre. Y chassit et accartit tot nos bons Princes, comme sticy veut faize.

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Mais que ly dit donc noutre Roene?

- A n'en dit rean; a ly lasche tot faize.

Y veut rebailler encoze les Tailles aux Maltoutiers et faize reuenir Bar::::

- O teste dié, si y fait reueny ce vouleux-là, tot est pardu; iamais ie n'en releuezon. Asteuze qu'il a tot mangé et accorché tot ces pauures gens de la Biauce, et qui sont tot ruiné, y se ietteza sur nous.

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Va, ie trouuezon des amis.

On fait Bar:::: si meschant; mais il ne les pas, non. Nan m'a dit qu'y n'attet que le valet des Maltoutiez qui auint prins la Taille et qu'il fallet qui fist tot ce quy velint; autrement y l'eussint chassé. Aussi y ly baillint bon gage; mais nan dit qu'il a tot manché ses seruices à leux baillé des carluzes de vantre et qu'il est gueux as

teuze.

le

pus

-Yn'y a que son bon voleux de Sécrétaize qui a esté fin. Possible aussi nourrira il son maistre. -Laschons là tote cette canille de Maltoutiez. Le bon Dieu les puniza tou ou tard. Il ont trop fait de malusion. Mais conte moï ce qui se passe.

- Pardié, men enfan, il ont fait emporté noutre bon petit Roé à sainct Germain, la nué des Roés, le pouure enfant! et pis il ont enuoyé des soudars à l'entor de Pazis pour empesché qu'y ne leux vint des harnas de geule.

Mourdié, cela lez a bian aponté; et ie panse que

nous pouures Monsieux du Parlement attin bian abalobez.

Pas tant; car il auint encoze in petit de pain et de vin qu'an ne se doutet pas; et pis après, il ont leué des soudars por en faire venir tot leur sou.

A tou hasards, i'auon poussible bian deux cens poinsons de vin tot peur d'auuarna, moé, mon frèze Cidras et mon frèze Marcoux. Ie vouras qu'il en tinsint chaque nan et qui ne leuinssint point de soudars; autrement tot est pardu, si le bon Dieu, la bonne Vierge Mazie, Monsieur Sainct Loup et Monsieur Sainct Ambrase, nos bons Patrons, ny boutte la main.

Mais ny auet pas moujan de les bouté d'écord auparauant qu'y s'enharnachissint pus auant dans ce trébouillement là. Que n'assembloint y tou leux bons émys? Mourdié, c'est dommage que nos deffuncts bons parassians et vartuzeux personnages ne san en ce monde : Braze Vaillant, Iean Démouseux, Loup Faucheux, Thomas Ieunssin, Sidiac Vaillant, Dauid Gigot, Fiacre Sornicle, Bastian Poiulane, Iacob l'Auesque, Pasqué le Groux, Thomas Barbé, Gentian Iauoy, Fiacre Malesio, Toussaincts Panasse et tant d'autres hébilles gens qui sont

morts.

Hé, où sont-y asteuze? Jarnidié, y ne lascherint pas ça d'emparla. Ils en viarint bien à bot, eux; ils en ont bian dabrouillé d'autres en leu temps, d'aussi plantuzeuse importation qu'eux.

Par la morgoué, y faut y bouté ordre auant que cela sat pus auancé; autrement y nous fezint inne guairre qui nous reineret de fon en comble.

Quant i'y pensé, i'auon encoze bian pardu à la mort de l'Euocat Boudin. La morgoué, qu'il auat vne

belle loquence et eust bian débagoulé tot noustre fé. Ie l'eussins habillé d'vne belle Iaquette à ruejos d'orgues, les clezons à point luezans; et si i'en eussins esté quettes à bon marché; car ie m'assuze qui se fust contenté d'vn quart de vin.

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Il en fauret d'abauché quéqu'autre.

- Mordié, quand y sont vn petit sauan, y font trop les fiollans. Hé, y faudret prendre queuque fort Pourcuzeux qui sceut le tran tran des affezes; car n'y en a qui ont si bonne gueule.

Ouy, mais y n'auon point de Latein dans le corps. Ho, il n'en peut chaloué pou le Latein; car cela sent l'Estallian; et en n'en veut pas ouy parlé.

- Pardié, si n'en me veut crézé, i'iray bian, moué, et fezay. vne harlangue à la Roene, pourueu que sas accotté d'vne douzaine des pus appazans des Parrasses d'au long de nous.

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En connas-tu bian quéqu'vn en chaque Parrasse? cela soulageret nos frais.

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Aga, depez que ie n'allon pus au Corsaincts, ie ne quenasson pus personne de nos voisins.

- O bian, y ny a remède. Quand tot cela se feza à nos despens, ie n'en mouzon pas; et si ie fezon grand bian por tote la France et por noute Parrasse; i'y vauras desià estre. Ie diras à la Roéne : « Madamoiselle la Roéne, si vous voulez bouté le dafinement à tous ces trébouillemens illec, y faut que vous boutiez dehors de la France ce Margazin qu'en est cause, qui no baille tant de ches mement, et que vos remené nostre petit Roé dans son Louure et qu'ou si mandez Monsieur nostre Du et tous nos bons princes et nos bons Monsieurs du Parlement, et qu'a leus dizes à tretous : « Messieurs, ie ne me veux plus

mesler de rian que de prier Dieu. Faites les affaizes de mon Fils en sen Réaume, et la paix aussi auec mon Frèze, le Roé d'Espagne; et pis tous nos soudars et les siens

iront contre le Teur. »

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Mordié, Garçon, que ta goulle pette bian! Iarnidié, que ie serin aize, et elle aussi; car après ça, ie leu diras tot ce qui fauret qui fissiens por rebouter tot en ordre; mais le principal seret d'apprendre bian le mettié à nostre petit Roé, per à celle fin qui ne laschit pas faize vn autre; car quand in maistre lasche faize sa breugne à son valet, cela ne va pas bian. Pren le par toué mesme.

-Tu dis la vésité; mais agatean, ceux-là qui sont auprès de ly, ne ly aprenron pas, por qu'il ayt tousiours affaize d'eux.

Lettre d'vn Religieux enuoyée à Monseigneur le Prince de Condé, à Saint-Germain-en-Laye, contenant la vérité de la vie et mœurs du Cardinal Mazarin. Auec exhortation audit Seigneur Prince d'abandonner son party [1695]'.

(18 janvier 1649.)

MONSEIGNEVR, les faueurs, et les insignes bienfaits par lesquels vous vous estes acquis les cœurs, les affections et les vœux de tous ceux de nostre Ordre, en quelque endroit qu'ils soient dans toutes les parties du monde, obligent à présent, par vn malheur inopiné,

Naudé et Guy-Patin l'estiment à l'égal de la Lettre du chevalier Georges de Paris, qu'on trouvera plus loin. L'auteur est M. Brousse, curé de Saint-Roch.

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