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Et malgré vostre impudence,
Cette belle inuention

De la lettre de Crédence
N'a fait nulle impression.

Or, Espagnol ou François,
Ou tous deux, vaille que vaille,
Vous estes tout d'vne voix
Sifflé iusqu'à la canaille.
L'escharpe d'incarnadin

Ne pare en vous qu'vn badin,
Qu'vn homme à timbre malade;
Et de loing comme de près,
Le peuple fait pettarade

Dès qu'il voit Monsieur l'Exprès.

En vain Monsieur l'Enuoyé,

Pour éterniser nos noises,
Vous auez tout employé
Les Marguerites Françoises;
En vain peu rusé matois,
En assez mauuais patois,
Vous faites le préambule
Où vous parlez d'vn secours
Aussi foible et ridicule

Que l'est vostre beau discours.
Vantez moins superbement
La puissance de Castille.
D'Espagne on veut seulement
Des gans et de la pastille.
La France la connoist bien.
L'on sçait qu'elle ne peut rien,
Que sa foiblesse est extresme.
Sans la mort de Richelieu,
Vostre Monarque luy mesme
N'auroit plus ny

feu ny
lieu.

Ce généreux inhumain,

Qui défend que le pain n'entre,
De son inuincible main

Vous a frottez dos et ventre.
Quatre fois ce fier héros,
Qui vient si mal à propos
Camper trop près de Gonesse,
A vu fuir deuant luy
Les troupes de cette Altesse
Que l'on nous offre auiourd'huy.
Vous nous porteriez malheur.
A son nom l'Espagne tremble.
Et, malgré nostre valeur,
Nous serions battus ensemble.

Ouy, vous estes des mocqueurs.
Les vaincus et les vainqueurs

Ne vont point sous mesme enseigne.
Et ie vous trouue plaisans

De prétendre que l'on craigne

Ceux qui nous ont craint douze ans.

Vingt mille contre ses coups
Ne feroient pas plus que quatre.
Nous nous battrons bien sans vous,
Si nous auons à nous battre.
Enfin, Seigneur Dom Ioseph,
Pour vous le faire plus bref,
Remontez sur vostre Mule;
Ou d'vn peuple mutiné,
Pour ce discours ridicule
Illescas sera berné.

Allez manger vos oignons,
Parmy vos plaines stériles;
Ou les mains sur les roignons,
Vous panader dans vos villes;
Mais ne parlez plus si haut
Pour amuser le badaut.

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Que vostre Archiduc ne bouge;
Car pour ne desguiser rien,
Vne escharpe blanche et rouge
Fait horreur aux gens de bien.
Ce dessein est criminel;
Et les François sont fidelles.
Bruxelles n'est pas Broussel;
Et Broussel n'est pas Bruxelles.
Lorsque nous faisons les fous,
Cela se passe entre nous.
Ce n'est que vapeur de bile;
Mais si vous vous faites voir,
Adieu la Guerre Ciuile.

Tout ira vous receuoir.

Vous verrez confusément

Auancer vers la frontière
Vieux corps, nouueau Régiment,
Caualier, Porte Cochère,
Piquez d'vn iuste courroux.
Tout marchera contre vous,
Messieurs à la mine hâue;
Et d'vn auertin saisi,

Le courtaut qui fait le braue,
Ira iusqu'à Iuuisi.

Enfin, Espagnol douteux,
Ne contez plus ces sornettes.
Qui les croit, entre nous deux,

A teste à porter sonnettes.

Ridicules capitans,

Nains qui faites les Titans,
Pleins de foiblesse et d'audace,

Bientost iusques à Madrid
Nous irons vous rendre grâce

Des secours qu'on nous offrit.

Bandeau leué de dessus les yeux des Parisiens pour bien iuger des mouuemens présens et de la partie qu'eux et tous les bons François y doiuent tenir [574]'.

(19 février 1649.)

Les Roys, pour auoir les mains bien longues, ne les ont pas moins fortes; surtout en France où les Suiets n'ont iamais présumé de pouuoir vaincre leur Maistre : ce nom de Roy, imprimant vne telle terreur, mesmes dans les esprits les plus audacieux, qu'il ne s'en est point trouué qui l'ayent osé directement choquer, mais seulement sous le prétexte d'vne réformation le plus souvent imaginaire, décriant d'ordinaire le gouuernement présent et amusant la populace de l'espérance d'vn meilleur et du bien public; Au lieu de quoy ces entreprises contre ceux qui gouuernent, se terminent tousiours à la ruine du peuple qui s'est laissé abuser à cette fausse apparence; bien loin d'apprendre des exemples passez que ces réformateurs n'ont iamais tendu qu'à leurs fins particulières, qu'ils ont en définitive bien sceu distinguer des générales dont ils couurent leurs mécontente

mens.

Il faut estre bien ieune, ignorer l'histoire ou auoir oublié ce que nous auons veu et apris de nos pères, pour douter de cette vérité.

Aussi la Maiesté de nos Roys est elle l'image de la Di

'C'est encore une pièce sortie des presses de Saint-Germain.

vine celuy qui attaque l'vne, se prend à l'autre. Et comme il n'y a point de iuste cause de blasphémer Dieu, il n'y en a point de s'attaquer à la puissance Souueraine par luy ordonnée. Si l'on en permet la moindre ouuerture, la Royauté cesse de l'estre et demeure litigieuse entre ceux qui estoient Suiets et celuy qui estoit Roy, mais ne sont plus ny l'vn ny l'autre, puisque leur posisition dépend de la décision de ce qu'on veut mettre en question pour sçauoir qui est celui qui en doit estre creu. Il n'y a point de remontrances, quelque humilité qu'elles puissent feindre, qui, lorsqu'on cesse d'obéir, ne soient des rébellions, non guères dissemblables des réuérences que faisoient les Iuifs au Sauueur du monde en le crucifiant. Les prières nous sont bien permises; mais si elles ne sont pas trouuées iustes, c'est impiété contre le Ciel, c'est attentat contre le Roy de se mutiner à l'encontre, et vouloir, à la mode du géant de la Métamorphose, employer la force pour contraindre à obéir celuy qui doit commander. Iamais, le dit Philippe de Comines, aucun suiet ne s'est bien trouué d'auoir mesmes essayé de faire peur à son Maistre.

Tout ce qui s'écarte tant soit peu de l'entière obéyssance, ouure la porte à la réuolte, dont la témérité fait marcher d'vn pas égal ses raisons auec celles du Souuerain; voire se donne tousiours l'auantage et fait perdre d'abord aussi aisément la bonne cause que Dauid perdit la sienne deuant son peuple débauché par les caioleries d'Absalon; n'y ayant rien de plus aisé à suborner que les affections d'vne populace à qui la domination présente est tousiours odieuse. Mais le retour n'est iamais loin, comme il se voit en l'histoire de ce Roy, et entre tant d'autres, en celle de ce Royaume qui, malgré tous

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