Combattre pour Saincte-Gonesse1. Il n'est pas iusques à Iodelet2 Qui n'ait en main le pistolet, Ayant adioint à sa cabale
Les gens de la Troupe Royale;
Si bien qu'eux tous, iusqu'aux Portiers, Ont cuirasse et sont Caualiers, Tesmoignant bien mieux leur courage En personne qu'en personnage.
Chacun va cherchant son salut, Diuersement au même but;
Car vostre Troupe Théatine'
Qui fait vœu d'estre peu mutine, Ne croyant point de seureté
En nostre Ville et Vicomté,
A fait Flandre et dans des cachettes A serré les Marionettes,
Qu'elle faisoit voir cy-deuant
Dans les derniers iours de l'Auant, Voulant cette Troupe nouuelle, Aller se reioindre à Bringuelle, Iusqu'à tant que, dans ce quartier, Soit en partie, ou tout entier, Vous reueniez prendre séance
1 Aller chercher du grain à Gonesse. N. D. T.
Jodelet est un des personnages de la Fronde. On a publié le Dialogue de Iodelet et de l'Oruiatan, etc. [1080], les Entretiens sérieux de Iodelet et de Gilles le niais, etc. [1257], et lodelet sur l'emprisonnement des princes [1736].
Les Théatins, outre la prédication qu'ils faisoient cet Aduent dernier, en Italien, voulant émouuoir l'assemblée par les yeux aussi bien que par les oreilles, faisoient parestre des petits personages pareils à ceux qu'on voit passer au-dessus de l'horloge du Marché-Neuf, quand les heures sonnent, pour représenter quelque histoire sainte; ce qui tenoit plus de l'artifice de l'Italien que de la deuotion du François.
Au Palais de vostre Éminence Pourveu que vouliez chercher Des lits afin de vous coucher; Car, pour ne vous y point attendre, Ces iours passez on a fait vendre Vostre précieux demeurant, Et vos meubles au plus offrant, Excepté la Bibliothèque Qui demeure pour hypothèque A tous les sçauans de Paris, Qui n'estoient point vos fauoris; Encor qu'en bonne conscience Ils méritent bien récompense, Estant certain que la pluspart Ont mis maints deniers au hazard, Soit en Liure, ou Thèse, ou Peinture, Afin d'estre en bonne posture Et d'obtenir asseurément Quelque notable appointement, Auoir Bénéfices ou Charges; Mais vous n'êtes pas des plus larges; Et ie croy bien que ces Messieurs
Peuuent chercher fortune ailleurs S'ils ne l'ont déià toute faite; Car ie voy que vostre retraite Va vous oster tout le moyen De iamais leur faire du bien, Que par vostre retraite mesme, Qui leur feroit vn bien extresme; Car vous les pouuez obliger Allant au pays Estranger.
Que maistre lean et maistre Charle, Maistre Pierre et maistre Bastien, N'ayent dit : Ie le voulons bien, Ce n'est pas encor chose faite; Encor faudroit-il que Perrette, Dame Lubine et dame Alis Vous pussent souffrir à Paris, Et prissent vostre affaire à tasche, Comm' au quartier de S. Eustache, Elles firent pour leur Curé, Qui depuis leur est demeuré 2.
Ha! que s'il m'eust esté facile, Quand vous estiez en cette ville, De vous aborder quelquefois, Et vous parler de viue voix, Vous seriez encore à vostre aise, Et n'auriez point fait de fadaize, Pourueu que mes petits auis Eussent par vous esté suiuis. Mais il nous estoit impossible. Vous estiez tousiours inuisible; Et l'on pouuoit mettre en escrit Dessus vostre porte, Cy-git!
1 De Ruel. Les députés du parlement partirent de Paris le 4 mars. 2 Il y eut, quelques années auparauant, dans la paroisse de Saint-Eustache, après la mort du curé, vne émeute de femmes qui vouloient que la cure passât au neueu du défunt. La reine ayant dit à vne députation des insurgées qui auoit été admise deuant elle : « Vous l'aimiez donc bien? Eh! Madame, lui fut-il répondu, nous sommes accoutumées depuis cent ans à les voir se succéder de père en fils. >> N. D. T.
Cependant qu'en vostre Antichambre Où fumoit le Iasmin et l'Ambre, L'Intendant et le Cordon bleu Pestoient ensemble auprès du feu, Scachant bien que pour toute affaire, Soit importante, ou nécessaire, Vous teniez en main le Cornet, Ou railliez dans le Cabinet, Auec Bautru, Lopes et d'autres1, Qui sont bien d'aussi bons apostres, Et deux Singes sur vos genoux, Qui dansoient parfois auec vous. Ce n'est pas viure à nostre mode. Le François a d'autre méthode; Et vous n'auriez pas fait tant mal D'imiter le feu Cardinal,
Dont le discours et le visage Gagnoient le cœur du plus sauuage; Donnant au monde tour à tour Vos audiences chaque iour. Vous deuiez imiter cet homme, Et ioindre l'addresse de Rome A la science qu'il auoit De Politique et d'homme adroit. Comme vous auiez la puissance, Et de deniers grande abondance, Vous pouuiez finir nos langueurs par la Paix gagner les cœurs. Elle n'estoit que trop facile Grâce au généreux Longueuille, Si vous n'auiez point trauersé Ce qu'il auoit bien commencé.
Voyez plus haut sur Bautru et sur Lopes l'Adieu et passeport de Mazarin, etc,
Voilà ce qu'il vous falloit faire Pour estre longtemps nécessaire. Sur tout il se faloit garder, Sans vn peu trop se hazarder, De toucher aux Cours Souueraines, Qui pour la pluspart sont hautaines, Et sanglent vn homme tout net Par arrest de six cens dix-sept', Et de Ianuier, en cette année, Où l'on vous l'a belle donnée. Voilà ce que c'est de s'ingérer Aux affaires de l'Estranger. Excusez, Iules, ie vous prie, Si, d'vne plume si hardie, Ie semble auiourd'huy vous parler. Ie ne sçaurois dissimuler. Ie dis icy ce que ie pense, Non par esprit de médisance, Mais bien par le dépit que l'ay, Que vous n'auez point ménagé Cet honneur que vous auiez d'estre Aussi puissant que nostre Maistre, Faire de nouueaux Réglemens, Disposer des Gouuernemens, Conférer tous les Bénéfices, Créer, supprimer les offices, Bref, de faire, selon vos vœux, Les hommes grands ou malheureux. Tant s'en faut que ie vous accuse, l'ay tousiours fait parler ma Muse Auec des termes de respect,
Si que ie crains d'estre suspect,
1 Arrêt de la cour de parlement, du 8 iuillet 1617, contre le défun marquis d'Ancre et sa femme [204].
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