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gistrat, pour vaillant et innocent qu'il puisse estre, pour éminent que soit le dégré de sa naissance, ou de sa vertu, qui se puisse assurer d'estre hors des prises et des atteintes de leur insolence. Nous auons ouy dire de fort bonne part que le feu Roy ayant esté trauaillé durant toute vne nuict d'vn songe qui luy représenta les détresses où estoit la Reyne sa mère, et les reproches qu'elle luy en faisoit, il s'esueilla en sueur et en fièure; dont son Médecin Bouuard ayant donné aduis au Cardinal de Richelieu, on attira les Bouffons, lesquels sur l'après dinée entretenant ce trop crédule Prince de différens suiets, l'vn d'entr'eux ayant voulu faire le récit d'vn songe qu'il feignoit d'auoir eu quelque nuict auparauant, qui luy auoit donné de l'inquiétude, les autres l'entreprirent, le raillèrent, et le traitèrent de ridicule; ainsi pensèrent-ils éluder cette inspiration du Ciel. Le Roy néantmoins estonné de sa vision, s'en déclara au Cardinal, qui la sçauoit desià, lequel adroitement luy dit qu'il falloit donc rappeler la Reyne sa mère, mais qu'il falloit que ce fust honorablement et en payant les dettes qu'elle auoit contractées chez les Estrangers, et qu'il en feroit dresser l'estat. Il n'est pas besoin d'en dire la suite; suffit de faire paroistre de quels artifices et de quels charmes ces pernicieuses gens là ensorcellent et danınent les Princes. Non, ny les Iuifs, ny les Vsuriers, ny les faux Monnoyeurs ne sont point si dangereux dans les Républiques. C'est néantmoins du milieu de ces gens là que nous attendons l'éducation de nostre ieune Prince. Pensez, Messieurs du Parlement, si vous n'en deuez point faire vn article exprès de vostre Conférence; et voyez si le feu Prince de Condé a voulu que Messieurs ses enfans pendant leur ieunesse, et tant qu'il

a vescu, fussent halenez de ces pestes. Il se présente vn quatriesme obstacle contre les bons desseins de ce Party; c'est la ialousie de plusieurs Officiers, qui ont regret de voir accroistre l'authorité du Parlement et qui se confondent de leur paresse et de leurs lasches conniuences; car quant à ceux qui ont eu participation de profit auec les Traitans, ils sont gibier de Tournelle et de Chambre de Iustice; mais il y a de pacifiques Seigneurs, qui verroient toute la ville en feu et ne voudroient pas contribuer vn verre d'eau pour l'assoupir et pour l'esteindre, pourueu qu'ils eussent asseurance de n'en estre point endommagez. Du coin de leur feu, et derrière leurs parauens ils preuoyent des conséquences; ils appréhendent des changemens en l'Estat et en la Religion. Cependant ny eux ny ceux qui les conseillent, n'ont point le vrai zèle de l'Estat ny de la Religion; si ont bien celuy de leurs intérests. Priuatæ res semper offecerunt, dit le grand Historien, officientque publicis consiliis, dit le grand Prophete Tite-Liue. Mais pour traiter dignement ce suiet, il y faudroit employer plusieurs Philippiques. Il reste de toucher vn mot de l'intérest du menu peuple de Paris, lequel se remettant à Messieurs les Princes et Magistrats d'auancer les propositions plus releuées et plus générales, il demande en son particulier la continuation du Commerce et des manufactures pour le soustien de sa vie, et ne souhaite rien tant que le retour de leurs Maiestez auec l'ancienne Cour françoise; car pour ce qui est du Ministre Estranger, il en a plus d'horreur que de la faim et de la guerre, ainsi qu'il l'a fait souuent entendre par ses cris et par le zèle de ses sorties, dont l'effet n'a esté retardé que par la prudence des généraux. Ainsi depuis deux mois, quelques secousses d'afflictions

et de tentations qu'on luy aye données, il n'a point fait iour pour se désunir. Et c'est vne manifeste prouidence de Dieu qu'vne si vaste ville si peu disciplinée, se soit si paisiblement conduite et maintenue. N'est-ce pas vne autre merueille que nous deuons adorer le ventre contre terre, que nonobstant la persécution de nos ennemis qui nous enuironnent de toutes parts, il se trouue du pain suffisamment pour nourrir tout ce grand peuple, chargé de plus de cinquante mil mendians. Il paroist bien par ce rayon de miséricorde que Dieu ne nous veut pas encore abolir pour ce coup et que le ieusne forcé conioint auec nos volontaires mortifications, produira bientost vn bon amendement à nos mœurs, et ensuite vne salutaire déliurance. C'est l'espérance que les gens de bien de ce Party conçoiuent; c'est à quoy ils exhortent de trauailler ceux de l'autre, s'il s'y trouuoit quelque ame consciencieuse et généreuse. Mais est-il donc besoin d'vne vertu extraordinaire et héroïque pour porter vne parole de iustice à l'oreille d'vne Reyne et de deux Princes? Est-ce vne médecine si amère et si dégoustante que la proposition d'vn bon conseil? Ne s'est il peu rencontrer aucune créature parmy tant de déuotes, qui aie osé présenter cette potion, que la femme d'vn Apothicaire Espagnol? Quoi? il s'est trouué assez de zèle pour abattre de la chaire vn des plus grands prédicateurs de l'Église par vn concert de femmes et par vne ialousie d'escole; et on redoutera de faire vne pieuse proposition pour vn bien public? Pieuses ames de l'vn et de l'autre sexe qui gouuernez cette princesse depuis tant d'années, et qui sauez si bien fleschir ses inclinations à la mesure de vos intérests, n'auriez vous aucun sentiment des misères publiques et de l'honneur de vos

tre Patrie? Abandonnez vous le salut de vostre maistresse? N'oserez-vous pas hazarder vn conseil Euangélique entre sa confession et sa communion? Elle en fait de si fréquentes. O Confessions! O Communions fréquentes! Que ne vous iustifiez vous par vous mesmes? Et pour quoy donnez-vous tant d'auantages à la Théologie d'Arnault? Sainctes religieuses du Val de Grâce, on ne vous exhorte poinct de prétendre aux Martyres des Saincte Agnès et Saincte Catherine; faites seulement cet effort sur vous, de supplier la Reyne de pouruoir au Roy son fils d'vne bonne action. Qu'on sécularise le plus solitaire des Chartreux, le plus austère des Capucins pour habiter auec luy dans son Louure et pour l'informer en la crainte de Dieu, qui est le commencement de toute sapience; et que tous perfides Courtisans en soient pour iamais esloignez. Que si vous estes trop timides pour proposer ce conseil, et que les respects humains vous interdisent la parole, nous nous adressons à vous, Sérénissime Infante, qui régnez dans les Cieux par le titre de vostre perséuérante vertu. Isabelle Claire Eugénie', modèle parfait des saintes veuues et des sages Princesses, prenez soin d'Anne Marie Mauricette d'Autriche, vostre Niepce et nostre Reyne; impétrez luy la grâce de nous gouuerner sur le patron de vos bons exemples. Et puis que les Princes auec tant de libéralitez et de bienfaits ne peuuent que rarement trouuer dans leurs Cours des Conseillers fidèles et généreux, enuoyez de l'autre monde quelque intelligence lumineuse qui instruise cette Princesse de son deuoir, et qui la fasse fleschir sous la puis

1 Fille de Philippe II, roi d'Espagne, et d'Élisabeth de France, gouvernante des Pays-Bas. Elle était alors veuve d'Albert d'Autriche, fils de Maximilien II.

sante main de Dieu. Nous vous remettons librement et respectueusement ce poinct d'honneur et consentons très volontiers qu'elle tienne plustost cette grâce de vostre intercession et de la miséricorde de Dieu, que ny de la compassion de nos misères, ausquelles elle est endurcie, ny des remonstrances du Parlement qu'on luy fait mespriser, ny du secours de nos amis, ny de la résistance de nos armées.

La France parlant à Monsieur le Duc d'Orléans endormy [1435]'.

Avant la paix de Saint Germain.

GASTON, GASTON, resueille toy!

Entends mes cris; assiste moy

Contre ces trois Tyrans dont ie suis deschirée;
Ces trois Monstres cruels ont ma perte iurée.
Fay pour m'en garentir, de semblables efforts.
Ie dors.

Fils d'vn père si glorieux,

Qui par des conseils généreux

Me gouuerna, vingt ans, sans compagnon ny maistre!
Dois-ie pas espérer que tu feras paroistre

Des sentimens pareils à ceux qu'il eut pour lors?
Ie dors.

Sois touché des cris douloureux

De tant de peuples malheureux.

'On y a publié une réponse sous ce titre : Le Prince esueillé [2866], mais avec peu de succès.

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