ページの画像
PDF
ePub

tant de jours de douleur, l'obfcure nuit eft enfin venue: ô non ame! profite de fes ténebres; pleure, foupire; cette nuit, cette heure eft peut-être la derniere.

Les tourmens, les plaintes que l'on renferme en foi-même, fe gravent dans notre cœur en cicatrices profondes & lui font payer par des larmes de fang celles que nos yeux n'ofent répandre.

Maintenant que je ne vois plus autour de moi ces témoins importuns de ma trifte existence, je veux me livrer à toute ma douleur; car ce n'eft qu'en fe raffafiant d'elle-même, qu'elle peut fe foulager.

Peut-être le fommeil ne me refufera-t-il plus fes pavots, lui qui fouvent me fuyoit encore lorfque l'aurore colorant nos collines, venoit frapper mes yeux inondés de larmes.

Hélas! je l'appelle, je l'implore fans

une imitation du commencement de la premiere Nuit d'Young. En général les Allemands lifent beaucoup les Anglois.

ceffe; mais, femblable aux faux amis, il ne fréquente que les mortels fortunés & ne vifite point des yeux mouillés de pleurs.

Mais déja les clartés du jour ont triomphé des ombres de la nuit. Où es-tu donc, Dieu du fommeil ? Mais il vient, il s'approche & ferme pour la premiere fois des paupieres humides,

ARTICLE VII.

VIDA do Infante D. Henrique, efcrita e dedicada à Majeftate Fideliffima de el Rey D. Jofeph I. par Candido Lufitano. Lisboa, 1758.

"VIE de l'Infant D. Henri, dédiée » à Sa Majefté Très - Fidelle le » Roi D. Jofeph I. &c. Lisbonne, 1758".

دو

Eu de Princes fe font montrés

Paul dignes du foliven in or PE auffi dignes du fouvenir & de

:

R

l'admiration des hommes que Don Henri, cinquieme fils de Don Jean I. Roi de Portugal. Cependant jufqu'à aujourd'hui fes actions étoient prefqu'à ignorées éparfes dans une multitude de volumes, à peine frappoient-elles l'œil du Lecteur: un Portugais jaloux de la gloire de ce Prince & de celle de fa nation, vient enfin de les recueillir, ces actions, de les préfenter fous un feul point de vue & d'enformer un tableau très-intéreffant.

Henri naquit dans la ville de Porto,

le 4 de mars 1394. Ce Prince dont la Reine fa mere voulut former elle-même l'éducation, annonça dès fon enfance les grandes qualités dont l'avoit doué la nature. Sa raison étoit à peine développée, qu'il montra le goût le plus vif pour les Sciences & une paffion extraordinaire pour la gloire. Il partagea tous fes momens entre l'étude & les exercices militaires.

Parvenu à un âge plus avancé, il témoigna au Roi fon pere le defir qu'il avoit d'être armé Chevalier. L'ufage étoit de faire cette cérémonie fous les yeux de l'ennemi, après quelque action d'éclat ; mais comme le Portugal jouiffoit alors d'une paix profonde, le Monarque, pour répondre à l'empreffement de fon fils, imagina de donner des fêtes accompagnées de joûtes & de tournois, où feroient invités les plus fameux Chevaliers tant Portugais qu'étrangers.

D. Henri fut très-fenfible à la complaifance du Roi fon pere; mais il rejetta un expédient trop peu conforme à la hauteur de fon ame. L'honneur qu'il ambitionnoit, il vouloit le mériter en fe fignalant contre les ennemis

[ocr errors]

de la patrie. Dans cette vue il propofa à fon pere de s'emparer de la ville de Ceuta, occupée alors par les Maures. Le Roi céda aux inftances de fon fils & confentit à cette entreprife. Malgré la pofition très-avantageufe de certe ville, fituée à l'entrée du détroit de Gibraltar, entre fept montagnes qui la défendent; D. Henri ne douta pas un moment qu'elle ne fût bientôt affujettie à la domination Portugaife fon espérance ne fut pas trompée. On a dit que fouvent le fuccès fuit l'audace; il falloit dire que fouvent l'au dace produit le fuccès. Secondé par l'Infant D. Edouard fon frere, Henri en moins de vingt-quatre heures emporta la ville l'épée à la main & fe rendit maître du château. De retour de cette expédition glorieufe, ce Prince fut armé Chevalier. Le Roi qui en fit la cérémonie à Tavira dans le mois de feptembre de l'année 1415, le fit en même tems Duc de Vifeu & Seigneur de Covilhan,

Notre Auteur a divifé fon hiftoire en quatre livres : il parle dans le fecond, de deux autres voyages que D. Henri fit en Afrique. Le premier fut

« 前へ次へ »