ページの画像
PDF
ePub

dans le Royaume; ce qui retourne au bien et à l'vnion de l'Estat.

30. Int. Si ie ne suis pas la cause de la mort du Roy d'Angleterre, oncle de sa Maiesté, ayant continué indiscrètement les pratiques que le défunct Cardinal de Richelieu y auoit commencé, pour allumer la guerre en ce Royaume ?

Resp. Que i'ay receu la nouuelle de cette mort auec douleur, et que ie n'en dois estre considéré comme la cause, non plus que défunct Monsieur le Cardinal; d'autant que i'ay trouué sur ses mémoires, qu'il n'auoit suscité cette guerre que pour diuertir le secours qu'il scauoit de bonne part que le Roy d'Angleterre deuoit enuoyer à celuy d'Espagne, lorsque l'armée du Roy voudroit assiéger Dunkerque et les autres villes qu'il ne pouuoit voir en nos mains sans ialousie; mais que Monsieur le Cardinal auoit fait estat que le party du Roi d'Angleterre subsisteroit plus longtemps, et que c'estoit son intention de luy prester secours et de le desgager de cette oppression, lorsqu'il auroit eu fait la paix auec l'Espagne ; à quoy il destinoit le reste de nos troupes, હૈ pour empescher les désordres que les soldats accoustumez en la guerre causent en vn Estat, quand ils se trouuent oisifs.

31. Int. Si la paix nous ayant été offerte par le Roy d'Espagne et ses confédérez auec des conditions très aduantageuses pour la France, ie n'en ay pas détourné l'effet et plutost souffert la désunion de nos Alliez que d'y vouloir entendre, pour cette seule considération, que ie ne pourrois me maintenir pendant la paix, comme ie fais en temps de guerre? Si à cette occasion ie n'ay pas rendu Monsieur le Duc de Longueuille malcontent

[ocr errors]

ayant veu que ie me seruois de l'industrie d'vn Plénipotentiaire qui n'estoit de sa condition, pour empescher l'effet de ce que ce Prince auoit arresté ? Et si ie ne sçay pas que l'Archiduc Léopold en a depuis peu rendu tesmoignage au Parlement?

Resp. Que si l'on considère la paix comme fait le commun du peuple, c'est à dire comme le seul et vnique bien de l'Estat, ie pourrois véritablement encourir quelque sorte de blasme en ce rencontre; mais si esleuant ses pensées, on considère que la guerre et la paix sont indifférentes au bien de l'Estat, pourueu qu'il trouue les moyens de subsister en l'vn ou en l'autre aduantageusement, il n'y a personne, pour peu illuminé qu'il soit en l'art de régner, qui ne iuge mon procédé trèsiudicieux, s'il sçait que défunct Monsieur le Cardinal de Richelieu n'a pas tant déclaré la guerre dans l'espérance de prendre quelques villes sur l'ennemy, qui seroit peu en comparaison de la despense qu'il faut faire pour les conquérir, que pour auoir suiet d'éleuer pendant ce temps l'authorité du Roy au poinct où il l'a mise; ce qu'il n'eust pu faire en temps de paix. C'est pourquoy c'est auec beaucoup plus de raison qu'ayant entrepris d'esleuer de la mesme façon l'authorité de la Régence, i'ay procuré de tous mes efforts la continuation de la guerre; ne faisant rien contre moy ce qu'on obiecte pour me blasmer, que dans cette pratique i'ay aussi bien eu en considération le maintien de mon authorité que de celle du Roy et de la Reine; d'autant que cherchant à me conseruer, c'est donner moyen à leurs Maiestez de garder cette puissance absolue que nous leur auons donnée sur leurs subiets; pour laquelle maintenir, il est nécessaire qu'elle soit aydée par vn ministre absolu et

nourry dans nos maximes; Ayant fait en sorte que cette dignité est maintenant plus nécessaire à la France en l'estat que les choses sont réduites, que toutes les autres ensemble.

32. Int. Si cette prorogation de la guerre n'a pas esté cause des progrez du Turc en la Chrestienté, les Princes Chrestiens estans empeschez en cette guerre domestique? Si le Pape et les Vénitiens ne m'en ont pas fait reproche? Et si ie n'en ay pas tiré récompense du Turc?

Resp. Que ie n'ay pas creu que l'intérest général de la Chrestienté deust estre préferé au bien particulier de la France, tel que ie viens de le monstrer en respondant en l'article précédent. Et si en seruant mon Maistre, le Turc s'est persuadé que ie luy rendois seruice pour sa seule considération, il est certain que ie n'ay deu refuser ses présens, puisqu'ils ne m'obligeoient à faire chose quelconque qui ne fust pour le seruice du Roy de France.

33. Int. Pourquoy i'ay enleué nuictamment le Roy hors de Paris et mis la confusion dans toute la France?

Resp. Que la raison n'en est appuyée que sur ce fondement légitime, de maintenir l'authorité Royalle, que ses subiets vouloient auilir en se seruant de cet aduantage qu'ils tenoient le Roy et ses Ministres en leur puissance.

34. Int. Pourquoy donc, pour trouuer prétexte à cet enlèuement, et pratiquer la désvnion entre le Parlement et les Bourgeois, i'ay tasché de calomnier cette Compagnie par la lettre que ie fis enuoyer à l'Hostel de Ville, et par les libelles que i'ay du depuis semez dans lés rues1?

1 Lettres et déclaration du Roy sur le suiet de sa sortie de Paris, etc. [2289]. Les libelles sont apparemment les deux billets: A qui aime la

Resp. Que les maximes d'Estat ne veulent pas que l'on descouure tousiours au peuple les véritables motifs des actions de ceux qui en ont la conduite; et quoy que l'authorité Royalle soit vn prétexte très équitable, que néanmoins parcequ'en certains rencontres elle choque la liberté des peuples, cela en imprime quelque auersion dans les esprits des moins obéissans, qui ne considèrent point que le Roy ne s'eslèue et n'establit son pouuoir que pour mieux les deffendre contre les ennemis communs. De là vient que i'ay crû à propos de reietter la sortie du Roy sur les entreprises du Parlement contre sa personne, afin que le peuple en conceuant quelque indignation contre eux, il refusast de prester assistance; dont cette Compagnie ne me doit sçauoir mauuais gré, puisque tout mon procédé n'a esté que pour le maintien de l'authorité Royalle, auquel elle est obligée aussi bien que moy.

35. Int. Si ie n'ay pas donné conseil à la Reine de ruiner Paris?

Resp. Que ce n'a iamais esté mon dessein de faire aucun désordre en la ville, mais bien d'en affoiblir insensiblement les forces, en ostant les Compagnies souueraines et la Cour de sa Maiesté, parce qu'ayant recognu que la grandeur de cette ville seruoit de contre poids à l'authorité du Roy, i'ay creu qu'il alloit de mon Ministère et de mon deuoir de retrancher cet empeschement à la puissance absolue de sa Maiesté.

vérité, Lis et fais, répandus dans Paris par le chevalier de La Valette dans la nuit du 11 février. Il résulterait ainsi de ce passage que j'ai eu tort de placer le Sommaire de la doctrine curieuse dans la Liste chronologique des Mazarinades, sous la date du 8 janvier. J'aurais dû la reporter à peu près vers l'ouverture des conférences de Ruel.

36. Int. Siie ne me suis pas seruy de charmes et autres inuentions diaboliques pour me conseruer la bonne volonté de la Reine, et pour attirer de mon party Messieurs le Duc d'Orléans et le Prince de Condé?

Resp. Que i'ay tousiours eu horreur pour les sortilèges; et néanmoins qu'à mon aduénement au Ministère, vn de mes Confidens me congratula d'auoir employé le sort pour le faict sur lequel ie responds; mais que ie ne l'ay iamais aduoué, et luy ay refusé mesme quelque récompense qu'il croyoit obtenir de moy à cette occasion.

37. Int. Si toute ma religion n'est pas établie sur la doctrine de Machiauel, ne tesmoignant aucun zèle pour la loy Chrestienne, veu qu'il semble que ie n'approche des Sacremens et fasse cas des mistères de l'Eglise que pour me purger de l'infidélité dont on me pourroit accuser?

Resp. Que ma qualité de Cardinal me laue assez de cette accusation, et que cette dignité me doit rendre très ardent pour la doctrine qu'enseigne l'Église Catholique, Apostolique et Romaine; mais que ce qui trompe ceux qui examinent de si près mes actions, est que i'estime que la déuotion extérieure n'est pas celle qui doiue estre la plus affectée.

38. Int. Si ie n'ay pas exercé la simonie la plus odieuse qui fut iamais, en baillant des millions à ceux qui se sont employez vers le Pape pour obtenir à mon frère, le Cardinal de Sainte Cécile, le chapeau auec lequel il est mort?

Resp. Que cette accusation seroit bonne à proposer à vne personne qui tiendroit vn moindre rang dans l'Église; mais qu'en estant vn des Princes, i'ay pu me dispenser

« 前へ次へ »