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A Boulogne et aux enuirons
Paroist quantité d'escadrons,

Qu'ils en ont veu bien près de mille.
Le peuple à s'alarmer facile

Prend cela pour argent comptant,
Et s'en trouble tout à l'instant,
Gronde, tempeste, s'effarouche,
Dit ce qu'il luy vient à la bouche,
Et tout lui deuenant suspect,
Parlant sans crainte et sans respect,
Que ce malheur est sans remède,
Et que la Reyne de Suède

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Erlac ou bien le Loup garou

Ont pris leur quartier à Saint Clou.
Quelqu'vn dit qu'il a veu la Seyne
De monstres marins toute pleine,
Conduits par le poisson Colas,
Qu'ils ont en mains le coutelas,
Et que les ayant veu parestre,
S'approchant pour les recognoistre,
Soudain les ayant veu plonger
De leur nombre il n'a pu iuger;
Que néantmoins la troupe est grande
Et qu'ils sont bien plus d'vne bande;
Que l'on doit à son sentiment
Craindre vn funeste éuènement,
Et qu'il y a parmy ces bestes
Quelques Chimères à cent testes.
Le peuple qui croit de léger,
Et qui ne craint que le danger,
Dit que cela pourroit bien estre,
Que mesmement deuant Bissestre
Il paroist des magdaléons

'Jean-Louis comte d'Erlach, général de l'armée weymarienne. Voyez entre autres la Champagne désolée par l'armée d'Erlach [677].

Montez sur des Caméléons,
Que l'on y voit des hypogrifes
Des Caualiers ou Hiéroglyfes,
Qu'entr'eux mesme sur vn dragon
On recognoist le Roy Hugon
Qui, pour leur ruine certaine,
Est party de Tours en Touraine,
Que cecy n'est point vision
Et qu'ils sont plus d'vn million,
Qu'ils iettent le feu par la gorge,
Qu'il faut mander M. Saint George
Lequel depuis plus d'an et iour
Au sépulchre fait son séiour,
Faire en sorte que la Pucelle,
Ainsy qu'il combattit pour elle,
L'engage en ce malheur pressant
Au secours d'vn peuple innocent.
La ville, à cette renommée,
De nouueau se voit rallumée
Et quelque vin dessus le ieu,
Dont ils auoient pris plus qu'vn peu,
Faisoit que les gens vénérables
Estoient de raison peu capables
Quand à neuf heures du matin
On vit au faux bourg Saint Martin
Arriuer par bonne aduenture
Monsieur Bruxelle et sa voiture.
Ce retour fut vn coup du Ciel.
Le peuple dépose son fiel,
De deux costez se range en haye;
Mais pourtant, craignant vne baye,
Veut voir le bon homme chenu
Qui de force gens n'est cognu.
Aussitost qu'il monstre sa teste,
Chacun, son arquebuze preste,

Son mousquet et son poitrinal,
Fait vne salue en général.
Partout le cry se renouuelle
Viue le Roy! viue Bruxelle!
Quatre cents hommes à l'instant
Le conduisent tambour battant
Et le promènent par les rues.
Les chaisnes furent détendues
Tous les tonneaux sont renuersez,
Mais non les soupçons effacez.

Il est conduit en la Grand' Chambre.
Ses Compagnons furent le prendre.
Ensuite vn Arrest est donné

Par lequel il est ordonné

A chacun d'ouurir sa boutique,
Les Clercs reprendre la pratique ;
Mousquets remis au ratelier,
Maçons iront à l'atelier,

Les charretiers à leurs charrettes,
Les Vinaigriers à leurs brouettes,

Les Mareschaux à leurs marteaux;
Les Porteurs d'eau prennent leurs seaux;
Les Charpentiers la besaguë;

Et la magnifique cohue

Tout doucement se sépara;

Chacun chez soy se retira
A la Cour ainsy qu'à la ville
Tout parut remis et tranquille.
Chacun reprit sa belle humeur.
Ainsy finit cette rumeur.

Ie ne sçaurois, pour moy, comprendre
S'il y a du feu sous la cendre;

Mais sans pousser l'affaire à bout,
Nostradamus et Dieu surtout.

Reqveste des trois Estats présentée à Messievrs du Parlement [3494]'.

(1648.)

Supplient humblement les trois Estats du gouuernement de l'Isle de France, joinct auec les bourgeois et habitants de la bonne ville de Paris, se faisant forts du consentement et vnion des treize prouinces et gouuernements du Royaume, et spéciallement de toutes les grandes villes, de la bonne volonté et intention desquelles lesdits Estats sont associés, tant par parolles que par escrit, comme aussi par la conionction de l'intérest commun. DISANS que depuis la mort du Roy Louys XIII, d'heureuse mémoire, quoy que les Princes, grands Seigneurs et Officiers, de resouuenance des énormes iniustices et maux intollérables qui leur ont esté faits et à tout le Royaume par ceux qui s'estoient emparé de la puissance absolue près du Roy, sous le nouueau nom de premier ministre d'Estat, eussent protesté hautement de ne plus souffrir qu'vn particulier s'eslevast ainsi sur les espaules des Roys, et à l'oppression de tout le monde, néantmoins par le trop de bonté qu'ils ont eu, il est auenu qu'vn estranger nommé Iulle Mazarin s'est installé dans ce souuerain ministère, où il n'a esté esleué par sa naissance ny par aucun seruice notable rendu à cet Estat ny par aucun mérite, veu que l'on sçait qu'il est Cicilien d'origine et naturel suiet du Roy

'Naudé dit de ce pamphlet qu'il faut lui donner lieu entre les bonnes pièces; et Omer Talon nous apprend que l'imprimeur, qu'il ne nomme pas, fut arrêté et condamné par le Châtelet à faire amende honorable et à être banni.

d'Espagne, de très sordide naissance, qui a esté vallet en diuers endroits à Rome, après y auoir seruy mesme dans les plus abominables desbauches de ce pays-là, et s'estant poussé par ses fourbes, plaisanteries et intrigues, de tel action est venu en France, où il s'est introduit par les mesmes moyens dans l'esprit de ceux qui gouuernoient, lesquels l'ont auancé pour leur seruir d'espion et de ministre pour leurs intrigues particulières, et auec le temps s'est rendu fort puissant sur l'esprit et sur le conseil de la Royne, tenant hautement tous les grands du Royaume, sans qu'on ayt recognu pendant ce temps d'autre autorité à la Cour et dans toutes les affaires du dedans et du dehors que la sienne, au grand scandale de toute la maison Royalle et de toute la France, et à la dérision mesme des nations estrangères; qu'ainsi depuis six ans il a plus fait de mal, de dégast et de rauage que les plus cruels ennemis ny sçauroient faire, s'ils y estoient venus à main armée et vainqueurs; car il a disgracié, banny et emprisonné sans suiet ny forme de iustice les Princes, Officiers de la Couronne et Cour de Parlement, les grands Seigneurs et les plus seruiteurs des Roys et des Princes, faict mourir quelqu'vns d'iceux par poison, entre autres le président Barillon', faisant pour crime d'estre trop affectionné au seruice du Roy; il n'a auprès de lui que des gens très meschants, sans honneur et sans foy, traistres, concussionnaires, impies et athées; il s'est attribué la charge de gouuerneur du Roy, pour le nourrir à sa mode et l'empescher de la compagnie des choses nécessaires à bien régner, afin de demeurer tousiours son maistre, luy insinuer des sentiments d'auersion

'On peut voir les Dernières actions et paroles de monsieur le président Barillon décédé à Pignerol le 30 août 1645, etc. [1030.] ·

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