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min et qui a dix fois autant d'habitans et de richesses? l'ay apris mesme que le Comte d'Harcourt est en cette Prouince là auec vn corps de caualerie capable de dissiper ou de battre tout ce qui voudroit s'assembler; et d'ailleurs on m'a assuré qu'il arriuoit de tous costez tant de troupes pour l'armée du Roy qu'on auoit dépesché sur leur marche pour les enuoyer autre part, comme y estant inutiles. Quel effort peut faire après cela le Duc de Longueuille? Cependant nous fondons toute nostre ressource sur cette chimère.

Le Duc de Bouillon nous promet aussi qu'il disposera de son frère et de son armée; mais on ne dit pas icy ce que i'ay trouué à Saint-Germain, que le Mareschal de Turenne a escrit au Roy et à la Reyne pour les assurer de sa fidélité, y adioustant mesme qu'il seroit inconsolable si on l'auoit creu capable d'adhérer au crime du Duc.

Pour conclusion, on ne nous amuse que de chimères et d'illusions; et nous sommes si peu aduisez que nous nous payons de cette monnoye et nous disposons mesme à souffrir les dernières extrémitez pour des gens qui, après auoir bien exténué nos corps et nos bourses, nous sacrifieront à la fin pour se sauuer, si nous n'auons la prudence de les préuenir. Tirons-nous de tant de misères par vne généreuse résolution: nostre Roy nous tend les bras et ne veut qu'vne bien petite marque de nostre amour pour donner des preuues solides du sien et venir rendre Paris heureux par ses bienfaits et par sa présence. Nous voyons qu'il prend plus de soin de nous tesmoigner sa tendresse à mesure que nos affaires prennent vn plus mauuais train. Il a eu mesme la bonté pour nous sauuer, de relascher beaucoup enuers ceux du Parlement, taschant encore vne fois de les réduire à leur

deuoir par la douceur et applanissant les chemins pour les y porter; tesmoin les Déclarations qu'il a enuoyées à eux et à nous1. Serons-nous si aueuglez que de résister encore à tant de grâces? et ne faut-il pas croire que nostre ruine est résolue dans le Ciel si nous résistons plus longtemps à la voix qui nous appelle?

le m'assure que plus des deux tiers d'entre vous ont horreur de nostre rebellion et des cruautez qu'on nous contraint d'exercer contre nous-mesmes. Qui est celuy qui se peut vanter d'auoir quelque chose de propre ? Tout est à vous, Messieurs, qui nous tenez le pied sur la gorge et prenez nostre bien. Nous voilà enfin dans vos fers. Nous n'auons pu supporter des charges ordinaires establies depuis quinze ou vingt années; et nous souffrons auiourd'hy qu'on nous mette tous à la faim, que nos petits enfants courent le risque de mourir à la mammelle de leurs mères, ne trouuant plus que succer; et nous ne l'endurons pas seulement; nous l'approuuons; nous le louons, et croyons faire des merueilles. Prenons courage (mes chers compatriotes); obligeous le Parlement à obéyr au Roy et à sortir de Paris. Les gens de bien de la Compagnie béniront vne si douce violence qui les affranchira de la tyrannie des factieux qui les entraisnent dans leurs détestables résolutions.

le voy bien que vous estes de mon aduis, mais que personne n'ose encore s'en expliquer à son compagnon. Il

y a quatre cens mil hommes dans cette pauure ville qui n'attendent que l'heure de voir quelque bon François qui ait la générosité de se déclarer le premier pour se ioindre aussitost à lui.

1 Déclaration du roi, du 3 féurier 1649, par laquelle sont donnés six iours aux habitans de Paris pour rentrer dans leur deuoir [912].

Si vous ne iugez pas qu'il soit encore seur de s'assembler en public, pour concerter la chose, que chacun en confère auec ses amis en secret. Qui nous empesche après, allant à la garde ou dans l'occasion de quelque sortie, de prendre le chemin du Palais et de déclarer à nos nouueaux Maistres qu'il faut qu'eux et nous reconnoissions l'ancien et le légitime et qu'ils sortent de Paris.

Le Roy a eu la bonté de leur enuoyer donner pleine seureté, qu'il ne sera point touché à leurs personnes ny à leurs biens, sans excepter mesme d'vne si grande grâce les plus factieux et les plus criminels d'entr'eux. Persisteront-ils après cela à nous vouloir encore enseuelir dans leurs ruines? et s'ils le font, le souffrirons-nous ? Courage donc (mes braues Concitoyens); et n'attendons pas les dernières extrémitez à prendre vne résolution qui sera alors nécessaire, mais sans mérite auprès du Roy parce qu'elle ne dépendra plus de nostre volonté et que nous y serons absolument contraints.

Taxes faites des maisons sises aux enuirons de Paris et ailleurs, en exécution de l'Arrest suiuant du Conseil [3753]'.

(11 février 1649.)

Le Roy voulant pouruoir à la subsistance et entretenement des troupes que sa Maiesté est obligée d'entre

1 « L'esprit du Cardinal Mazarin, tousiours porté au mal et à la hayne particulière qu'il a conceue iniustement contre le Parlement et la ville Capitale du Royaume, ne se contentant pas de l'oppression qu'il s'est efforcé de leur faire par la voye ouuerte des armes, a encore voulu se

tenir et de faire séiourner aux enuirons de Paris pour réprimer la rébellion et le réduire à son obéyssance, et pour cet effet assurer vn fonds certain à prendre sur les terres, maisons et héritages appartenant aux bourgeois, habitans et officiers de ladite ville sa Maiesté estant en son conseil, la Reyne Régente sa mère présente, a ordonné et ordonne que lesdites terres, maisons et héritages, appartenant aux dits bourgeois, habitans et officiers de ladite ville de Paris, seront taxés par vn rolle qui en sera arresté au conseil de sa Maiesté, pour l'entrétenement et subsistance desdites troupes, et que trois iours après la signification qui sera faite desdites taxes aux receueurs et fermiers desdites terres, maisons et héritages, ils payeront en ce lieu entre les mains du sieur Longuet, trésorier général de l'extraordinaire des guerres, commis par sa Maiesté à la recepte desdits deniers; autrement et à faute de ce faire dans ledit temps, le recouurement desdits deniers sera fait par les

seruir des inuentions de son pays, ayant fabriqué auec ses fauteurs et adhérens vn instrument auquel il a donné pour titre Arrest du Conseil, qui porte vne taxe à prendre sur tous ceux qui sont demeurans dans la Ville de Paris pour sauuer du feu et du pillage de ses Satellites les Chasteaux et autres Maisons champestres qu'ils ont à la campagne et enuirons de ladite Ville. La Cour de Parlement en ayant eu aduis, y a pourueu par sa prudence accoustumée et a, le Lundy 22 dudit mois de Feburier, donné arrest par lequel elle a fait deffense à toutes personnes de payer lesdites prétendues taxes et ordonné que le Sieur Fouquet, Maistre des Requestes, apporteroit au Greffe de la Cour le pouuoir qu'il auoit de faire la leuée d'icelles, et iusques à ce qu'il eust satisfait, qu'il demeureroit interdit de la fonction de son office. >>

Le Courrier françois, etc. [830], 6o arrivée.

« Après les princes et quelques partisans, qui possède tout l'argent de France, sinon eux (les magistrats du parlement)? A qui appartiennent les plus riches fermes, les plus superbes chasteaux, les plus belles terres et les meilleurs fiefs nobles de la campagne, sinon à eux? »

Réfutation de la réponse sans iugement au bandeau de la Iustice [3068].

troupes d'infanterie et de caualerie de sa Maiesté; à chacune desquelles sera donné vn rolle particulier desdites taxes par cantons pour leur tenir lieu de monstres, subsistances et recrues, lesquelles ils exécuteront contre les y dénommés par saisie et vente de tous les meubles, bestiaux et matériaux qui se trouueront dans lesdites maisons, mesme par coupe des bois de haute futaye et taillis et autres voyes qui leur seront ordonnées par sa Maiesté comme pour ses propres deniers et affaires. Et sera le présent Arrest exécuté nonobstant opposition ou empeschement quelconque. Fait au Conseil d'Estat du Roy, sa Maiesté y estant, la Reyne Régente sa mère présente, tenu à Saint Germain en Laye, le quinzième iour de feburier 1649. Signé De Guénégaud.

Role des taxes.

Les terres de Champlastreux et Le Plessis Vallée, appartenans au sieur Molé, cy deuant premier président de la Cour de Parlement, transférée à Montargis, payeront pour partie de la subsistance et entrètenement des troupes de sa Maiesté, comme il est dit dans l'Arrest, la somme de huit mil liures;

La terre de Goussainuille, appartenant au sieur Nicolai, président en la Chambre des Comptes, huit mil liures;

La terre du Mesnil Sainct Denys, appartenant au sieur de Montmaur, quatre mil liures ;

Les terres de Roissy, Eponé, Bray sur Seine, Balagny, appartenans au sieur de Mesme, cy deuant président en ladite cour, six mil liures;

Les terres du Mesnil et Moregard, appartenans au

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