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Qu'vsant du prouerbe ordinaire,
On pouuoit dire comme on dit
Qu'ils auoient pissé tous au lit.
A moins qu'on ne fust insensible,
Il estoit alors impossible
D'entendre partout sans frémir
Mille et mille presses gémir
Non de la peine coustumière
Qu'elles ont de mettre en lumière,
Depuis le soir iusqu'au matin,
François, hébreu, grec et latin,
Non, dis-ie, si dire ie l'ose,
De leur trauail, mais de sa cause,
Estant mille fois en effect
La cause pire que l'effect,
Puisqu'enfin elle n'estoit autre
Qne leur infortune et la nostre ;

Grâce aux bons et mauuais autheurs
Mille offices de colporteurs,

Tous de création nouuelle,
Faire braire à pleine ceruelle
Et d'vn stentorique gosier,
Chargés de boutiques d'osier,
Dans vne publique disette

Cent et cent marchands de gazette.
Sages députés de Rouen

Qui fistes, et non sans Hahen,

A Sainct Germain tant de vacarme
Pour n'auoir vu, non sans allarme,
Croistre vostre grand Parlement
Que de la moitié seulement,
Et vous faisant tenir à quatre,
Pour en faire vn peu trop rabattre,
Auez
peut-estre non sans fruit

Si iustement fait tant de bruit,

Qu'eussiez-vous fait si vostre nombre
Qui n'estoit à peine qu'vne ombre
De cil des porte-rogatons,
L'eust esgalé, sages Catons?

Vieux et nouueaux dans leur office,
Tous à la fois en exercice,
Crioient comme fous, I'vn: Voicy
Des maux de France le récy;
L'autre entonnoit d'vn son grotesque
La Lettre au Cardinal burlesque1;
Bref pour mille autres pièces tous
Couroient les rues comme des fous.
Tant que dans vn subiect de larmes
Dura l'insolence des armes,
Quoique ne pouuant l'endurer,
Nostre Parlement vit durer
Celle des plumes occupées

A battre, autant ou plus qu'espées,
Chacune, par décret du ciel,
Versant autant d'encre que de fiel;
Et maint autheur de bonne grâce,
Sur le papier faisant main basse,
Donnoit et de taille et d'estoc,
Et tousiours ferme comme vn roc,
Ne laschoit pied que sa furie
Ne fondist dans l'imprimerie;
Mais lorsque sans empeschement
D'vn salutaire abouchement
Paris vit naistre l'espérance
D'vne fourée conférence,
On commença de réprimer
Cette licence d'imprimer 2.

1 Lettre à M. le cardinal burlesque : elle est plus haut.

* On avait commencé auparavant; car il y a, sous la date du 25 janvier,

Lieutenant ciuil et Commissaires,
A espionné bien leurs affaires;
Pour empescher de barbouiller,
Chez les imprimeurs vont fouiller
De nuict par cruauté extresme
Iusqu'au fond de la caue mesme.
Ce fut donc enuiron ce temps
Que nous eusmes le passe temps
De voir, ainsi qu'on le remarque,
Sortir au iour sans nom ni marque
De la presse de Variquet,
De Preuetay, Sara et Cottinet,
Qui ne se vend et ne s'achète
Qu'entre chien et loup en cachette,
De satyriques ouurages en vers,
Iouxte sur exemplaires d'Anuers.
Mais puisque l'imprimeur me presse
De fournir le mien à sa presse,
Ie fais iudicieusement

Sa fin de son commencement,
Amy lecteur, et te proteste

Que tu verras bientost le reste.

un Arrêt de la cour de parlement portant défenses, à tous imprimeurs et colporteurs, d'imprimer et exposer en vente aucun ouurage, etc. [232].

Reqveste présentée à Monseigneur le Prince par les vignerons de son gouuernement de Bourgogne, en vers burlesques [3501].

(3 juin 1649.)

Vous supplient très humblement
Ceux de vostre Gouuernement
Dont la main façonne la vigne,
D'auoir audience bénigne.
La grandeur que vous possédez,
Fait
que si vous nous accordez
De parler auec hardiesse,

Nous vous appellerons Altesse

Et tous les autres plus beaux mots
Qui peuuent rehausser vn los;
DISANS que toute nostre troupe
Qui ne met de l'eau qu'en sa soupe,
Honoroit vostre géniteur,
Qui l'aymoit aussi de bon cœur,
Puisqu'il chinquoit à tasse pleine,
A longs traits et perte d'haleine,
Dedans Paris et dans Dijon,
Nostre vin qu'il trouuoit si bon;
Que depuis la meschante guerre
Que le Diable mit sur la terre
Le matin d'après le Roy boit,
Aucun batelier on ne voit
Ramer pour Paris sur Yonne,
Afin de luy vendre la tonne
De nos vins plus délicieux
Et rapporter des escus vieux.

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Que Bacchus, fasché contre vous,
Nous fait ietter à vos genous;
Qu'il dit que iamais vostre père
Contre luy ne fut en colère;
Qu'il n'empeschoit point ses bateaux
De porter ylà ses tonneaux,
Ny mesme sa douce moutarde
Dont le Badault se papelarde
Alors qu'il mange, le matin,
De la saulcice ou du boudin,
Ou bien quelque fameuse andouille,
Faisant la nique à la patrouille;
Et de plus il estoit tant bon
D'y porter du bois et charbon....

Qu'aussy nostre main libérale
Dessous l'autorité Royale

Luy payoit tousiours promptement
Son plat et son appointement;
Que ce prince estoit politique;
Qu'il sçauoit mesme la pratique;
Qu'il estimoit les Parlemens;
Qu'il calmoit les soulèuemens;

Qu'il estoit dénot à l'Esglise

Où Sainct Pierre a sa chaire mise; Qu'il aymoit les religieux

Et faisoit des actes pieux;

Qu'il ne vuidoit point leur besace;
Qu'il aymoit la dame Fricace
Qui faisoit bien les saupicquets;
Qu'il haïssoit les affiquets
Et toutes les femmes infâmes;
Qu'il prisoit les honnestes dames;
Que, sans iurer le nom de Dieu,
Il iuroit seulement Mebieu;

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