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nos deniers, et par la lâcheté d'auoir laissé prendre tous nos postes sans résistance.

Qu'on ne reproche donc point au Parlement vne Paix qu'il a creue nécessaire. Il faut que les peuples se confient à la protection de cette Compagnie Illustre qui est disposée plus que iamais de s'opposer auec vigueur aux entreprises des Ministres, qui n'a autre but dans ses conseils que le soulagement des peuples, et qui faisant gloire de mespriser ses propres intérests, ne sera point diuertie d'vne si iuste résolution ny par la foiblesse des Chefs, ny par la corruption des pensionnaires, ny par la crainte de perdre leurs Charges et leurs emplois. C'est à quoy le Parlement se trouue engagé par le zèle du bien public, la nécessité de son institution, par l'exemple de ses prédécesseurs, et par le deuoir de la dignité de la Compagnie qui se trouue si fort engagée.

par

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Et vous, Prince malheureux, qui estiez naguères l'obiect de nos plus chères affections, et pour qui nous auons fait tant de vœux et tant de prières, et qui estes à présent le suiect de nos haynes les plus mortelles, que nous regardons comme nostre ennemy irréconciliable, et comme le fléau dont Dieu menasse encor ce Royaume, ne tirez point de vanité, s'il vous plaist, de cette Députation qui vous flatte. Ce n'est point vne Députation du Parlement, puisqu'elle n'a esté ny délibérée ny arrestée par l'aduis de la Compagnie. C'est vne visite de quelques particuliers, et qui vous est plus iniurieuse qu'elle ne vous est honorable, puisque la plus saine partie du Parlement a résisté auec courage à vn abaissement si honteux. Mais sçachez que vous estes hay de tous les François, que vostre nom est en abomination dans les Prouinces, et que les Parisiens ne vous voyent qu'auec

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mépris et vne horreur secrette qui produira en temps et lieu des effets plus estranges que vous ne pensez pas. N'est-ce point vne punition visible de Dieu sur les désordres de vostre vie et les impiétés sacriléges dont vous estes coupable, qu'ayant pu estre arbitre, à vostre retour de Flandre', des différends du Parlement et du Ministériat, ayant pu décider glorieusement vne querelle si importante par l'authorité que le succez de vos armes vous auoit acquise dans les esprits des vns et des autres, vous auez par vn aueuglement prodigieux choisi le plus mauuais party, et au lieu d'aspirer à la gloire du libérateur de la France, au lieu de vous maintenir dans l'amour du Peuple en procurant quelque addoucissement à leur misère, vous auez protégé vn Estranger, seruy d'instrument à sa vengeance et entrepris de ruyner vostre patrie, si Dieu n'eust dissipé par sa prouidence la rage et la fureur de vos Conseils. Mais prenez garde qu'il n'exerce encor sur vous des chastimens plus rigoureux. Le temps viendra sans doute que vous aurez besoin de réclamer la protection du Parlement que vous auez voulu opprimer; et le premier Fauory nous vengera des maux et des cruautez que vous auez causées. Ce sera lorsque vous implorerez en vain l'ordonnance de la seureté publique que vous auez violée3; et le Peuple innocent que vous auez voulu faire périr par la faim, se rira de vostre disgrâce et escoutera auec ioye ou tout au moins avec in

tous.

'Le Politique du temps touchant ce qui s'est passé depuis le 26 août 1648, etc. [2812] a été écrit justement pour prouver que le prince de Condé avait en effet joué ce rôle d'arbitre à la satisfaction et pour l'avantage de

2 On sait que ce temps commença en effet le 18 janvier 1650. La prédiction de Portail est assurément fort remarquable.

L'ordonnance du 22 octobre 1648.

différence la nouuelle de vostre prison et le traitement rigoureux que l'on vous fera ressentir.

La nocturne chasse du Lieutenant ciuil [2529].

(16 avril 1649.)

Sollicité d'vn mouuement
Qui depuis peu très viuement
Pique ma verue et me conuie
De contenter vn peu l'enuie
D'vn imprimeur de mes amis
Qu'vn destin fauorable a mis
Du nombre de ceux qui se moquent
Des faux confrères qui les choquent,
Et qu'on a grandement loué
N'auoir nom d'autheurs aduoué,
Quoique défense très expresse
De ne rien mettre sous la presse
Qui des affaires de ce temps
Fust au lecteur vn passe temps,
le veux d'vn style magnifique
De tout le Corps typographique
Chanter la persécution,
Pour mettre en exécution
La burlesque et folle promesse
Que ce matin après la messe
Auec trois sermens de rimeur
l'ay faite à ce rare imprimeur,
Qui m'a sans aucun artifice

Tracé le plan de l'édifice.
Muse semble posséder

que

Scarron à qui ie voy céder

Tous ceux dont la philosophie
Auiourd'huy se burlesquefie,

Guidant ma main et mon crayon,
Fay briller vn petit rayon

De ce feu sainct et poëtique

Qui fait dans vn corps tout étique
Danser, comme Balzac escrit,
La sarabande à son esprit.

Dy moy, pour despeindre vn ouurage,
Fatal au plus ferme courage,

Quel grand subiect eut le pouuoir
De le former et d'émouuoir

Dans le pays latin vn trouble
Qui de nuict en nuict se redouble,
Et faire enleuer dans Paris,
Non les femmes à leurs maris
Par des Mazarinistes infàmes,
Mais bien les maris à leurs femmes;
Tesmoin nostre charmant Courrier1
Qui, gissant partout sans fourrier,
Très rarement chargé de baye,
Pendant la fuite de La Haye2
Pour diuertir (foy de rimeur)
La femme de son imprimeur,
Tout seul, manque d'autre sequelle,
Passoit doucement auec elle

Loin de la lumière et du bruict

Vne bonne partie de la nuict;

l'entends, quoi que croire on en veuille,

1 Le Courrier françois, etc. [830], en prose.

2 Rollin de La Haye, rue d'Écosse près le Puits-Certain. Il a imprimé les douze numéros du Courrier et même le Courrier extraordinaire apportant les nouvelles de la réception de messieurs les gens du roi à Saint-Germain en Laye, etc. [827]. Je n'ai pas pu savoir à quelle occasion il a été contraint de se soustraire par la fuite aux poursuites de la justice.

1

Non en personne mais en feuille,
Couchant, dit-on, non dans le lict,
(Car là iamais elle ne lict),
Mais par vn sort insupportable
Sur vn banc auprès de la table,
Où mille fois multiplié,
Encore humide et non plié,

Comme vn bon soldat sur la dure,
Puisque sa maistresse l'endure,
Iusqu'à l'aurore le galand

Attendoit maint et maint chaland;
Dy moy, dis-ie, Muse folastre
Dont mon esprit est idolastre,
Pour quel crime et pour quel délict
On alla prendre dans le lict,
Sans respect de sa barbe blanche,
Ce pauure diable de l'Eclanche1,
Ce charmant vieux fou de Roulin
Qui mieux qu'asne rime à moulin,
Chère Muse, enfin ce bonhomme

Que Laurent Prends ton verre on nomme.
Lorsque, l'orage ayant creué,

Nostre Roy nous fut enleué,

A peine eusmes nous veu la perte
Que nous en auons tous soufferte,
Que par vn iuste mouuement,
Que causoit son enlèuement,
Vne démangeaison d'escrire,
Prenant aux doigts de la Satire,
Mit au vent, dit-on, dans Paris
Tant de plumes et tant d'escrits
A Muse pauure et mercenaire

Apparemment l'Eclanche, Roulin et Laurent Prends ton verre étaient des crieurs, des colporteurs; car je ne les vois point sur ma liste des imprimeurs et libraires.

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