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l'Asie. Le troisième était réservé aux langues d'Amérique et de l'Afrique; ce fut ce dernier que l'on n'édita point 1.

Aujourd'hui les ouvrages sur la linguistique américaine sont un peu plus nombreux, et en dehors des grands noms d'Adelung, de Vater, et de Guillaume de Humboldt, on doit citer en première ligne les travaux de Duponceau 2, de Bradford 3, d'Albert Gallatin, de Henri Schoolcraft, de Pickering et de J. C. Ed. Buschman ".

La grammaire et le dictionnaire dacotas, édité par les soins du pasteur Riggs, est un monographie d'autant plus intéressante, que la langue de cette tribu est une des plus belles de la branche indienne, et qu'elle est parlée par toutes les peuplades de la famille Sioux, les Winnebagoes, Dahcotas, Yanktons, Tetans, Assinaboins, Quapaws, Osages, Otoes, Omahas, Minitarées, Mandans, Upsarokas et Cheyennes.

Mon ami et savant confrère à la société des antiquaires, M. Alfred Maury, a dit avec raison en parlant de cette langue, dans son nouvel et intéressant ouvrage intitulé: La terre et l'homme 8. « C'est un des idiomes américains qui offre, de la manière la moins prononcée, la tendance polysynthétique ou holaphrastique, quoiqu'on l'y retrouve cependant encore avec un caractère spécifique. Mais, en une foule de cas, cette langue reproduit la simplicité des idiomes polynésiens. Les lettres emphatiques, aspirées et gutturales, y sont d'un emploi fréquent; les mots sont aussi souvent terminés par une nasale trèsforte. Toutefois, comme l'on n'y observe pas une grande agglomération de consonnes, et que la plus grande partie des syllabes se termine par un a, le dahcota n'affecte pas un caractère de dureté bien prononcé. Les lettres sont soumises à des changements réguliers suivant celles avec lesquelles elles se rencontrent, ce qui rappelle à certains égard les règles d'harmonie des langues scytiques ou ougro-tartares. Un grand nombre de racines verbales peuvent tour à tour passer à l'état de verbe et à celui de participe, par l'addition de préfixes causatifs ou de particules. Le verbe présente aussi différentes voies, telles que la voix active, la voix fréquentative, la voix possessive, la voix attributive, lesquelles se forment par l'addition de certaines syllabes, ou l'incorporation de pronoms, ou même par certains changements d'une lettre radicale, ce qui rappelle les conjugaisons fortes des alle

1 La 1re édit. des Linguarum totius orbis vocabularia comparativa (St-Pet., 1787-1789) n'eut en effet que 2 vol., et dans la 2e édit. en 4 vol. in-4° (17901791), la partie des langues américaines a été également négligée.

2 Voy. Mémoire sur le système grammatical des langues de quelques nations de l'Amérique du Nord. Paris, 1838. Ce mémoire ne manque point d'intérêt, mais sa Théorie polysinthétique n'est basé sur aucun élément sérieux.

8 Recherches sur l'origine et l'histoire de la race rouge. New-York. 1841, in-8°. Voy. Synopsis of the indian tribes of North America. 1836, in-8°. Dans l'Histoire des tribus indiennes, de Schoolcraft, on trouve une lettre de l'auteur sur les matériaux qui ont servi à la confection de son travail.

5 Voy. Oneota, or the red race of America, in-8°, et son fameux ouvrage : Conditions and prospects of indian tribes, 2 vol. in-40.

16. An essay on an uniforme orthography for the indian languages of Northern America. Cambridge, 1820, in-4.

1 Der attrapaskische sprachstamm. Berlin, 1856, in-4.

8 La terre et l'homme, ou aperçu historique, de géologie, de géographie et d'ethnologie générales, pour servir d'introduction à l'histoire universelle, ¡par L. F. Alfred Maury. Paris, 1857, in-12. N, 444.

mands. Le dahcota reconnait deux genres dans les substantifs, et deux nombres; il ne distingue que deux cas, le nominatif et le cas indicatif du régime; enfin, dans les adjectifs et dans les verbes, il se sert d'un duel, qui n'est point usité, au contraire, pour le substantif. C'est en général sur ces deux premières parties du discours que porte l'action du nombre. Le nom, en effet, ne reçoit pas souvent la termi naison du pluriel, et cette terminaison est simplement attribuée à l'adjectif ou au verbe qui la suit; dans le verbe lui-même, l'usage du duel est limité à la première personne, quand on parle de soi ou d'un

autre. »

Les Dacotas résident près du confluent du Mississipi et de la rivière de Saint-Pierre, depuis deux cents ans environ. La contrée qu'ils habitent était auparavant occupée par les Jowas qui s'enfuirent à leur approche, et leur abandonnèrent cette riante vallée. Quant à eux ils venaient de Mille-Lacq, qu'ils appellent Isantambe. C'est de cette première résidence que leur vient probablement le surnom d'Isanyati qui leur est donné par les Dacotas du Missouri.

La tribu des Dacotas est divisée en trois groupes. I. Les Isanyati, subdivisée en Mde-Wakantonwan, Wahpetonwan, Sisitonwan et Wahpekute, qui résident sur les bords du Missipipi. II. Les Ihanktonwan, subdivisés en Hunkpatidan et Ihanktonwanna. Tonwan, signifie habitant et lank extrémité, surnom fort naturel puisque ces sauvages demeurent à la source du Mississipi. Leur dialecte diffère beaucoup de la langue des Dacotas. Ainsi, où le Warpetonwan prononce h. d., le Ihanktonwan dit k. n., et le Titonwan, g. 7. Ainsi les Oglala, qui forment un clan des Titonwan, sont appelés par les Ihanktonwan Oknaka et par les Isanyali Onkdaka. Le final dan qui, dans le dialecte isanyati signifie un, seulement, petit, se dit na en ihanktonwan, et la en titonwan. III. Les Titonwan constituent le groupe le plus important des Dacotas.

Le mot Dacota signifie allié, uni; quant à leur surnom de Sioux, il paraît leur avoir été donné par les anciens commerçants français, et il n'est employé que par ceux qui vivent auprès des blancs.

Les Assinaboins faisaient autrefois partie de cette redoutable confédération, mais l'enlèvement de la femme d'un chef par un guerrier de cette tribu les forcèrent à se retirer de la confédération et à porter leurs penates au loin. Il est fâcheux qu'à défaut d'épopée, nous ne puissions faire connaître la légende d'Ozalapaïla, cette nouvelle Hélène.

La confédération, telle qu'elle existe encore aujourd'hui, comprend un nombre infini de clans, tous liés par une sorte de franc-maçonnerie, mais parfaitement distincts, par ce que nous appellerons leur matière médicale. En effet, cette tribu a, contrairement aux nations civilisées, un grand respect pour la médecine et pour ceux qui l'exercent, et chaque clan a un système particulier de médication qu'il est interdit de dévoiler aux autres.

La religion de ces sauvages est assez compliquée. Ils croient à un Etre suprême qu'ils appellent le Grand-Esprit, créateur de toutes choses excepté du tonnerre1, et au-dessous de lui d'autres dieux, moins puissants, mais aussi redoutés.

1 D'après les Dacotas, le dieu du tonnerre est un grand oiseau à face humaine, qui effraie en volant les autres oiseaux. Ceux-ci, par leur tremble. ment à sa vue, produisent le bruit de la foudre.

Au premier rang, on doit citer le dieu Unk-ta-he (Onkteri), le Dieu des eaux. C'est lui qui communique aux médecins leurs pouvoirs surnaturels. Ensuite vient Chah-o-ter-dah. Ce dieu habite dans les forêts, sa maison est au pied d'un arbre sur lequel il aime souvent à se reposer. Par son pouvoir il attire autour de lui les oiseaux des bois environnants, qui lui servent de sentinelles et l'avertissent de ceux qui l'approchent. Le dieu du tonnerre est son plus cruel ennemi. Whitte-ko-kah-gah est le dieu de la terre et protége les chasseurs. Wa-hun-de-dan, surnommée l'Aurore boréale, et quelquefois la Vieille Femme, est la déesse de la guerre. Il y a deux divinités qui lui sont inférieures, mais que les Indiens prêts à combattre invoquent également, ce sont les dieux Eah ou Grosse-Bouche, et Schun-Schun-ah, ou Lever du soleil.

Un clan des Dacotas adore le dieu Ha-o-kah, dit le Géant, qui tue ceux qu'il regarde. Les fêtes qu'ils célèbrent en son honneur méritent d'être rapportées. Les hommes seuls assistent à cette cérémonie; ils n'ont aucun vêtement, si ce n'est une ceinture à laquelle pendent des lanières en écorce de bouleau, leur tête est couverte d'un bonnet de même écorce, en forme de mitre. Au milieu du wigwam se trouve un brasier ardent, sur lequel sont des marmites remplies de viandes. C'est autour de ce brasier que les sauvages exécutent en chantant les danses les plus effrénées. De temps à autre ils puisent dans les marmites quelques morceaux de viande qu'ils ne doivent manger que brùlants, et recommencent ensuite à danser et à crier. La cérémonie se termine par une ablution d'eau bouillante sur les reins, pendant laquelle les assistants chantent une complainte sur la fraîcheur du liquide, prétention singulière, mais qui s'explique par leur croyance dans la protection des dieux qu'ils adorent et dont la souveraine puissance doit les préserver de toute douleur1.

Les autres dieux sont Wakynyan, ou l'homme de l'ouest; Wehiyayanpa ou l'homme de l'est; Itokaga-Micaxta, ou l'homme du sud, et Takuakanxkan, le dieu du mouvement.

Les prêtres n'ont point de marques distinctives particulières; ils forment une classe à part. Leur office n'est pas héréditaire. Les femmes prennent part à leurs cérémonies, prédisent l'avenir et prétendent retrouver les objets perdus. Les prêtres sont indifféremment appelés docteurs, médecins, sorciers.

Ils se servent d'une langue sacrée, inintelligible au peuple, et composée pour la plupart de mots savants, conventionnels ou empruntés à d'autres dialectes indiens 2. Ils n'ont aucune poésie, car on ne peut considérer comme telle, des chants sans suite, entrecoupés d'un hi, hi, hi, hi, hi, prolongé.

Les Dacotas comptent leurs années par hivers et leurs journées par nuits comme les anciens Gaulois. Ils ne connaissent point la division par semaine, et partagent l'année en lunes et non en mois. Chaque lune a un nom correspondant à nos mois.

Wi-thei, la lune rude, ou janvier.

1 La danse est le principal amusement de toutes les nations sauvages, et des Dacotas en particulier. Leurs plus célèbres sont la danse du scalpe et la danse du chien.

2 Ils appelleront un homme, bipède, un loup, quadrupède. Au lieu de dire mini pour de l'eau, ou cau pour du bois, ils emploieront les mots nide et paza, empruntés à un dialecte voisin.

Wicata-wi, ou février.

Istawicayazan-wi, la lune à l'œil malade, ou mars.

Magaokada-wi, la lune pendant laquelle les oies pondent leurs œufs, ou avril. Ce mois est également appelé wokada-wi et watopapi-wi, la lune pendant laquelle les fleuves deviennent navigables.

Wozupi-wi, la lune des semences ou mai.

Wazustecasa-wi, la lune pendant laquelle les fraises deviennent rouges, ou juin.

Canpasapa-wi, la lune pendant laquelle les cerises mûrissent, ou juillet. Ce mois est aussi appelé wasunpa-wi, la lune pendant laquelle les oies se couvrent de plumes.

Wasuton-wi, la lune de la moisson, ou aoûti.

Psinhnaketu-wi, la lune pendant laquelle on couche le riz pour le faire sécher, ou septembre.

Wi-wazupi, écrit quelquefois Wazupi-wi, la lune pendant laquelle le riz sèche.

Takiyuha-wi, la lune pendant laquelle les bêtes fauves s'accouplent, ou novembre.

Tahecapsun-wi, la lune pendant laquelle les cerfs perdent leurs bois, ou décembre.

La langue dacota avait été déjà l'objet de nombreux travaux et dernièrement, en 1852, un membre de la mission de Dacota avait publié ún dictionnaire anglais-dacota.

M. Riggs a remplacé par nos lettres ou quelques signes conventionnels, les vingt-neuf vocables qui forment l'alphabet de ces sauvages. Nous regrettons seulement qu'il ait négligé de donner les variantes qu'offraient les différents dialectes de cette langue, qu'il ait omis un nombre assez considérable de noms de divinités et de noms de nombre. Ce dernier oubli est d'autant plus fâcheux que le système de numération de cette tribu est fort compliqué. On en jugera par le mot billion, que l'auteur n'a point indiqué et que les sauvages rendent par cette courte phrase: Kick ta opong wa tunkah opong wa wick e chi

mén ne.

Nous regrettons également que le savant lexicographe se soit abstenu de toute dissertation sur cette langue, que les philologues américains comparent emphatiquement au langage des Grecs, quoiqu'elle soit cependant loin d'en avoir la richesse et même la douceur.

Le tome V de la collection renferme les secondes parties des mémoires que nous avons examinés en parlant du tome III, deux opuscules de M. Joseph Leidy et un travail anatomique de M. Jeffries Wyman.

Dujardin 2, Robin et Diesing avaient déjà excité l'attention du monde savant sur les animaux intestinaux dont Cuvier forme la seconde classe de ses zoophythes, et auxquels Rudolphi donna le nom d'entozoaires, ainsi que des végétaux qui croissent sur l'homme et sur les animaux vivants. M. Leidy a voulu, lui aussi, contribuer à faire connaître, d'une manière encore plus exacte que ses devanciers, les singuliers phénomènes qu'il a étudiés, et à nous initier aux observa

1 On dit en France faire l'août.

2 Hist. nat. des helminthes. Paris, 1845.

3 Des végétaux qui croissent sur l'homme et sur les animaux vivants. Paris,

1847.

4 Systema helminthum. Vindobono, 1850.

tions que ses curieuses recherches lui ont suggérées. Tel est le but de son premier mémoire accompagné de dix planches, et intitulé: A flora and fauna whitin livings animals. Dans celui qui fait suite, il examine les restes fossiles de toutes les espèces du genre bœuf découvertes jusqu'à ce jour 1.

M. Jeffries Wyman décrit le système nerveux du Rana pipiens. Cette monographie paraît avoir été écrite avec soin, et nous n'aurions qu'à en féliciter complétement l'auteur, s'il ne semblait avoir la prétention de se regarder comme ayant découvert l'analogie qui existe entre cet animal et le poisson. Il y a longtemps que cette découverte est faite, et tout le monde sait que dans sa jeunesse ce reptile a beaucoup de rapport avec le chondroptérygien, dont il forme le point d'union avec le batracien.

Le tome VI, publié en 1854, est presqu'entièrement consacré à l'histoire naturelle.

Dans le mémoire intitulé: Planta Fremontianæ or descriptions of plants collected by col. J. C. Fremont, in California, l'auteur, John Torrey, décrit toutes les espèces nouvelles découvertes par le colonel Frémont. Cet officier distingué est connu de toute l'Amérique, par ses nombreuses explorations. Le pic le plus élevé du Wind-river-chain porte son nom; il a parcouru en divers temps les montagnes Rocheuses, le Missouri, l'Orégon et la Californie. Malheureusement une grande partie de la collection botanique qu'il avait formée a été détruite lors de l'inondation causée par le débordement du Kansas, et ce n'est que ce qui a pu être sauvé que M. John Torrey examine aujourd'hui. Les espèces qu'il décrit sont les Spraguea umbellata, Fremontia Californica, Libocedrus decurrens, Coleogyne ramosissima, Emplectocladus fasciculatus, Chamabatia foliolosa, Carpenteria Californica; Hymenoclea salsola, Franseria amphippappus Fremontii, Sarcodes sanguinea. Chacune de ces plantes est fidèlement reproduite par la gravure.

Sous le titre d'Observations on the batis maritima of Linnæus, le même auteur donne une description aussi complète que possible de cette plante marine, fort commune dans les îles de l'Inde occidentale. Sloane, dans son catalogue des plantes de la Jamaïquè, est le premier qui en ait parlé sous le nom de kali puticosum coniferum, et Brown 2 lui donna le nom qu'elle porte aujourd'hui. Linné l'a caractérisée brièvement, et Lamark, Swartz, Jussieu, Wildenow, Persoon et même John Lunan, l'auteur de la Flora jamaicensis, n'ont fait que copier la notice incomplète que Jacquin en avait donnée dans sa Stirpium Americanarum historia. Cette monographie était donc nécessaire, et M. Torrey, grâce à des échantillons qui lui ont été fournis par MM. Blodgett et Chapman, a pu le premier décrire avec soin la fleur et le fruit de cette plante, mal connue jusqu'ici.

Cet intelligent botaniste a fait suivre ce mémoire d'un autre, non moins intéressant qu'il intitule: On the Darlingtonia Californica, a new pitcher-plant from northern California. Cette plante a été trouvée en 1842 dans un marais, à quelques milles sud du Shasta peak, dans le haut Sacramento, par M. Brackenridge, botaniste adjoint à l'expédition d'exploration, sous les ordres du capitaine Wilkes. M. Torrey l'a

1 Ce mémoire intitulé: Memoir upon the extinct species of fossil ox, est accompagné de cinq planches.

2

Voy. Civil and natural history of Jamaïca, 1756.

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