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tenta de la faluer refpectueufement, & prit une autre route.

Charles étoit encore bien fupérieur à Alexandre du côté de la tempérance. On ne fçauroit même les mettre en compa◄ raifon à cet égard qu'en préfentant les deux extrêmes. Charles fut toujours fobre; Alexandre aimoit la bonne chère; Charles n'a jamais bu que de l'eau ; Aléxandre s'enyvroit fouvent à un tel point qu'il dormoit deux jours & deux nuits fans s'éveiller.

Pour ce qui regarde la libéralité, on peut dire de Charles qu'il étoit plus loin de l'avarice qu'Alexandre. Le Roi de Macédoine étoit libéral, & celui de Suéde prodigue. Son Tréforier lai rendant un jour quelques comptes fe déchargea de foixante mille écus de cette façon: Ayant obéi aux ordres généreux du Roi mon maître, j'en ai partagé dix mille entre les Suédois & les Janiffaires & j'ai mangé le refte; ce que Charles ayant lû Voilà, dit-il, comme je veux que mes amis me rendent compte. Mullern (c'étoit le Chancelier) eft un homme affommant qui me fait lire des pages entières pour dix mille francs; j'ai

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me bien mieux le ftyle laconique de Grothufen. J'avoue que cette profufion eft un défaut; mais c'eft ordinairement le défaut d'un grand cœur. Alexandre paffoit aufli quelquefois les bornes de la générofité, & Olympias, fa mère, le lui reprochoit dans les lettres qu'eile lui écrivoit.

Quant à la justice, je ne crois pas qu'on puiffe balancer un inftant à décider en faveur du Monarque Suédois. Alexandre n'a jamais entrepris une guerre jufte. Il n'avoit été infulté par aucun Prince de l'Afie. Que pouvoitil prétendre fur l'Orient, & quels droits avoit-il fur les Royaumes qu'il a conquis? Les guerres qu'il a foutenues dans la Grèce n'étoient pas plus légitimes. It eft vrai que les Athéniens & les Thébains furent les agreffeurs. Mais n'avoientils pas raifon de vouloir recouvrer ce que Philippe, père d'Alexandre, avoit ufurpé fur eux. Si la juftice eût parlé dans le cœur de ce Prince, il leur eût rendu ce qu'ils fe virent forcés de chercher à reprendre, & l'on peut dire hardiment que le Roi de Macédoine agit en tyran, lorfqu'il les traita comme des rebelles.

Charles au contraire n'a jamais entrepris que des guerres juftes. Il étoit tranquille à Stockholm quand le Czar, le Roi de Dannemark & celui de Pologne fe liguèrent contre lui. Ce héros n'étoit alors âgé que de dix-huit ans. Le Confeil s'affembla pour tâcher d'écarter l'horrible tempête qui menaçoit la Suéde, & les Grands de l'Etat ne trouvoient d'autre expédient que d'avoir recours à des négociations. Si le difcours que tint alors le jeune Charles eft plein de courage & de fermeté, on y voit de même qu'il n'avoit rien moins que de l'éloignement pour la paix. Meffieurs, ditil en fe levant avec un air majeftueux, j'ai pris mon parti: je me fuis bien propofé d'entretenir la paix dans mes Etats, tant que je pourrai le faire fans avilir l'éclat de ma couronne; mais auffi je ne finirai jamais une guerre légitime que par la ruine totale de mes ennemis ou la mienne. Je fuis près d'attaquer ceux qui fe préfenteront les premiers, & quand je les aurai vaincus, peut être infpirerai-je quelque crainte aux autres. En effet il ne marcha que contre les trois Princes qui s'étoient unis pour le détruire. Le Roi

de Dannemark fut le premier qui éprou va bientôt la valeur du jeune héros ; il. fut obligé de mettre bas les armes & de demander la paix aux conditions que la vainqueur voulut bien lui dicter. Le Roi de Pologne, après avoir été battu de tous côtés, perdit fa couronne, dont Charles difpofa comme il le jugea

à

propos. Le Czar auroit en vraifemblablement le même. fort, fi tous les malheurs que nous avons rapportés n'avoient à la fois accablé le Roi de Suéde.

D'après tout ce que je viens de dire„ je crois qu'on ne fçauroit refuser la palme à l'Alexandre du Nord, puifqu'il a eu toutes les vertus de celui de la Grèce fans en avoir les vices..

PROSPETTO DI STORIA CIVILE DELLA REPUBBLICA DI VENEZIA, In Venezia, preflo Andrea Poletti.

PROSPECTUS D'UNE HISTOIRE CIVILE DE LA REPUBLIQUE DE VENISE A Venife, chez André Poletti, Brochure in-4° de 74 pages.

L

'Hiftoire annoncée par ce Profpe&us doit paroître bientôt. L'auteur eft M. Victor Sandi, Noble Vénitien, plus illuftre encore par fon fçavoir, par fes lumières & par fes veilles laborieufes que par une naiffance qui, dans toutes les régions de l'Europe & particu lièrement en Italie, permet trop à ceux qui poffedent ce bienfait du hazard & de l'opinion, d'être oififs, ignorans & bornés. Son ouvrage, intéreffant par la nature feule de fon objet, pourra le devenir encore davantage par la manière dont il fera traité, fi M. Sandi fuit l'heureufe méthode qu'il s'eft pro pofée. Nous allons tâcher de la faire connoître le plus clairement qu'il nous fera poffible.

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