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les plus expérimentés & Pline lui-même avertiffent les pères de famille, qu'il est important dans l'agriculture d'avoir égard aux différens états de la lune ; que dans fon croiffant les bleds croiffent, & qu'il vaut mieux choifir le temps du déclin, pour couper, arracher, mettre en réferve. Pourquoi lesAnglois, & furtout les habitans de Lon dres & d'Edimbourg, font ils fr exacts à obferver chaque jour les différentes viciffitudes de l'air'? C'eft parcequ'ils ont reconnu, d'après une longue fuire d'expériences, que ces obfervation's étoient très-utiles dans la pratique de la Médecine. C'est d'après ces mêmes expériences que l'on doit partir, pour expliquer ce que Sanctorius rapporte, fection 1. §. 65, des viciffitudes perpétuelles qui arrivent dans notre corps. Révoquer en doute ce que nous ve nons d'avancer, c'eft marquer ou que l'on n'a pas voulu ou que l'on n'a pas pu entendre les ouvrages Newton.

de

Mais en fuppofant que l'on voulût nier l'action des corps célestes fur les terreftres, au moins ne peuton fe refufer à l'action des feux

fouterreins: ceux du mont Etna du mont Vefuve, &c, les eaux thermales de tout l'univers, le tremblement de terre qui s'étendit fi loin dans la mer Méditerranée, & qui fit périr dans la ville du Grand Caire quarante mille hommes qui reftèrent enfevelis fous fes ruines, dépoferoient contre ceux qui voudroient rejetter l'action de ces feux fouterreins. Il eft donc conftant que ces feux renfermés dans l'intérieur de la terre peuvent caufer dans notre atmosphère beaucoup d'altérations. Car lorfqu'ils parviennent dans l'air, chargés comme ils le font des différentes mines qu'ils ont traverfés, s'ils fe trouvent dans des endroits où il y ait une matière propre à fervir de levain à quelque maladie contagieufe, ils doivent nécessairement produire des ravages car notre chaleur intérieure fait à peu près ce que l'on obferve dans un fourneau de chimie; elle fublime ou coagule, ou diftille, ou précipite, ou détone, ou édulcore, ou, &c, cette nouvelle matière qui vient fe combiner avec le levain que nous renfermons en nous mêmes.

Un exemple rendra encore plus fenfible ce que nous venons de dire. Dans l'Hôpital du Duc de Cumberland, deftiné à recevoir uniquement les foldats attaqués de maladies vénériennes, il eft d'ufage de ne frotter que les jambes & les cuiffes des malades; rarement frotte-t-on fur les bras & les épaules, & jamais on ne fait de frictions fur les lombes & le dos; cependant le mercure eft porté par la chaleur intérieure, comme dans un vaiffeau chimique vers la partie fupérieure du corps, & il s'y ramaffe comme dans un réfrigé rant; de forte qu'il fait gonfler la tête, qu'il porte à la bouche, y excite des excoriations fouvent très douloureuses: il fe charge en circulant des levains acides de la vérole, auxquels il s'unit par rapport à la nature alkaline; il les divife, & les emporte avec lui (g). J'eus occafion de voir il y a peu de temps un de

(g) Ce fentiment fur la façon dont agit le mercure eft démenti par ce qu'on obferve tous les jours. La falivation ne guérit point la vérole: cette maladie n'eft détruite que par la divifibilité du mercure, qui en fénétrant dans tous les petits vaiffeaux engorgés, & en roulant longtemps dans le corps, détruit enfin ce virus.

ces foldats, chez lequel la chaleur inrérieure avoit tellement uni les fels acides de la vérole au mercure, qu'il fembloit s'être fait chez lui du fublimé corrofif, tant toutes les parties de fa bouche étoient rongées; il rendit avec la fativation beaucoup de fang; une faignée, que je confeillai, adoucit

bientôt tous ces accidens. Dans notre Hôpital de Londres on traite actuellement un jeune homme attaqué de la colique des Peintres, & privé de l'nfage de fes mains, pour avoir travaillé au métier de Plombier; ce qui prouve combien les particules volatiles du plomb, mêlées avec celles du mercure, ont engorgé fes nefs. C'eft ce qui fait que je ne fuis point étonné de voir accablés d'une infinité de maladies, ceux, qui, après avoir gagné des maux vénériens, s'adreffent, pour fe faire traiter, à ces miférables charlatans,

C'est par cette raifon que lorfque l'on produit une évacuation trop abondante, de quelque nature qu'elle foit, le malade n'eft point guéri, parce qu'alors le mercure s'évacue & ne circule point affez longtemps dans le còros, pour lever tous les obftacles qui fe rencontrent dans les vaiffeaux lymphatiques.

qui fe font annoncer par tout, fou vent avec des éloges magnifiques & des approbations mandiées. Ce que nous venons de dire fait voir affez clairement que la chaleur intérieure de notre corps peut difpofer la matière qui nous vient de dehors, quoique non malfaifante par elle-même, de manière à produire les fymptômes les plus fâcheux.

Pour expliquer comment la matière morbifique peut attirer de l'air à elle les fels destinés à produire la contagion. par une forte de mouvement de ferinentation, nous nous fervirons d'une expérience rapportée par M. Helvétius, fameux Médecin, à la vérité dans unecirconstance tout-à-fait différente. Si l'on trempe dans un vaiffeau rempli d'huile & de vin l'extrémité d'une étoffe imbibée d'huile ou de vin, il ne fe filtrera que la liqueur dont l'étoffe aura été imbibée, tant les parties de même nature tendent à fe réunir. On peut faire la même expérience avec du coton dans une liqueur compofée d'eau

& de vin.

Pour faire voir enfin que la tranfpi sation n'eft point un obftacle qui s'op

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