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Efclave qui a de la fanté & de la force eft de quatre cens écus: pour fept à huit cens on a quelquefois une famille

entiere.

Rien n'eft plus pénible & plus affligeant pour l'humanité, que le travail de ces Efclaves on les fait marcher à l'ouvrage comme des bêtes de fomme, à coups de fouets ou de nerfs de bouf. Tous les matins avant le jour, leur Infpecteur & leur Prevôt, qu'on nom. me le Bomba, les éveille au bruit d'un cornet qui reffemble à ceux des Pâtres de nos campagnes : le même cornet les appelle au travail, au repas & à la retraite. Le Bomba ne les quitte point dans le moment du travail; & s'il s'apperçoit de quelque lenteur, il leur rend de l'activité à grands coups de fouet.

Mais il eft quelquefois dangereux de trop appefantir le joug de l'efclavage fur des hommes qui ne foupirent qu'après la liberté. La rigueur des châtimens qu'ils effuyent & la crainte des fupplices dont on les menace, leur font tout entreprendre pour fe dérober au pouvoir de leurs Maîtres barbares. Quelques-uns ont le courage de fe pendre par défespoir; d'autres font ca

pables de fe porter au meurtre, à l'affaffinat; plufieurs s'échappent & fe retirent à Portorico où ils jouiffent de leur liberté, après avoir travaillé un an pour le Roi d'Espagne.

de

On compte fix à fept mille Efclaves à Sainte-Croix : ils ne profeffent aucune Religion; leurs enfans ne font pas baptifés; & lorfqu'ils font en âge ils menent la vie pénible & laborieufe de leurs peres. Les propriétaires font de différentes nations qui fuivent chacune avec liberté un culte différent, fans que ce mêlange de Religions faffe naître le moindre trouble dans l'ifle, bien plus heureuse que la plupart des Gouvernemens d'Europe, où la différence des cultes entraîne & caufe fouvent de grands defordres. Les nations habitantes de l'ifle de Sainte-Croix font les Danois, les Anglois, les Hollandois & les François; mais ces derniers y font en petit nombre & n'ont point de Prêtres, quoique les autres nations aeint chacune leur Miniftre.

vaquer aux travaux,

ARTICLE IV.

THE Hiftory of England, from the invafion of Julius-Cafar to the acceffion of Henry VII. By David Hume, Efq. For A. Millar, 1761, 2 volumes in-4°.

« L'HISTOIRE d'Angleterre, depuis » l'invafion de Jules-Céfar jufqu'au regne de Henri VII. Par D. Hume. Chez Millar, 1761.2 vol. in-4°.»

EX

N donnant l'hiftoire de la maison de Stuart, M. Hume ne s'étoit pas vraisemblablement propofé de faire une hiftoire complette d'Angleterre. Le fuccès de ces deux premiers volumes ou d'autres raisons l'ont engagé peutêtre à remonter au regne de Tudor, dont l'hiftoire vient fe réunir à celle des Stuart: enfin les deux volumes que ce célebre Ecrivain publie aujourd'hui, complettent l'histoire d'Angleterre depuis l'invafion de Jules-Cefar jufqu'à l'expulfion de Jacques II.

Nous ne faifons qu'annoncer ces

deux nouveaux volumes, parce qu'ils ne nous font pas encore parvenus. En attendant que nous puiffions fatisfaire l'empreffement du Public fur un ouvrage dont l'objet & l'Auteur doivent intéreffer également, nous allons donner la traduction d'un morceau curieux que les papiers de Londres ont détaché de l'ouvrage & qui mérite bien d'être recueilli. C'eft le caractere d'Alfred le Grand qui mérita véritablement ce titre & celui de Fondateur de la Monarchie Angloife.

pu

Ce Prince, foit qu'on le confidere dans fa vie privée ou dans fa vie blique, peut figurer avec avantage à côté des meilleurs Citoyens & des plus grands Rois dont l'hiftoire nous ait confervé les noms. Il paroît en effet le modele le plus achevé de ce caractere parfait de l'homme vraiment fagé & éclairé, dont les Philofophes ont pris plaifir à tracer l'image, comme une belle fiction qu'ils n'avoient pas même l'efpérance de voir réalifer; tant fes vertus étoient heureusement tempérées l'une par l'autre & fe retenoient mutuellement dans les limites propres à chacune. Alfred favoit concilier l'au

dace de l'entreprise avec le fang froid de l'exécution; la perfévérance la plus décidée avec la flexibilité la plus adroite; la plus févere juftice avec la plus grande humanité; le commandement le plus ferme avec l'affabilité la plus féduifante; les plus heureufes difpofitions à s'inftruire & les talens les plus brillans pour agir. Ses vertus civiles & militaires furent également l'objet de l'admiration publique; mais les premieres étant plus rares & dépendant d'un ufage plus fréquent parmi les Princes, méritent encore plus nos applaudiffemens. La nature defirant, pour ainfi dire, de mettre une fi belle production dans le plus beau jour, avoit verfé fur Alfred toutes les perfections du corps la vigueur des nerfs, la beauté de la figure, un air de dignité, une phyfionomie ouverte, un maintien agréable & engageant. Mais la fortune en le faifant naître dans un fiecle de barbarie, lui refufa un Hiftorien digne de tranfmettre fa gloire à la poftérité. Il feroit bien à fouhaiter qu'on nous le peignît avec des couleurs plus vives, avec des coups de pinceau plus forts, fans cependant nous aveugler fur les

taches

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