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La fleur de la badauderie.
Iamais ny Maugis d'Aigremont
Ny tous les quatre fils Aymond
N'entraisnèrent portes cochères.
Vous rendiez ces portes légères,
Puisque c'estoient cheuaux légers
Qui vous suiuoient par les dangers.
Mais depuis peu cette ieunesse
Court à la flotte de Gonesse;
Dès que le pain fait son reflus,
Ces coureurs ont les pieds perclus.
Pour vous qui galoppez trop viste,
Qui changez trop souuent de giste,
Ou plustost qui ne gistez point,
Vostre lict est vostre pourpoint.
Si parfois vostre corps sommeille,
Vostre ame a la puce
à l'oreille.
Rolland sur son haut destrier
Dormoit le pied dans l'estrier;
Et sa valeur si bien iuchée
Perdoit le soin de la couchée.

Vous non plus que luy las d'aller,
Tousiours les deux iambes en l'air,
Et le corps ferme dans la selle,

Comme en bronze on voit Marc Aurelle,
Mais non comme luy permanant,

Postez du Leuant au Ponant,

Trottez de l'vn à l'autre Pole;
Mais ces mots sentent l'hyperbole;
Disons vray : par monts et par vaux,
Iour et nuict sur vos grands cheuaux
Vous renouuellez la courante

De la cheualerie errante.

Paris qui vous a fait venir,

N'a pu longtemps vous contenir.

Il faut bien vne autre carrière
A vostre agilité guerrière.
On disoit à vostre despart :
Ce braue s'en va quelque part.

Depuis l'ay sceu que c'est au Maine
Que vostre valeur se promène,
Pour y grossir des pelotons

Non plus de bœufs ou de moutons,
Non plus de trouppeau, mais de trouppe,
Rude aux coups autant qu'à la souppe;
Gens au Maine aussi bien choisis
Que nos guerriers en Parisis.

La fureur des Normands fut grande.
Après cela ie vous demande

S'il fera bon estre ennemy

Des Manceaux, Normands et demy,
Manceaux plus dangereux aux hommes
Que les Normands le sont aux pommes
Et plus qu'eux diables en procez.
Mais dans le doute dn succez

S'ils sont bien chez eux, qu'ils s'y tiennent;
Ou s'il est bon qu'ils nous soustiennent,

Paris receura volontiers

Vn renfort de leurs coquetiers.
En ce cas donnez leur escorte;
Ie vous en prie et vous exhorte
En l'honneur des conuois passez
Que nous auons bien fricassez.
Seigneur, conuoyez nous encores,
Au lieu de ces grosses pécores,
Vn conuoy de chapons du Mans,
La charge de mille iumens,
Par paniers bons à barricades,
En cas d'assauts ou d'ambuscades;
Et couronnez vos bons exploits

Par le plus friand des conuois.
Après, que le grand la Boulaye
N'ait aux combats bigne ny playe
Et despense moins ses deniers
En chirurgiens qu'en cuisiniers.
Quand ie fais rencontre en campagne
De ces gros buffles d'Allemagne
ou de Pons,

De

Sur le qui viue, ie respons :
Respect de Saint Germain en Laye,
Viue le braue la Boulaye,
Par qui grassement ie vescus
Sur la moustache du blocus.

II

passe enfin comme tout passe, Et vient de fondre auec la glace. Pourueu qu'il n'y retourne plus, Dieu le conduise; et ie conclus Que Dieu vous conduise vous mesme, Pour reuenir après Caresme

Manger chez vos confédérez

Des chapons que vous conuoirez.
Que vostre valeur les conuoye
Ou que vostre ordre les enuoye,
Pourueu qu'ils viennent à bon port,
Nous vous en payerons le port
En santez, payement commode.
Payer en or n'est plus la mode.
Qu'ils viennent plus tost que plus tard;
Nous changerons leur plume en lard.
Pour eux nous ferons sans lésine
Des feux de ioye à la cuisine;
Et grande chère auec grand feu,
C'est nostre compte et vostre ieu.
Si la feste n'est assez bonne
Pour vous conuier en personne,

Qu'il vienne personnellement
Vingt mille chapons seulement.
Que de chapons dans vne Epistre!
Mais i'en suis sur vn bon chapitre;
Et ie n'ay point des complimens

Si

gras que vos chapons du Mans.
Ie le dis et ne m'en puis taire,
Ie le redis et réitère,

Que, foy d'Autheur, ie vous respons
De faire honneur à vos chapons.
C'est là mon dernier mot pour rire.
C'est le mieux que vous puisse escrire
Celuy qui fut, est et sera
Votre très humble et cétéra.
Si ie signois Cheualier George,
l'aurois menty non par la gorge,
Mais i'aurois menty par les doits.

Fait à Paris en badaudois,
L'an que toute arme estoit fourbie,
Pendant vn Caresme amphibie,
Moitié chair et moitié poisson,
Moitié farine et moitié son.

Lettre d'Auis à Messieurs dv Parlement de Paris, escrite par vn Prouincial [1837)'.

(4 mars 1649.)

Messieurs, i'ay à vous demander pardon d'abord si i'ose faire porter à cette lettre le titre d'auis à vostre

1 Il n'y a peut être pas de Mazarinade qui ait fait plus de bruit dans le temps et reçu plus d'éloges. Naudé la cite comme un exemple de ce que

cour, parcequ'il semble que ie veuille donner de la lumière au soleil, ou des eaux à l'Océan; néanmoins mon excuse vous paroistra peut-estre légitime, si ie vous dis que les plus grands esprits, pour estre trop attachez aux réflexions qu'ils font sur de hautes affaires, choppent assez souuent en celles qui sont fondamentales, parcequ'ils les négligent comme leur paroissant trop petites. L'on a remarqué le tour que fit vne Milésienne au Philosophe Thalès elle le voyoit tousiours occupé dans la contemplation des astres, et les yeux fichez sur les cieux, et mesme en marchant par les rues; pour luy faire pressentir qu'il deuoit penser premièrement à ses pieds, elle mit quelque escabelle deuant luy, qui le fit tomber. C'est en vain qu'on coupe les branches de ces mauuaises plantes qui s'attachent aux bonnes; si l'on n'en arrache la racine, le premier printemps leur redonne la naissance, et les fait bien souuent repousser auec plus d'étendue. Il vous en peut arriuer de mesme dans la conioncture des affaires présentes; car si vous ne déracinez les désor

sont les bonnes pièces dans leurs formes extérieures : l'impression, le titre, le nombre des feuilles, et dans leurs formes intérieures : la composition et le style. Guy Patin en fait grand cas; et Mailly ne manque pas de la signaler.

Dès son apparition, une vive polémique s'engagea sur plusieurs passages de la Lettre et particulièrement sur celui-ci : « Les roys cessent d'estre roys quand ils abusent de leur authorité. Les suiets sont déliés de leurs sermens quand les roys contreuiennent aux leurs. » On ne compte pas moins de neuf pièces de cette controverse qui sont : Réponse et réfutation du discours intitulé: Lettre d'auis, etc. [3443]; Réplique au suffisant et captieux censeur de la Lettre d'auis, etc. [3353]; Censure de l'insuffisante et prétendue réponse faite à la réfutation de la Lettre d'auis, etc. [669]; Véritable censure de la Lettre d'auis, etc. [3924); Donion du droit naturel diuin, etc. [1170]; Ruine du mal nommé ou le foudroiement du Donion, etc. [3567]; Retorquement du foudre de Jupinet, etc. [3526]; Iugement et censure des trois libelles: la Réplique, le Donion et le Retorquement, etc. [1773]; Discours chrétien et politique de la puissance des roys, etc. [1103].

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