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ses factieux, se trouue en son premier estat depuis tant de siècles.

Se dispenser icy de cette Loy, c'est rendre la condition d'vn Roy de France, dont les prérogatiues surpassent celles de tous les autres Monarques du monde, inférieure à celle du moindre de ses Généraux d'armée, voire de ses Capitaines, aux ordres desquels vn Soldat n'oseroit résister ny réuoquer en doute sa puissance, et refuser l'obéissance au moindre officier qu'il aura estably sur luy et sur ses compagnons; sans parler de l'Église, laquelle ouuriroit la porte à toutes sortes d'hérésies, si elle donnoit la licence à chacun de résister à son Chef. Et ceux qui employent auiourd'huy le nom du Parlement pour faire tant de bruit, voudroyent ils qu'il fust permis à d'autres qu'à ceux de leurs Corps de donner des Arrests en la matière qui leur est commise, quelque iustice éuidente qui parust dans les griefs d'vne partie opposante à leur exécution, qui n'est pas mesmes empêchée par les requestes ciuiles qu'on leur présente? D'où vient donc qu'ils ne rendent pas au Roy en leur cause la iustice à laquelle ils veulent que tous les autres se tiennent?

Mais posé que le pouuoir du Roy ne fut plus Souuerain, à quoy ne sçauroit consentir aucune âme, non seulement françoise, mais chrestienne, puisque nostre Seigneur et ses Apostres s'y sont eux mesmes assuiettis et nous ont enioint d'estre suiets aux puissances Souueraines, mais raisonnable puisque c'est le droit des gens qui ne se peut violer sans passer pour brutaux, si estce que cette puissance de contrôler les Roys ne doit pas estre au premier occupant. Et ie ne voy pas de raison pour que le Parlement de Paris, qui n'est qu'vn des

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neuf Parlemens de France, à tous lesquels la seule iustice distributiue de leur ressort, entre leurs iusticiables, a esté confiée par le Roy et ses prédécesseurs, se puisse attribuer le droit de syndiquer les actions du Roy et de la Royne régente, sa mère, plustost que les huit autres Parlemens et vn plus grand nombre d'autres Compagnies aussi Souueraines que la leur, et qui ont à la vérité mesme pouuoir du Roy de iuger les différens entre tous les particuliers, mais seulement tant qu'il plaira à sa Maiesté, comme ils verront dans leurs Lettres; plustost encore que le Lieutenant Général du Roy en toutes ses Prouinces et armées, qui est Son Altesse Royale, et que le premier Prince du Sang, qui est le Prince de Condé; lesquels ont tant contribué à la gloire de cette Couronne et qui sont incomparablement plus intéressez que tous ces Corps là dans la conduite et conseruation de l'Estat : duquel ces neuf Parlemens, quand ils seroient tous ensemble, comme il n'y en a qu'vn, ne font qu'vne petite portion, assauoir vne partie du tiers Estat; l'Église composant la première, et la Noblesse la seconde : de sorte qu'vn des cadets de Bretagne auroit aussi bonne grâce qu'eux de vouloir faire la loy à ses aisnez.

Mais accordons à ceux du Parlement (car leur authorité a préualu chez eux sur tous les autres cette possession sans titre qu'il n'y a point d'autre Parlement en France que le leur, sauf le droit d'autruy qui ne le leur accorde pas), concédons qu'ils ayent droit de réformer, et quoy? Sera-ce l'Estat ? Il n'est pas de leur gibier : ils ne doiuent tenir en cette action que le rang de simples suiets; et quand ils en auroient la commission des Estats généraux, approuuée du Roy qui en est le Chef, ils deuoient au moins commencer par eux mesmes pour em

pescher qu'on ne leur reprochast ce qu'on disoit à cette Lamie qui voyoit clair partout ailleurs

elie.

que chez

C'est là où ils eussent fait voir qu'ils estoient véritablement touchez de compassion enuers leurs compatriotes, ostant ou du moins diminuant leurs épices et autres droits, puisqu'ils sont obligez de rendre la iustice gratuitement aux suiets du Roy, abolissant les chicaneries, abrégeant la longueur des procez et iugeant sommairement ceux que l'on peut vuider sur le champ, au lieu de les appointer contre l'Ordonnance et les rendre, comme ils sont, immortels; qui est le plus grand fléau du Royaume, qui abat le plus les courages des François et les détourne de l'exercice des armes et des autres arts, voire se trouue la plus certaine et plus ordinaire ruine des familles. C'est alors que l'on eust inféré qu'ils auoient de bonnes intentions pour le bien public; au lieu de quoy, sans donner ordre aux abus, à la réformation desquels ils ne sont pas seulement bien fondez, mais y sont obligez par le deuoir de leurs charges, ils s'ingèrent sans aueu à mettre leur faux en la moisson d'autruy, se monstrant grands zélateurs du bien public, lorsqu'ils ne trouuent point d'autre remède pour se garantir des taxes qu'on leur demande pour iouir de la Paulette, ce qui fait appeler par quelques vns nos désordres la guerre du droit annuel.

Mais posons le cas, Messieurs, que vous ayez commencé à régler les abus que vous laissez chez vous, et dont il vous importe peu que tout le monde se trouue mal puisque vous vous en portez bien; est-ce à coups d'épée et de canon que la réformation de l'Estat se doit faire, ou bien par vos loix, auxquelles ces violences sont

si contraires, que le bruit des vns empesche qu'on ne puisse prester audience aux autres.

Nous auons, ce dites vous, esté obligez à prendre les armes par la nécessité, maîtresse des Loix. Ceux qui traitent les cas de conscience, ne demeureront pas d'accord qu'il y ait aucune iuste cause de leuer les armes contre ⚫son Prince, non plus que d'estre parricide. Nul esprit bien sensé ne dira aussi que le Roy ait commandé au Parlement ni aux Habitans de Paris choses impossibles, comme il l'eust fallu pour rendre cette nécessité absolue, la seule condition qui vous pouuoit aucunement excuser deuant les hommes, mais non pas deuant Dieu, qui nous commande, estant persécutez en vne ville, de fuir en l'autre.

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Sa Maiesté auoit seulement ordonné aux vns d'aller résider en vne ville de leur ressort', qui n'est esloignée que de vingt-quatre lieues de leur demeure, le plus vieux d'entr'eux en faisant souuent plus de cent quand il luy plaist d'y aller en commission; et aux autres de ne fauoriser point le séiour des premiers en vn lieu qui leur est interdit pour des raisons notoires et que le Souuerain ne seroit pas mesmes tenu de leur rendre, comme il a fait. La crainte que les esprits deffians veulent ioindre du chastiment pour leur tumulte, estoit cessée par le premier retour du Roy à Paris, et se pouuoit plutost accroistre que diminuer par la continuation de leur désobéissance, si la bonté de leurs Maiestez n'estoit en possession, non seulement de pardonner aux Suiets humiliez, mais encore de ne penser qu'à l'extrémité et à regret à dompter les rebelles, estant résolues à ne dénier leurs bonnes grâces

'Déclaration du roi par laquelle la séance du parlement de Paris est transférée en la ville de Montargis, etc. [917].

qu'à ceux qui demeureront opiniâtres à les refuser. C'est recourir à vn eschappatoire trop ridicule pour s'y arrester, de dire que vous n'en voulez pas au Roy. Il faut laisser aux enfans ce discours auec des noix pour les en amuser; et l'on ne doit plus rien trouuer estrange de ceux qui osent appeler le party du Roy celuy que le Roy en personne, la Royne Régente, sa mère, son Altesse Royale, le Prince de Condé et les Officiers de sa Couronne assiégent, et contre lequel sa Maiesté pointe ses canons. Changez auparauant les noms à toutes les autres choses, et ne parlez plus partout ailleurs que par antiphraze, comme icy; et alors nous vous pourrons entendre. Le Roy enuoye-t-il des Héraulds1 à son parti? Et s'il leur en enuoye, les refusent-ils? Le Roy traitet-il par députez auec lui mesme? Il n'y eut iamais que le visionnaire Antiphon qui se saluoit, s'interrogeoit et se répondoit, qui en vsoit de la sorte.

Vous auez bien de la peine à couurir vos actions de plus de feuilles qu'il n'en faudroit pour faire vn gros volume; mais si l'on veut donner le tort à l'agresseur, estce le party du Roy qui a donné le premier branle à ces Mouuemens et auquel, par conséquent, on doit imputer la cause de nos troubles, comme c'est celuy lequel remue l'eau, auparauant tranquille, qui la trouble? Ne sont-ce pas vos fréquentes assemblées de Chambres' faites contre ses défenses? Est-ce donc luy qui a interrompu le calme où estoit la France, il y a huit mois? Qui vous a empesché de les laisser écouler, et autant encore s'il eust esté besoin pour laisser faire la paix générale, que ces tumultes ont empeschée?

▲ L'Enuoi à Paris d'vn heraut d'armes de la part du roi, etc. [1262]. • Assemblées de la chambre de Saint-Louis en 1648.

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