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Car pourtant sans le Partisant

Nous serions tous morts à présent,
Au lieu que de tant de huées
Nous restent les voix enrouées
D'avoir crié haut et souuent.
Foin! ie m'empestre trop auant.
Pour faire vne action de grâce,
Dedans vn filet ie m'enlasse
Qui n'a commencement ni fin.
Si i'estois vn homme latin,
l'aurois mis en quatre paroles
Sans mentir et sans hyperboles :
Ie vous remercie, Orateurs,
Rares Esprits, braues Autheurs,
Composeurs de rimes burlesques,
Inuenteurs de tittres grotesques,
Aduocats, Pédants, Escoliers,
Qui fessiez si bien les cahiers.
Vos ouurages faits à l'enuie
Nous ont à tous sauué la vie.
Si vous continuez tousiours
A faire de pareils discours,
Pourueu qu'on ne nous fasse niche,
Chacun de nous deuiendra riche;
Et ie diray comme dit on :
Quelquefois le malheur est bon.
Pour acquérir de la finance,
Pourueu qu'on sauue la potence
Et le fouet et la fleur de lys,
Baste du reste. Ie finis,
Après que pour nos compagnies
Ie proteste à ces grands génies
Que ce qui viendra de leur part,
Sera si matin et si tard

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De rue en rue, de porte en porte,
Qu'ils auront grand contentement
D'ouyr publier hautement

La production de leur ceruelle.
Bon soir; ie n'ay plus de chandelle.
Contentez vous d'vn imprimeur
Qui ne fut iamais grand rimeur,
Qui ne sçait règle ni méthode,
Mais qui fait des vers à sa mode
Que l'on chante sur le Pont Neuf
L'an mil six cent quarante neuf.

Le voyage des Iustes en Italie et autres lieux

[4063]'.

Avant la paix de Saint Germain.

Où diable allez-vous nos Iustes,
Iustes de nom, d'effet iniustes,
De laisser sans secours vn peuple désolé?
Il ne faut pas courir si viste

Pour arriver à Rome au giste,
Si vous n'auez dessein que d'estre au Iubilé.

Si l'on vous met en phantaisie
Qu'ayant suruescu l'hérésie,

Rome en attend de vous la satisfaction,
Reiettez ces fausses alarmes;

Car n'estant que sang et que larmes,
Pourroit-elle augmenter vostre punition?

'On sait que les premiers louis furent frappés en 1640 et 1641 sous le règne de Louis XIII dont ils prirent le surnom de Iustes.

Quoy, pas vn de vous ne m'écoute !

Et suiuant tousiours vostre route,

Tout commerce entre nous sera donc interdit!
N'est-ce point qu'estant pièces rondes,
Vous cherchez, ainsi vagabondes,

Vn lieu où vous sçauez qu'ils sont fort en crédit.

Non, non, vous n'estes point capables
De sentimens si délectables;

Mais gardez-vous aussi d'vn acte indécent (sic),
Et que, desmentant vostre titre,
Au pays où règne la mytre

Les Iustes à la fin ne perdent l'Innocent?.

Adieu; ie n'ay plus d'espérance

De vous reuoir iamais en France.
Voulans vous retenir, soudain vous écoulez.
Vous passez les Monts et Marseille;

Et ie pense qu'à la pareille,

Vous qu'on vient de voler, à présent vous volez.

1 Le

l'entends desià que l'Italie

Se mocque de nostre folie,
Et fait d'estonnement mille signes de croix;
Nommant la France ridicule,

De laisser prendre par vn Iule
Tant de médailles d'or de ses augustes Roys.

D'ailleurs elle se formalise,

Qu'estant au pays de l'Eglise,

Vous soyez pris au corps par des banquiers actifs;
Et la chose luy semble estrange

Qu'vn Cardinal vous mette au change;

Car c'est liurer le Iuste vne autre fois aux Iuifs.

pape était Innocent X: et les frondeurs accusaient Mazarin d'aspirer au souverain pontificat.

le crois pourtant qu'vne partie
De vous est seulement partie,

Et que lule à d'aucuns donne part au gasteau.
Aussi dit-on qu'il se contente

D'auoir vingt mille escus de rente
Pour le gouuernement qu'a laissé Pontchasteau.

Il est vray que la médisance
Fait la guerre à son Eminence,
Et l'accuse de faire vn énorme péché,
Disant qu'il vend les Bénéfices;

Mais, malgré les mauuais offices,

On sçait que, s'il les vend, il en fait bon marché.

Toutesfois ses humeurs discrettes,

Le portent à tenir secrètes

Les libéralitez qu'il départ aux humains.
Sa droite à sa gauche les cache;
Et la peur qu'il a qu'on le sache,
L'empesche de les faire en quantité de mains.

Mais courage! si la disette

Du Iuste que l'on met en pochette,
Retranche nos repas, et nous fait aller nuds,
D'autres viennent à leur place,

Qui réparent cette disgrace;

Car Messieurs de la Cour nous sont tous reuenus.

Ces fascheuses harpies

Le grand Maistre et le Cardinal,

Après auoir pris nos coppies,

Ont enleué l'original.

1Le maréchal de La Meilleraye, grand maître de l'artillerie et surintendant des finances.

Discours sur la députation du parlement à monsieur le prince de Condé [1147] '.

(16 avril 1649.)

l'auois eu de la peine à adiouster foy à la nouuelle qu'on m'auoit escrite de Paris, que le Parlement auoit député vers Monsieur le Prince pour lui tesmoigner la ioye que la Compagnie auoit de son retour et l'asseurer en mesme temps de ses soubmissions et de ses respects; mais cette nouuelle m'ayant esté depuis confirmée, i̇’auoue que i'ay esté saisi d'estonnement et d'indignation tout ensemble d'apprendre que cette Compagnie autresfois si Auguste et si Généreuse se soit abbaissée à vne si prodigieuse lâcheté.

Car sans parler qu'il n'y a point d'exemple dans les Registres que le Parlement de Paris ayt iamais fait en vne pareille occasion des semblables complimens vers des Princes du Sang, qui sont suiets du Roy aussi bien que Nous, qui sont sousmis aux mesmes loix qui nous lient, et n'ont autre aduantage que d'estre les premiers Gentils Hommes du Royaume, on ne pouuoit point d'ailleurs tirer en exemple la Députation qui auoit esté faite vers

1 Ce pamphlet est de Paul Portail, conseiller au parlement de Paris, et de la cabale du coadjuteur. Un avocat au conseil privé, Bernard de Bautru, fut accusé, non pas de l'avoir écrit, mais de l'avoir fait imprimer. Il fut en conséquence successivement traduit devant le Châtelet et devant le parlement, chambre de la Tournelle. La peine qui était requise contre lui, n'était rien moins que la mort, par la loi de famosis libellis, par l'édit de Mantes, par l'ordonnance de Moulins et par l'édit de pacification de Henri III, 1577; mais il fut acquitté devant les deux juridictions. Voir le Factum pour M. Bernard de Bautru, etc. [1366].

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