Et malgré vostre impudence, De la lettre de Crédence Or, Espagnol ou François, Ne pare en vous qu'vn badin, Dès qu'il voit Monsieur l'Exprès. En vain Monsieur l'Enuoyé, Pour éterniser nos noises, Que l'est vostre beau discours. feu ny Ce généreux inhumain, Qui défend que le pain n'entre, Vous a frottez dos et ventre. Ouy, vous estes des mocqueurs. Ne vont point sous mesme enseigne. De prétendre que l'on craigne Ceux qui nous ont craint douze ans. Vingt mille contre ses coups Allez manger vos oignons, Que vostre Archiduc ne bouge; Tout ira vous receuoir. Vous verrez confusément Auancer vers la frontière Le courtaut qui fait le braue, Enfin, Espagnol douteux, A teste à porter sonnettes. Ridicules capitans, Nains qui faites les Titans, Bientost iusques à Madrid Des secours qu'on nous offrit. Bandeau leué de dessus les yeux des Parisiens pour bien iuger des mouuemens présens et de la partie qu'eux et tous les bons François y doiuent tenir [574]'. (19 février 1649.) Les Roys, pour auoir les mains bien longues, ne les ont pas moins fortes; surtout en France où les Suiets n'ont iamais présumé de pouuoir vaincre leur Maistre : ce nom de Roy, imprimant vne telle terreur, mesmes dans les esprits les plus audacieux, qu'il ne s'en est point trouué qui l'ayent osé directement choquer, mais seulement sous le prétexte d'vne réformation le plus souvent imaginaire, décriant d'ordinaire le gouuernement présent et amusant la populace de l'espérance d'vn meilleur et du bien public; Au lieu de quoy ces entreprises contre ceux qui gouuernent, se terminent tousiours à la ruine du peuple qui s'est laissé abuser à cette fausse apparence; bien loin d'apprendre des exemples passez que ces réformateurs n'ont iamais tendu qu'à leurs fins particulières, qu'ils ont en définitive bien sceu distinguer des générales dont ils couurent leurs mécontente mens. Il faut estre bien ieune, ignorer l'histoire ou auoir oublié ce que nous auons veu et apris de nos pères, pour douter de cette vérité. Aussi la Maiesté de nos Roys est elle l'image de la Di 'C'est encore une pièce sortie des presses de Saint-Germain. vine celuy qui attaque l'vne, se prend à l'autre. Et comme il n'y a point de iuste cause de blasphémer Dieu, il n'y en a point de s'attaquer à la puissance Souueraine par luy ordonnée. Si l'on en permet la moindre ouuerture, la Royauté cesse de l'estre et demeure litigieuse entre ceux qui estoient Suiets et celuy qui estoit Roy, mais ne sont plus ny l'vn ny l'autre, puisque leur posisition dépend de la décision de ce qu'on veut mettre en question pour sçauoir qui est celui qui en doit estre creu. Il n'y a point de remontrances, quelque humilité qu'elles puissent feindre, qui, lorsqu'on cesse d'obéir, ne soient des rébellions, non guères dissemblables des réuérences que faisoient les Iuifs au Sauueur du monde en le crucifiant. Les prières nous sont bien permises; mais si elles ne sont pas trouuées iustes, c'est impiété contre le Ciel, c'est attentat contre le Roy de se mutiner à l'encontre, et vouloir, à la mode du géant de la Métamorphose, employer la force pour contraindre à obéir celuy qui doit commander. Iamais, le dit Philippe de Comines, aucun suiet ne s'est bien trouué d'auoir mesmes essayé de faire peur à son Maistre. Tout ce qui s'écarte tant soit peu de l'entière obéyssance, ouure la porte à la réuolte, dont la témérité fait marcher d'vn pas égal ses raisons auec celles du Souuerain; voire se donne tousiours l'auantage et fait perdre d'abord aussi aisément la bonne cause que Dauid perdit la sienne deuant son peuple débauché par les caioleries d'Absalon; n'y ayant rien de plus aisé à suborner que les affections d'vne populace à qui la domination présente est tousiours odieuse. Mais le retour n'est iamais loin, comme il se voit en l'histoire de ce Roy, et entre tant d'autres, en celle de ce Royaume qui, malgré tous |