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Sans te parler de nos Gens d'armes
Ni de tant de beaux exploits d'armes
Qu'a faits ce grand Duc de Beaufort
Que tout Paris ayme si fort,
Sans te parler de la retraite
Par les gens de Mazarin faite,
Qui vouloient prendre le Conuoy,
Il est entré. Vive le Roy!
Nostre bourgeois a de quoy frire,
Quoy qu'à la Reyne on veuille dire
Que de faim la ville périt.

En ce temps que tout s'aguerrit,
Marchoient les premiers en bataille
Cinq cens cochons de belle taille.
Ils tenoient mieux leur grauité
Que Caton qu'on a tant vanté,
Et se carroient à nostre veue
Comme pourceaux dans vne rue.
Leur bataillon sage et discret
Laissoit vn estron à regret;

Mais parcequ'ils marchoient en ordre,
Chacun le laissoit sans le mordre.
Aussi ces sobres animaux

Reconnoissoient des Généraux.

Vn gros verrat, leur capitaine,
Se faisoit obéir sans peine.
Quatre autres seruant de Sergens
Les tenoient chacun dans leurs rangs;
Et tous d'vn rang serrant la fille,
S'aduançoient deuers nostre Ville.
Pour le bruit qu'ils faisoient, ce iour,
Ie n'entendis pas leur tambour.
Leurs Chefs de grande expérience
Ne pouuoient obtenir silence.
Mais pardonnons-leur aisément,

Puisque dans ce point seulement
Qu'on ne les pouuoit faire taire,
Ils violoient l'art militaire.
Et dit-on que cet animal
Crioit contre le Cardinal.
Iamais vn soldat en furie
N'alla mieux à la boucherie.
Au reste, ces guerriers prudens
Portoient des viures pour longtemps.
Ce qui fait que ie te le mande,
C'est que i'ay sceu d'vn de leur bande
Que parmy leurs prouisions

Ils auoient chacun deux iambons
Et du lart à faire potage,

Les vns moins, d'autres dauantage.
Après ces Messieurs les gorets,

Pour soustenir leurs intérests,

Il marchoit en corps dans la plaine,
Vn troupeau de bestes à laine,
Vulgairement dits des moutons
Qu'on menoit à coups de bastons;
Moutons que tous nos premiers pères
Ont estimé peu sanguinaires,

Qui ne iurèrent iamais Dieu,
Et qu'on plaça dans le milieu,
Pour n'auoir pas l'humeur actiue,
Ains auoir l'âme fort craintiue,
Et telle que l'ont ces soldats
Qui Iuuisy ne passent pas1.

Ils estoient en nombre deux mille

'Les soldats du parlement. Allusion à une expédition qui avait pour but de faire lever le siége de Corbeil, et qui s'arrêta à Juvisy. On peut voir sur cette expédition la pièce ci-après qui commence par ces mots : Le Roy veut que le Parlement sorte de Paris, » et le Courrier burlesque de la guerre de Paris.

Qui drilloient tous vers nostre Ville.
Leur Chef estoit vn peu guerrier.
C'étoit vn illustre bellier

Qui bondissoit par la campagne
Comme vn ieune cheual d'Espagne.
Il ne demandoit qu'à heurter
Ce qui se vouloit présenter.
Et si par sa teste baissée

l'ay peu iuger de sa pensée,
n'est vn coq,

Plus courageux que n'

Il ne respiroit que le choq.

En effet de ses cornes fortes
Il s'en vint heurter à nos portes,
Que sitost qu'on le vid courir
Le Bourgeois se hasta d'ouurir.
Ensuite venoit vne troupe

De huict cens boeufs à faire souppe.
Bref les pourceaux, moutons et bœufs,
Escortez par messieurs d'Elbeuf,
Vitry, Narmoutier, la Boullaye
Leur faisoient vne belle haye.
Mesmes le grand Duc de Beaufort
Empeschoit qu'on ne leur fist tort.
Tous ces guerriers braues et ieunes
Nous ont sauué beaucoup de ieusnes.
Ie passe pour faire plus court,
Le vaillant La Mothe Houdancourt,
A qui tout le petit Poëte

Cent bénédictions souhaitte,
Comme il fait à nostre bon Roy,
Comme il fait à tout le Conuoy,
A ces Messieurs dont la prudence
Va faire refleurir la France,
A toy, Scarron, amy lecteur,
Dont il est fort le seruiteur.

Catalogue des partisans, ensemble leur généalogie et extraction, vie, moeurs et fortune [646 1].

(26 janvier 1649.)

La succession de Cornuel', cy-deuant Intendant des Finances. Cornuel, son frère, cy-deuant Thrésorier extraordinaire de la Guerre, qui demeure rue des FrancsBourgeois, et a plusieurs belles terres aux Champs, rentes sur la Ville et autres biens.

La succession Darragomois [Darragonnois], commis dudit Cornuel, dont la veufue demeure aux Marais, rue d'Anjou, qui est extrêmement riche, quoy qu'elle n'aye rien eu en mariage.

La succession dudit [de du] Vouldy, beau-frère dudit Cornuel, Intendant, dont la veufue demeure aux Marais, rue des Quatrefils, est extrêmement riche, a aduancé ses enfans en mariage de plus de quarante mille escus chacun, bien qu'elle en ayt dix.

Vaille comte [Vallicont], beau-frère dudit Cornuel, Intendant, demeure dans le Temple.

D'Alibert, confident dudit Cornuel, qui demeure rue

1 C'est, avec le titre de la première édition, le texte des éditions augmentées. Il m'aurait été facile de multiplier les notes, en me servant de Tallemant des Réaux, d'autant plus facile que M. Paulin Paris voulait bien mettre à ma disposition son excellent travail sur les Historiettes; mais j'ai craint d'être trop long pour l'espace qui m'était accordé; et d'ailleurs, certain que la nouvelle édition de Tallemant ne tardera pas à être livrée au public, j'ai pensé qu'il suffirait ici des rapprochements que peuvent me fournir les Mazarinades.

2 << On a veu comme des Harpies subalternes nées pour la ruyne du peuple, vn Cornuel qui estoit l'àme de Bullion; ce qui est tout dire en vn mot pour exprimer sa vertu et sa probité. »

La vérité toute nue, etc. [4007].

des Vieux Augustins, a esté de tous les traitez qui se sont faits, par le moyen desquels il possède de grands biens, tant en maisons dans Paris qu'en rentes constituées. Berault, leur associé, demeure rue Geoffroy-Lasnier.

Le Febure', associé dudit Cornuel, qui demeure près l'Hostel d'Espernon, estoit vendeur d'huyle à Melun, a commencé de s'enrichir par le pillage qu'il a fait des deniers du Roy, prouenant de l'imposition mise aux entrées du vin lors du siége de Corbie, et depuis par plusieurs traitez de taxes faites sur les officiers.

Bautru Nogent', Cousin germain et associé dudit Le Febure, demeure aux Marais, rue d'Anjou. Caniuet, beau-frère dudit Le Febure, demeure auec luy.

Des Brosses Guénégaud, commis dudit Cornuel, Intendant, demeure rue neufue Sainct-Louys. Le Vasseur, son beau-père, demeure en mesme maison.

Mauroy, commis dudit Cornuel, Intendant, demeure aux Marais, rue de Poitou.

Bordier', fils d'vn Chandelier, qui demeure aux Ma

* Quid?

Le petit Lefebure la Barre,

Qui (fut vn temps) faisoit fanfare
Contre ce fat de cardinal,

S'est fait du vilain le vassal.

Le Parlement burlesque de Pontoise, etc. [2701].

« N'est-ce pas vne impudence capitale de présenter à la reine vne bouchée de pain et luy faire à croire qu'elle vaut vne pistole à Paris? » Manuel du bon citoyen, etc. [2406].

Il paraît que l'anecdote est de Bautru.

Il était intendant des finances en 1652. On raconte dans le Grippemenaud de la cour, etc. [1519], qu'il refusa, cette année-là, de prêter vingt mille livres au cardinal Mazarin, qui venait de rejoindre la cour à Poitiers.

*<< Vn Bordier qui, tirant son illustre naissance d'vn Chandelier de Paris, a despensé plus de trois cens mille escus à bastir sa maison du Rincé

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