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encore dans une traduction Françoife que dans une traduction Allemande ; car le langage des livres faints perd bien plus en paffant dans le nôtre que dans celui des Allemands. Mais fi le ftyle de notre Auteur eft fimple & naïf, il s'en faut bien qu'on en puiffe dire autant de fes idées & du fonds de quelques-unes de fes fables; nos lecteurs en jugeront par la fuivante, que nous avons cru devoir rapporter pour fa fingularité.

La Souris, le Soleil, le Nuage,
Vent & le Mur.

le

UNE petite - maîtreffe parmi les fouris s'avifa de réfléchir : me voilà feule, & je fens que j'aurois befoin d'une compagne ; mais de quelque côté que je porte mes regards, je ne trouve perfonne qui me plaife. Je vou drois un époux qui fût beau, doux, puiffant & fur-tout magnifique.... Où le trouver?... Il me vient dans l'efprit d'époufer le foleil, oui le foleil. Eft-il rien d'égal à fa fplendeur & à fa magnificence? le foleil porte fur fes aîles la lu miere, tandis que tous les habitans de

la terre dorment enfevelis dans les ténebres..... juftement le foleil fe levoit. La fouris tranfportée s'écrie : je t'ai toujours aimé, ô bel aftre ! je veux r'en donner aujourd'hui la plus grande preuve, je veux t'époufer! Mais ma pauvre petite bête, tu es folle, répondit le foleil. Pourquoi choifir une lumiere qui s'éteint à tout instant? Combien de fois ne fuis-je pas obfcurci par les nuages? Ah, les nuages font bien au-deffus de moi. Eleve tes defirs jufqu'à eux, & tu feras plus heureufe. La fouris va trouver le nuage: je t'ai cherché long-tems, mon bienaimé, mon favori, viens, fois mon époux; je ne te quitterai jamais.... Si tu m'époufes, répondit le nuage, il faut te réfoudre à mener une vie toujours errante & fugitive. Le vent me pouffe où il lui plaît. Croismoi, laiffe là le ferviteur, & adressetoi à mon maître; car je fuis le ferviteur très-humble du vent. Sur cela la fouris cherche le vent & le trouve dans un defert. Quitte ce defert, lui. dit-elle, & viens avec moi! Je t'ai choifi pour mon compagnon entre toutes les

créatures . . .-.- Tu te trompes fort, ré

.......

pond le vent, fi tu me crois fi puiffant hélas! j'ai beau fouffler, le moindre mur me brave. O, que le mur te rendroit bien plus, heureuse que moi!... Notre fouris fait fa déclaration au mur : Je viens à toi de la part du foleil, du nuage & du vent, & c'est pour t'époufer .... Allez ! répondit le mur en colere; parce que je ne fais pas me remuer auffi - bien que vous, devez vous m'insulter ?. hélas ! vous devriez plutôt avoir pitié de moi en ce moment même, les. fouris minent mes fondemens, en voilà. plus de deux cens familles qui ont établi leurs demeure dans mon fein, & qui me creufent de leur dents & de leurs pieds. Et vous voulez me prendrepour. ? Notre jeune amante trompée dans fes audacieufes efpérances, retourna vers les animaux de fon efpece, & y prit un époux dont les goûts. s'accommodoient aux fiens, & qui ne la quitta jamais.

ARTICLE

XI.

OPERE diverfe del Regio Configliere Giuseppe Aurelio di Gennaro; volume primo. In Napoli, 1756.

« ŒUVRES diverfes de M. Jofeph » Aurelio di Gennaro, Confeiller » du Roi; tome I. &c. »

L'A

'AUTEUR dans fon épître dédicatoire, adreffée à Dom Carlos, alors Roi de Naples & de Sicile, aujourd'hui Roi d'Espagne, trace lui-même le plan des matieres que renferme ce recueil. La Jurifprudence antique & civile des Romains en eft le principal objet. La puiffance à laquelle ce peuple s'éleva par les armes n'eft plus, mais les monumens de fa fageffe fubfiftent encore & fubfifteront auffi long-tems que la raifon & l'humanité..

M. de Gennaro fait entrer dans les éloges de fon Souverain,le projet digned'un Monarque qui veille au bonheur de fes fujets, celui de ramaffer dans, un feul corps de Jurifprudence les loix

diverfes du royaume. La premiere pro→ duction qui orne ce recueil eft un poëme très-confidérable en latin, & traduit par l'Auteur même en verfi fciolti. Ce poëme roule fur l'ancienne Jurif→ prudence du Sénat & du Peuple Romain. L'Auteur a répandu fur ce fujet auftere toutes les graces, tous les charmes de la Poéfie. Il débute par nous expofer l'origine des loix dont il attribue l'invention à Cerès.

Cette Déelle ne fe contente pas d'avoir enrichi les campagnes de l'or des moiffons, elle veut s'élever à des prodiges plus dignes encore de la divinité, elle veut que les hommes foumettent déformais les paffions tumultueufes à l'empire de la raifon, & que les loix poliffent la rudeffe farouche des mœurs. Animée de ce defir fublime, Cerès déclare fon deffein dans: l'affemblée des Dieux Jupiter l'approuve & harangue à ce fujet les iminortels. Il eft donc décidé dans l'O-. lympe que la terre auroit des loix; l'Egypte la premiere en reçut les femences. L'Auteur n'oublie pas Rhada mante que quelques uns regardent comme le premier des Légillateurs.

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