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auoir pris les armes. Barbarie exécrable et pleine d'horreur, qui doit émouuoir tous les Rois et tous les peuples, et particulièrement porter tous les cœurs véritablement François à se présenter en foule aux pieds de leur Roy et lui parler en ces termes : « Sire, comme l'exemple des entreprises du Parlement d'Angleterre a authorisé les actions du nostre enuers le vulgaire, qui n'a pas sceu distinguer l'équiuoque du nom de Parlement qui signifie en Angleterre les trois Estats généraux, au lieu qu'il ne comprend en France qu'vne partie du troisième, nous auons telle auersion à l'énormité du crime de celuy-là, qui a osé mettre ses mains parricides sur son Roy, que pour la tesmoigner à Vostre Maiesté, nous luy venons protester que si le Parlement de Paris ne change de dessein de s'opposer à vos volontez, nous de qui dépend l'usage des mots, le contraindrons à changer de nom et rendrons celuy de Parlement aussi odieux à la postérité, que l'est auiourd'huy celuy de Tyran, depuis la violence d'aucuns de ceux qui portoyent ce nom, auparauant si réuéré qu'il seruoit de titre aux Souuerains.

<< Mais nous espérons que ce Corps si cupide d'honneur et dans lequel il y en a plusieurs qui ne peuuent estre accusez que de foiblesse ou conniuence, ne nous voudra pas laisser tout entier celuy d'auoir sacrifié, comme nous faisons à Vostre Maiesté, nos biens et nos vies, pour aller éprouuer contre les Espagnols qui nous ont voulu séduire, ce que peuuent toutes vos armes iointes ensemble, s'ils ne se veulent à l'instant réduire à la raison par vne paix aussi glorieuse à l'Estat que celle de l'Empire, et qu'ils ont eux mesmes cy deuant consentie; ne pouuant souffrir que nostre procédé puisse

en aucune façon préiudicier à la gloire de nostre Prince légitime, ny méliorer la condition des anciens ennemis de sa Couronne. »

Acheué d'imprimer le vingt septiesme féurier 1649.

Décision de la question du temps. — A la Reyne Régente [871]'.

(19 février 1649.) ·

Au R. P. Confesseur de la Reyne:

Mon Père, dans la difficulté qu'il y a d'aborder la Reyne, ie vous adresse cette Lettre afin de la présenter à sa Maiesté. Vous auez intérest qu'elle luy soit fidèlement rendue et qu'elle la lise auec attention, puisqu'il y va de vostre conscience, aussy bien que de la sienne, dont vous rendrez compte à la Iustice de Dieu.

MADAME, encore que ie sçache bien que depuis quelque temps votre Maiesté se soit rendue inaccessible et inexorable aux remontrances et aux prières, qu'elle ait non seulement fermé les oreilles, mais mesme chassé de sa présence et banni de la Cour tous ceux qui affectionnez au seruice du Roy et au repos de la France, ont par vn zèle de charité Chrestienne et vn cœur véritablement François, essayé de lui représenter l'estat déplorable où se trouuent réduits tous les peuples par la

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C'est, au jugement de Naudé et de Guy Patin, un des meilleurs pamphlets.

mauuaise administration de ceux qui régissent soubs son authorité, néantmoins comme la foy m'apprend que les Grands sont en la main de Dieu, qu'il change leur dureté et les amolist par sa miséricorde quand il luy plaist, et que nostre Seigneur nous commande dans l'Euangile de demander auec instance, ayant luy mesme accordé aux clameurs importunes d'vne femme ce qu'auparauant il auoit refusé à sa prière auec iniure, l'ay creu qu'enfin Dieu toucheroit le cœur de vostre Maiesté, qu'il ne permettroit pas que les larmes de tant d'innocens fûssent inutilement respandues, que les vœux qu'ils font incessamment prosternez à ses pieds deuant l'Autel, seroient exaucez, qu'il romproit les charmes dont ses ennemis et ceux de l'Estat ont enchanté vostre Maiesté, et osteroit ces cataractes funestes de dessus vos yeux, afin de faire voir à vostre Maiesté, auec horreur, la condition malheureuse et pire que celle des chiens, où sont réduits les Suiets du Roy et les siens.

Personne, Madame, n'a iamais douté de la piété de vostre Maiesté. Elle en a donné et donne incessamment des tesmoignages trop sensibles. Nous sçauons qu'elle a la conscience timorée ; que la seule ombre du péché véniel luy fait peur; et par ainsi que ces extrêmes malheurs qui commencent auec tant de barbarie et qui ne sont pas prests de prendre fin, si Dieu, par sa miséricorde, n'y met la main, ne sçauroient prendre leur source tant dans le cœur tout déuot de vostre Maiesté, que de la mauuaise impression que luy en peuuent auoir fait des Théologiens Mahumétans, non Éuangéliques.

On le dit, Madame, et nous le tenons comme article de créance, tant nous sommes affermis dans les bons. sentimens que nous auons de ceux de vostre Maiesté,

qu'il s'est trouué des personnes si esloignées des loix du Christianisme et si peruerties de iugement, qu'elles ont bien osé luy persuader que non seulement elle pouuoit mais qu'elle deuoit traitter Paris, le Parlement et toute la France auec la rigueur sans exemple dont nous voyons les estranges commencemens; qu'il y alloit de son honneur et de sa conscience, aussy bien que de la grandeur du Roy, dont elle doit maintenir et conseruer l'authorité; que c'estoit vne rébellion formée qu'il falloit punir, à peine d'en estre responsable deuant Dieu et deuant les hommes; et que dans l'excès et dans la suite de cette vengeance, il n'y auoit pas pour vostre Maiesté matière de péché véniel.

O Dieu! O Sauueur! O Sang adorable respandu en la Croix! O Corps sacré immolé tous les iours sur nos Autels! Se peut il bien faire que parmy ceux qui sont destinez au ministère d'vn si auguste sacrifice, il s'en trouue dont les pensées soient si sacrilèges, qu'après vous auoir presté leurs mains et leur bouche pour offrir vostre corps en victime agréable à vostre Père, ils les prestent en suitte à Satan pour se faire des victimes sanglantes de vos enfans? Que la mesme langue qui vous a serui d'instrument pour former vostre corps, serue d'instrument au démon pour inspirer dans l'esprit d'vne si vertueuse Princesse des sentimens si barbares? Et que vostre chair viuante et vostre sang tout bouillant puissent compatir auec eux dans vn mesme cœur des Maximes si cruelles et si inouyes?

Que vostre Maiesté, Madame, pardonne ce transport à ma douleur. C'est pour son intérest et non pour le mien que ie me sens animé. L'honneur qu'elle me fait de m'escouter quelquesfois, et de me communiquer auec

confiance de ses actions de piété, ne permet pas que ie souffre auec silence l'outrage signalé que l'on fait en ce point, et à sa conscience et à son honneur. Il faut que ie crie et que ie fasse violence, pour la garantir des mains de ces harpies qui s'efforcent, par ces malheureux dogmes, de sacrifier son ame aux enfers et sa réputation à vne infamie éternelle. Ouy, Madame, c'est leur but et non pas le repos de vostre cœur. Ils taschent, comme Satan fit à nostre Seigneur, de séduire vostre créance sous le manteau de la vertu, sçachant bien qu'ils n'en viendroient pas à bout sous celuy du vice; et après auoir, mais en vain, employé tous leurs efforts pour rendre vos mains sacrilèges en les armant contre le sanctuaire, ils les arment contre le peuple, sans distinction de sexe, d'âge ny de profession, afin qu'ils fassent par cette voye ce qu'ils n'ont pu faire par l'autre, et que le sang des enfans à la mamelle, meslé avec celuy de leurs mères, celuy des Prestres parmi celui des Laïques, et celuy des Vierges consacrées à Dieu avec celuy des autres filles, ils dressent vne hécatombe aux démons du corps, du sang et de la vie des innocens et de l'âme de vostre Maiesté.

Ie ne doute point, Madame, que ces paroles ne vous touchent. Ie sçay que vostre Maiesté ne les pourra lire sans frémir, et qu'elles luy glaceront le cœur; mais la preuue luy en fera cognoistre la vérité, à la confusion de ces faux Profètes, à la gloire de Dieu, au bien du Roy et de ses Suiets, et à sa propre consolation. Les Parisiens, dit-on, sont rebelles. Il les faut punir et les exterminer. Il n'y a point de péché; au contraire, il y a obligation, afin de maintenir l'authorité du Roy, à quoy vostre Maiesté s'est engagée par serment lorsqu'elle a

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