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(quoy que disent les Canonistes du contraire) de toute tache de simonie, ainsi que i'ay appris d'vn très subtil Politique.

39. Int. Si ayant pris le soin de faire diuertir le Roy et sa Cour par les Comédiens que ie luy ay fait venir d'Italie, et les somptueux balets qui ont estez dancez deuant sa Maiesté par mon ordre, ie n'ay pas souffert qu'il y receust de très-mauuaises instructions par les discours scandaleux que tenoient les acteurs, et par leurs actions qui n'estoient le plus souuent que maquerellage de l'vn et de l'autre sexe?

Resp. Qu'il en va autrement de l'instruction des ieunes Princes que des autres enfans, parceque les vns ayant à gouuerner vn Estat et viure auec les meschans aussi bien qu'auec les bons, il est à propos qu'ils cognoissent le mal comme le bien, dont ceux qui ne sont de cette condition peuuent se dispenser dans leur vie particulière.

40. Int. Quelles sont les maximes desquelles ie me suis seruy pour administrer l'Estat?

Resp. Que i'en ay déclaré vne partie en me iustifiant des accusations qui me viennent d'estre obiectées en l'interrogatoire que ie preste; Que pour les autres elles dépendent de la Politique secrette qu'il importe au bien de l'Estat de tenir cachée, parce qu'elle paroist plus insupportable aux peuples qui ne sont versez en cette science, de laquelle mesme pour cette raison ie me suis abstenu de parler en mes Responses, quoy qu'elle eust pu me seruir extresmement pour iustifier mes actions et ma conduite.

41. Int. Si affectionnant le bien de l'Estat, comme ie dis, ie n'eusse pas mieux fait de retourner en Italie pour

rendre le repos à ce Royaume que ie lui oste par ma présence?

Resp. Que ie ne pourrois faire vn plus grand préiudice à l'authorité du Roy et de la Reine, et que ce seroit mesme prolonger les troubles du Royaume, parce que donnant cet aduantage aux peuples dè m'esloigner pour leurs plaintes, ils ne manqueroient pas lorsqu'ils auroient conceu vne pareille indignation contre celuy qui me succéderoit, de susciter les mesmes émotions qu'ils ont fait en ce temps contre moy; ce qui arriueroit indubitablement, puisqu'à ce qu'ils tesmoignent, ce n'est pas tant ma personne qu'il leur déplaist, que la façon de laquelle ie conduis l'Estat; d'où vient que tous ceux qui sont auiourd'huy proche de leurs Maiestez et qui ne manqueront pas d'artifices pour s'y maintenir, estant nourris dans les mesmes maximes, il est impossible que l'Estat change de conduite, et par conséquent que les suiets de plaintes pour les peuples cessent si l'on n'y apporte vn autre remède, et qu'il ne leur soit puissamment resisté; de sorte que pour le bien de l'Estat, i̇'ay iugé mon restablissement d'vne telle conséquence, que i'ai conseillé à la Reine de plustost hazarder la Couronne de son fils, que de ne pas tirer raison de l'iniure qui m'est faite, et de ne me restablir au rang que ie tenois dans le Royaume.

42. Int. Si i'entends prendre droict par les informations qui ont esté ou seront faites contre moy?

Resp. Que très-volontiers, pourueu qu'elles ne contiennent autres choses que les chefs sur lesquels on me vient d'interroger.

La

response à la lettre du cardinal Mazarin.

MONSEIGNEUR,

l'ay crû que la conséquence de l'affaire que vous me faites l'honneur de me communiquer par celle que i'ay receue de vostre Éminence, désiroit vne plus prompte response que celle que vous demandez de moy. C'est le suiet pour lequel ie vous enuoye ce Courrier extraordinaire, pour vous mander mon sentiment, touchant la comparution que vous auez résolu de faire au Parlement, pour vous purger des calomnies que l'on vous impose, et vous dire auec liberté (puisque vous me tesmoignez le souhaitter ainsi) que vous deuez bien vous donner de garde de mettre votre dessein à exécution sur la confiance que vous auez de la iustice des Responses que vous auez dressées contre les Faicts dont on vous accuse; car combien que vostre Politique et Art de régner vous mettent à couuert de tout reproche, vous deuez néantmoins considérer que ceux deuant qui vous auez à vous représenter, ne cognoissent pas les maximes de Machiauel ny de Monsieur le Cardinal de Richelieu, non plus que celles que vous auez inuentées par vos artifices (puisque c'est vn des mots de l'art), pour règles de leurs iugemens, comme vous vous les estes proposez pour but et conduite de vos actions; de sorte que ie suis fasché de vous dire, Monseigneur, que le Parlement qui ne recognoist autre loy en ce Royaume, à l'égard de telle personne que ce puisse estre, que les Ordonnances Royaux, trouueroit en vos Responses, de la façon qu'elles sont conceues par votre Mémoire, plus de cent chefs pour prononcer vostre condamnation. C'est pourquoy, Mon

seigneur, pour ne pas flatter vostre Éminence en vn rencontre où il importe de luy déclarer la vérité, ie serois d'aduis puisque vous me faites l'honneur de participer à vos conseils, que vous cherchiez vostre salut par tout autre moyen que celuy que vous me proposez. Ie vous prie de receuoir ce sentiment de celuy qui ne s'est porté à vous le dire auec tant de liberté, que dans le dessein que i'ay de vous tesmoigner que ie suis

De vostre Éminence,

MONSEIGNEUR,

Vostre très-humble et très-obéissant seruiteur,

De Paris ce 2 iour de mars 1645.

T. T.

Lettre iouiale à Monsieur le Marquis de La Bovlaye, en vers burlesques [2245] * .

(4 mars 1649.)

En ce mois de Mars bien nommé,

Où Mars s'est si bien escrimé,
A Paris, la plus rude escrime
Est de la prose et de la rime.
Mais si dans ce siècle peruers,
Où tant de gens vont de trauers,
La mienne ne choque personne,
Elle est la seule qui pardonne;
Car il n'est si peu médisant
Qui n'ait à médire à présent.

C'est, au jugement de Naudé, la cinquième entre les pièces dont on peut faire estime.

Mais trèue d'iniures: silence.
le veux louer vne excellence.
Ce titre vous est bien acquis
Autant que celuy de Marquis,
Marquis dont le courrier raconte
Plus que d'aucun Baron ny Comte,
Et qui narguez les fanfarons,
Soit Marquis, Comtes ou Barons,
Marquis encor à meilleur titre
Sur vos terres qu'en mon Epistre,
Qui ne croyriez pas vous tromper,
Vous changeant contre vn Duc et Pair,
Fleur de la valeur Poiteuine;
Qui par ce nom ne vous deuine,
Il n'entend pas à demy mot
Et ne boit pas à vostre escot.
Pour vous la bonne renommée
Tout cet Hyuer s'est enrumée;
Et son mary, le bon renom,
S'enroue à chanter vostre nom;
A qui ie crieray de loin viue,
En attendant que ie vous suiue;
Vos coureurs vn peu trop ardens
Ont mis les miens dessus les dents.
Tandis qu'ils sont sur la litière,
La Muse a beau prendre carrière.
On vous proclame à haute voix
Le grand Gassion des conuois1.
Ce titre vous est vn reproche;
Et cette comparaison cloche.
Aux conuois, sauf correction,

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Vous n'estes point vn Gassion.

'Le mot est de l'abbé de Laffemas dans la Lettre à monsieur le Cardinal, burlesque, voyez plus haut.

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