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Tous les Livres annoncés au Bulletin sont garantis complets et en bon état, à moins d'indication contraire.

L'Editeur du Bulletin ne possédant souvent qu'un seul exemplaire des ouvrages qu'il annonce, MM. les amateurs et libraires sont priés de faire leurs demandes le plus tôt possible, en indiquant exactement le numéro d'ordre, le premier mot du titre et le mode d'envoi.

Si quelques-uns des articles demandés se trouvaient déjà vendus, cette circonstance ne pourrait de la part du demandeur motiver le refus de l'envoi.

Les expéditions se font CONTRE REMBOURSEMENT.

Chaque Bulletin se composera d'une feuille d'impression et souvent de deux.

ACHAT DE BIBLIOTHÈQUES.— EXPERTISES.—VENTES DE LIVRES.

AVIS.-Il sera fait dans le BULLETIN un compte rendu des ouvrages spéciaux sur la bibliographie, l'histoire ou les réimpressions d'ouvrages rares ou curieux, dont on fera parvenir deux exemplaires à la Librairie A. Aubry, rue Dauphine, 16.

LA BIBLIOTHÈQUE DE SÉVASTOPOL EN 1855.

L'historien futur de la campagne de Crimée aura à signaler un fait singulièrement remarquable à l'honneur de l'humanité : c'est le peu d'animosité qu'il y avait entre les Russes et les Français, ce sont les témoignages d'estime réciproque qu'ils se rendaient en se mesurant très-énergiquement. « J'ai toujours dit que les officiers russes étaient de braves officiers qui se battent et se battent bien, » écrivait le baron de Bazancourt avant le 8 septembre 18551, et un officier russe se plaisait en même temps à louer l'excellente tournure de la garde française: mieux que cela, il ne laissait pas mettre en terre un zouave ou un chasseur de Vincennes, sans le revêtir d'une chemise blanche et lui mettre un petit cierge entre ses doigts roidis, en souvenir de sa mère qui était bien loin 2! Ce n'est pas icì le lieu de constater celle sympathie, récemment visible dans les rues de Paris, encore moins d'en tirer des conséquences politiques; mais nous trouvons, dans le Journal militaire que nous venons de citer, une page qui nous paraît pouvoir même entrer dans un recueil bibliographique. On y rencontrera des détails qui révèlent que la paix signée après le drame de Sévastopol est faite pour donner des confrères aux bibliophiles français; car, si la passion de la lecture est la première qualité de l'amateur de livres, ses défenseurs y ont fait bonne preuve. En vérité, lire au milieu des bombes, parcourir les feuilles publiques au péril de sa vie, est une anecdote qui mérite bien d'être rangée parmi les meilleures que la bibliomanie nous fournit : voyons donc le rôle que les livres ont aussi joué à Sévastopol.

« La bibliothèque y était située dans une rue faisant suite au boulevard. C'était un des plus gracieux bâtiments de la ville. Sa façade était tournée du côté des bastions de la première ligne. On y montait par un large escalier de granit que semblaient défendre deux immenses sphinx en marbre, apportés d'Italie par l'amiral Lazaref, au-dessus desquels il y avait, dans deux niches, des statues en marbre, pareillement d'origine méditerranéenne. On avait incrusté dans la partie supérieure du bâtiment un bas-relief en marbre de l'artiste moscovite Ramazanof, Son toit, formant terrasse, était naguère orné de statues italiennes; mais on les en avait enlevées dès le commencement du siége. Il était entouré d'un petit jardin, clos par une grille de fer, où il n'y avait, en

1 Cing Mois devant Sébastopol, p. 51.

2 Notes sur la guerre de Crimée par Berg; Messager russe du mois de décembre 1856.

fait d'arbres, que des acacias touffus, mais des plates-bandes de fleurs de toute espèce, et qui fut soigneusement entretenu jusqu'à la dernière minute. La bibliothèque s'ouvrait dès huit heures du matin et ne se fermait qu'à huit heures du soir. On y pénétrait par un guichet donnant sur le jardin; on laissait dans l'antichambre son chapeau et son manteau; puis on montait un superbe escalier intérieur en marbre à rampe de bronze. Dans la première chambre, sur une table d'acajou d'un seul morceau, se trouvait un magnifique modèle de squelette de navire, qui se fendait en deux avec la table elle-même pour faciliter l'étude minutieuse de sa construction intérieure. Les murs de cette chambre étaient entièrement couverts de rares gravures anglaises, représentant des combats navals et des dessins en relief de vaisseaux anglais. Une autre et longue table était chargée d'échantillons de bois précieux et de modèles lilliputiens; et une grande armoire d'acajou renfermait une collection de minéraux, de pétrifications, de vases antiques, de monnaies, de camées, d'animaux aquatiques empaillés et de mosaïques de Kherson. Dans la deuxième chambre, spacieuse, parquetée comme les autres, ce qui frappait d'abord les regards était un beau modèle de vaisseau les Douze-Apôtres, avec tous ses accessoires, ses agrès, ses pavillons et ses bouches à feu. De grandeur d'homme, élevé sur un piedestal, son mât du milieu touchait presque le plafond, et l'extrémité de ce mât avait été atteinte au mois de mars par une bombe, qui était entrée par un angle de cette salle et y avait éclaté dans l'angle opposé en ne brisant qu'une partie d'une des armoires à livres qui la remplissaient. Ces armoires portaient des inscriptions dorées indiquant la catégorie des ouvrages qu'elles contenaient, mais à cette époque elles étaient déjà quelque peu dégarnies, car on avait pris de bonne heure la précaution de mettre les livres les plus importants dans des caisses qu'on transporta à Nicolaief au mois de juillet.

«La troisième chambre était affectée à la lecture. On y entrait par une grande porte d'acajou à deux battants, habituellement fermée. Au milieu de cette chambre se trouvait une longue table et sur cette table des journaux au nombre de soixante-six et dans tous les idiomes possibles. Tapissée avec luxe, ses murs étaient, en outre, ornés des plus belles cartes russes que j'aie jamais vues: ces cartes étaient roulées sur des poulies qui permettaient à volonté de les étendre et de les replier en une seconde. L'ameublement de cette chambre était très-confortable; il y avait une cheminée en fer de fonte; rien, en un mot, n'y manquait.

«Comme cela faisait du bien de venir se reposer dans cette chambre et d'y lire sans faire attention que les bombes et les boulets volaient autour d'elle et éclataient fréquemment sous ses fenêtres, sans faire attention à l'horrible fracas qu'ils produisaient, au point que les vitres ne cessaient pas un instant de trembler et tombaient parfois en morceaux sur le plancher! A la fin, il ne resta plus une seule fenêtre inacte dans tout l'établissement, et les bombes en avaient complétement

arraché plus d'une avec son châssis. Mais le danger ne faisait qu'augmenter le charme de ce petit coin hospitalier, où l'on venait à toute heure échanger ses idées autour de la table couverte d'imprimés. Oh! qu'il y faisait bon ! Il me semblait qu'il y serait plus doux de mourir qu'ailleurs. Assis dans un fauteuil commode, plongé dans la lecture d'un article qui m'arrivait de je ne sais où et comment, c'est alors seulement que je me sentais vivre, car j'y vivais soit de la vie de cette patrie, éloignée et chérie, d'où mille yeux suivaient nos périls, soit de la vie de cette civilisation à laquelle la France et l'Angleterre se chargent de nous initier. Merci mille fois, merci autant de fois qu'il a passé de bombes au-dessus de nos têtes, merci à celui qui a ordonné d'ouvrir les portes de la bibliothèque dans ces jours sinistres, et les a maintenues ouvertes jusqu'à sa dernière heure!

«L'étage supérieur de la bibliothèque était également comble d'armoires pleines de livres ou d'instruments de marine.

<< Certes, nos amis en Russie ne se doutaient assurément pas que pendant toute la durée de ce siége inouï, nous n'avons pas manqué un seul jour de jouir d'une bibliothèque choisie et de recevoir soixantesix journaux.

«<La bibliothèque possédait douze mille volumes, et elle était parvenue à ce chiffre déjà respectable, simplement par les dons volontaires des marins qui lui consacraient 2 0/0 de leurs émoluments.

« Jusqu'au mois de juillet, quand j'allai à la bibliothèque, j'y rencontrai constamment au moins six à sept personnes; depuis cette époque, les visiteurs y devinrent plus rares; certains jours du mois d'août, il n'y vint plus personne et, malgré cela, elle s'ouvrait et se fermait toujours aux heures marquées; la sentinelle s'y tenait, comme d'habitude, dans l'antichambre. Un jour, mais un jour seulement, il m'est arrivé d'y être tout seul; et, ce jour-là, je l'avoue, la lecture n'allait pas je ne pouvais pas parvenir à me distraire et à me rendre sourd aux détonations.-Je jetai loin de moi le livre commencé et j'essayai de compter lès bombes qui tombaient. Mais quand nous étions une demi-douzaine, la lecture n'était un peu difficile qu'au début.-Petit à petit, en voyant son voisin paisiblement assis et tourner ses pages, chacun se mettait à faire semblant de lire; puis lisait bien réellement, comme s'il était à l'abri des boulets, et finissait par moment à ne plus les entendre. Les bombes avaient l'air, du reste, de respecter ce sanctuaire. Il n'en tomba que deux, et peu de boulets insultèrent ses murs; mais, en revanche, la terre alentour en était toute fouillée. Un matin, le 31 juillet, entre la bibliothèque et une tourelle qui n'en est distante que de quelques pas, il tomba sept bombes; elles éclatèrent toutes 1, et on peut imaginer les crevasses que ces sept explosions opérèrent dans le mur, mais le bâtiment résista.

1 Les bombes n'éclatent pas toujours. On en conserve encore à Sévastopol un grand nombre qui n'ont jamais éclaté.

« Nos lecteurs seront peut-être curieux d'être renseignés sur le sort de cette pauvre bibliothèque.-On y avait conservé, comme je l'ai dit, jusqu'au dernier moment, les journaux, les cartes, les meubles, des ouvrages doubles ou insignifiants. Ne voulant pas laisser à l'ennemi des travaux scientifiques et les plans de nos fortifications, on y envoya, au moment de l'abandon de la partie sud de Sévastopol, une escouade de soldats pour y brûler tout ce qu'ils y trouveraient. Elle exécuta ponctuellement l'ordre reçu, rassembla en un tas les meubles, les cartes et les livres et en fit un auto-da-fé où se trouvèrent des chapeaux de dames découverts au grenier. Les Français, en entrant dans la ville, achevèrent l'œuvre des flammes et transportèrent à Paris les sphinx et les statues.

« J'ai revu la bibliothèque au mois d'avril dernier; elle n'est qu'un monceau de tristes ruines noircies par la fumée; ses planchers se sont effondrées intérieurement, mais de loin elle ressemble encore à une maison et, en la regardant de la partie nord de Sévastopol, on se rappelle hien des choses. On se souvient des idées qu'on échangeait naguère dans sa salle hospitalière autour de la longue table couverte d'imprimés... » H.

FAC-SIMILE DE MÉDAILLES des familles romaines, consulaires et impériales de la collection de MM. de Villévêque fils; obtenu par un procédé découvert et appliqué pour la première fois à une suite de médailles, par M. Vergnaud-Romagnesi, membre de la Société des antiquaires de France. 1857, in-8, 27 planches, Paris. A. Aubry. (Il n'en reste que quelques exemplaires.) 6 »

Il vient de reparaître un curieux ouvrage numismatique dont l'éloge se déduit, outre son utilité, de son rapide épuisement.

M. Vergnaud-Romagnesi avait déjà publié un volume de fac-simile de médailles romaines, etc.; par un procédé qui lui est tout particulier. Cette publication, si bien accueillie des hommes de la science, avait donné lieu au projet d'exécuter ainsi le catalogue des médailles du riche cabinet de la Bibliothèque Impériale, dont divers événements et la mort bien regrettable d'un des jeunes employés distingués de ce cabinet ont empêché la réalisation.

L'intention de l'auteur est de rendre prochainement public dans une œuvre spéciale son procédé prompt, peu coûteux, et d'une telle fidélité que les médailles, quel que soit leur relief et leur degré de conservation, sont rendues avec une parfaite exactitude.

Ce mode de fac-simile en papier se réunissant en volume en rend le transport et l'étude bien préférable à celle des soufres, plâtres, cires, facilement altérés, et même aux gravures, trop souvent infidèles.

Son but est principalement de faciliter aux jeunes gens l'étude trop négligée de la numismatique, cette clef de l'histoire, et enfin de. donner aux voyageurs les moyens de rapporter des empreintes fidèles

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