D'ardeur et de fougue emportez, Dont la fureur choque et renuerse Tout ce qui vient à la trauerse, Faciles à s'effaroucher, Difficiles à rapprocher.
Songez bien que cette iournée Doit faire nostre destinée; Que pour le salut de l'Estat Il faut terminer ce débat, Et qu'à des troupes bien armées, D'vn iuste prétexte animées, Les canons tous prests à tonner, Refuser tout, c'est tout donner.
La Reyne, pleine de sagesse, Dissimulant auec adresse, Luy repartit et accorda,
Non pas tout ce qu'il demanda, Mais seulement vne partie; Dont la populace auertie,
Quand ils sortirent, les poursuit,
Se plaint, murmure et fait grand bruit. Quelqu'vn plus hardy que les autres1
« C'est vous qui, comme chef des vostres, Dit il au premier Président,
Respondrez de l'évènement. »
Et luy présente l'hallebarde.
Mais est bien gardé que Dieu garde.
Il conserua le magistrat ;
Car l'hallebarde prit vn rat.
La rumeur se faisant plus forte,
Il fut poussé dans vne porte.
'Tout le passage qui commence par ce vers et finit à celui-ci :
Mais reprenons nostre brisée,
ne se trouve que dans la troisième édition.
Tout le peuple en confusion
Crioit auec émotion :
Retournez; dites à la Reyne
Que nous voulons qu'on nous l'amène.
Il n'y a point à barguigner. Depeschez vous sans tant lorgner.
Les autres, force réuérence,
Néantmoins auec doléance :
Quoy, disoient-ils, Pères Conscrits, Ces gens demeureront proscrits!
Quoy, vous payer de baliuerne! Nous les voulons présentement. » Ah! mes amis, tout doucement. Pour Dieu, de grâce, patience! Nous marchons et en diligence. - « A quoy bon tant de façons? » Cecy donna de grands soupçons A quelques vns de l'Assemblée, Qui, l'âme de frayeur troublée, Se figurant comme ces gens
Ne sont tous rien moins que prudens, Craignant de rudes accolades,
S'escartant de leurs camarades, S'écoulèrent à petit bruit. D'autres attendirent la nuit.
Vn Officier craint que sa trongne Ne fasse passer sa personne Pour vn des illustres patrons, Met sur son dos vn corbillon, A ses pieds pantoufles de natte, Entre ses iambes vne latte, Sa teste dans vn chaperon, Plumes de cocq à l'enuiron, Vn garde robe d'étamine,
Et tout barbouillé de farine, Tout semblable à Dame Alizon, Enfin regaigne sa maison; Ce qui ne fut pas sans risée. Mais reprenons nostre brisée.
Le Parlement très effaré De ce succès inespéré,
Voyant que ces âmes vulgaires Traitoient ainsi leurs Tutélaires, Fait de nécessité vertu,
Et de diuers soins combattu, Deux à deux en belle ordonnance Vers le Palais Royal s'auance. Le peuple redouble ses cris Les plus hardis se trouuent pris Pesle mesle auec la canaille.
Le soldat se met en bataille.
On murmure, on parle, on discourt Dans l'anti-chambre et dans la cour. Ainsi ces Messieurs arriuèrent Et par le grand degré montèrent. Chacun se rangeant à l'entour S'enquiert d'où vient ce prompt retour. L'vn disoit, faisant grise mine :
« Le retour vaudra bien matine. »
L'autre d'vn gracieux maintien :
Croyez moy; ce ne sera rien.
Et chacun, suiuant son génie, Ou rioit ou n'en rioit mie. Comme le mal estoit pressant, Que le danger alloit croissant, On résolut, sans plus attendre, De relâcher et de les rendre. Cheuaux et coches attellez
Et proches parents appellez,
On s'achemine en diligence
Droict au Mesnil Madame Rance 1
Où Bruxelle estoit arresté.
Ceux qui furent de ce costé, Passèrent auec peu de peine. Ceux qui allèrent à Vincenne; Après auoir fait maint détour, Quand la nuit eut chassé le iour, Sentirent sur eux pesle mesle Tomber de cailloux vne gresle Qu'en la rue des Chiffonniers On lançoit du haut des greniers. Toute la populace émeue Crioit
demeure! tue! tue! tue! Et dans ce populaire effort Tout leur représentoit la mort. Demeurer, c'est chose mortelle; De reculer, point de nouuelle. Mais Le Couldray se résolut, Ainsy que le bon Dieu voulut, De leur faire vne tentative.
On lui crie de loin : Qui viue?
Qui estes-vous? - Gens des Enquestes,
Fauorables à vos requestes,
Amis qui, pour vous secourir,
Hazarderont iusque au mourir.
Tout de bon, n'en faites nul doute.
' « Quelques troupes ennemies de la Garnison de Sainct-Denys.... ont esté piller plusieurs Bourgs des enuirons, et entr'autres le Menil Madame Ranse, où ils ont fait plusieurs desgats en haine de ce que de ce lieu Monsieur de Broussel, Conseiller au Parlement,... auoit esté remmené glorieusement dans la ville de Paris. »
Quatrième arriuée du courrier françois.
-Messieurs, de nuict on ne voit goutte; Et d'aller ainsy sans flambeau,
Morbieu, cela n'est bon ni beau; C'est affronter le corps de garde. Pour vous nous n'y prenons pas garde. A Nosseigneurs tout est permis; Et vous estes de nos amis. Eux échappez de la déroute, Suiuent pareillement leur route, Et firent si bien leur deuoir Que Blanc Mesnil vint dès le soir'. Cependant nos nouueaux gendarmes Ne voulant ny poser les armes, Ny rentrer dans leurs maisons, Ils allèguent mille raisons,
Disant que l'on les veut surprendre, Qu'il se prépare vn grand esclandre, Que l'on prétend les renfermer Dans Paris pour les affamer, Vser enuers eux de finesse Boucher le chemin de Gonesse, Qu'il n'y a rien pour le certain De si long comme vn iour sans pain, Et qu'ils y donneront bon ordre. Tout Paris est plein de désordre, De terreur, de crainte et d'effroy, Sans néantmoins sçauoir pourquoy. La nuict se passe de la sorte, Sans souffrir que personne sorte De la ville dans le faux bourg. Quand le Soleil fut de retour, Quelques gens arriuent en foule Qui disent que proche du Roule,
'Potier de Blancmesnil, président à mortier, arrêté en même temps que Broussel.
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