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zins et enuoyé à son Éminence par ses Commis l'abbé Mondini' et Theuenini. Et puis dites que ce grand Iules ne vaut pas bien le grand Armand.

De Paris du 15 août 1649.

Le ieune Lescot 2, Marchand Iouailler, est de retour de Lisbonne d'où il a apporté pour huit cent mil liures de diamans au cardinal Mazarini pour entretenir le commerce qu'il en fait faire par le nommé Mondini et ses autres facteurs tant ecclésiastiques que séculiers.

Le dix huitiesme du mois d'Aoust Leurs Maiestez très Chrestiennes firent leur entrée en cette ville. Le peuple les receut avec des acclamations extraordinaires et témoigna tant de respect pour la personne du Roy qu'il dissimula en sa présence vne partie de la haine qu'il conserue tousiours pour le Cardinal Mazarini 3. La ieunesse de nostre Prince ne luy empesche pas de cognoistre la grande affection de ses bons suiets; et on remarque qu'il dit, estant arriué dans le Pallais Royal, accompagné des vœux et des cris de ioye des Habitans de sa bonne ville, qu'il n'auoit iamais receu tant de satisfaction, qu'on auoit eu grand tort de luy donner de mauuaises impressions de

1 L'abbé Mondini est nommé dans la Réponse au libelle intitulé: Bons auis sur plusieurs mauuais auis [3377].

2 Voir la Lettre du secrétaire de saint Innocent, etc., qui précède.

* Il n'y a pas moins de trente pamphlets qui témoignent des sentiments du peuple. Je citerai seulement l'Entrée pompeuse et magnifique du roi Louis XIV en sa bonne ville de Paris, etc. [1229]. Vers présentés au roi à son entrée, etc. [4019]. Vive le roi! des Parisiens, etc. [4044]. Le plus heureux iour de l'année par le retour de Leurs Maiestez, etc. [2803]. Le Roi triomphant au milieu du peuple, etc. [3557], Paris triomphant et consolé par l'heureux retour de Leurs Maiestez, etc. [2698].

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leur fidélité et qu'vne autre fois il ne se laisseroit pas en-
leuer pour leur faire la
leur faire la guerre. Le Cardinal Mazarini
auoit l'honneur d'estre dans le carrosse de Sa Maiesté auec
toute la maison Royalle, à l'exception de Monsieur le
Prince de Conty qui se trouua le mesme iour indisposé.

Cette ioye si publique qui a continué plusieurs iours et plusieurs nuicts dans Paris, fait assez cognoistre l'imprudence de ce Ministre de s'estre si longtemps opposé au retour du Roy qui eust rétabli la confiance et empesché les désordres qui sont suruenus dans les Prouinces pendant son absence; mais il est difficile de vaincre la peur naturelle qui le saisit aux occasions les plus importantes. La bonté que la Royne a pour luy, la protection que Son Altesse Royalle lui promit en ce rencontre, la valeur de Monsieur le Prince qui estoit à ses costés, ne peurent l'assurer. Il fallut encore négocier quelques iours auparauant auec les Bateliers et achepter d'eux la paix. Encores ne fut-il pas satisfait de la promesse qu'ils firent d'oublier tout le passé pourueu qu'il voulust mieux viure à l'auenir. Il luy fallut des ostages et en nombre considérable qui luy furent présentez au Bourget. Ce ne fut pas encores assez. Il leur fit renouueller leur parolle en présence de Leurs Maiestez. Véritablement après vne déclaration si fauorable, son cœur se desserra. Il ne put contenir sa ioye; il les embrassa avec tendresse, leur frappa dans la main; et pour gagner leur confiance et les préparer à la persuasion, il leur fit vne ample distribution de Louys d'or; puis les entretint d'affaires d'Estat, leur parla de ses négociations et les voulut faire iuges de sa conduite passée. Leur facilité à receuoir ses présents et le peu de contradiction qu'ils apportèrent à ses puissantes considérations politiques, appuyées d'vn raisonnement

esleué et confirmées par l'authorité de Machiauel, cité très à propos à ces dignes auditeurs, luy fit espérer qu'il pourroit auec le temps les gagner et les mettre de son costé. Pour s'insinuer dauantage dans leurs esprits, il leur fit cognoistre auec beaucoup d'adresse de quelle considération ils estoient à l'Estat pour l'vnion et les forces d'vn corps si considérable. Il s'enquist ensuite s'ils n'auoient point quelques intérests particuliers; et apprenant de leur bouche leur grande contestation auec les Tonneliers, il déclara aussitôt qu'il s'en rendoit iuge, auec obligation de condamner ces derniers comme les plus foibles et les moins à craindre. Enfin il se sépara d'eux auec beaucoup de ciuilité, les reconduisit iusques hors de sa chambre, disant tout haut qu'ils estoient députez d'vn corps auquel cet honneur estoit deu.

Le 20 du mois, le Cardinal Mazarini mena le Roy à Challiot pour auoir le diuertissement du ieu de l'oye que les Bateliers luy donnèrent sur la riuière1. Sa Maiesté estoit sur les terrasses du dernier iardin qui regarde sur l'eau, et se faisoit admirer d'vn nombre infiny de peuples qui ne pouuoient se lasser de la contempler. Mais ils furent scandalisez et eurent peine de souffrir le Cardinal Mazarini proche de sa personne, appuyé sur le mesme balustre, faisant le beau, radoucissant son visage de rose, parlant couuert à son maistre, badinant auec luy, luy prenant ses mains Royalles et les meslant auec les siennes, villaines, impures et complices de ses ordures.

Le corps des Tonneliers ayant sçeu la Déclaration que cet arbitre équitable auoit faite en faueur des Bateliers, par cette seule considération qu'ils estoient les plus forts

1 On a publié sur cette fête l'Oiseau de riuière ou le Tournoi naual, etc. [2587], et l'Oye royale tirée deuant leurs Maiestez, etc. [2586].

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DE MAZARINADES.

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et les plus entreprenans, a fait vnion auec les Croche-
teurs et les Portechaires. Ils firent leur reueue et se sont
trouués plus de douze mille, tous capables de iouer du
pic et du crocq; ce qu'ils ont fait sçauoir au Cardinal
Mazarini auparauant qu'il iugeast leur différent auec les
Battelliers. L'on ne doute plus qu'il ne se déclare pour
les premiers qui sont les plus forts, si ce n'est qu'à son
ordinaire il veille négotier et se rendre médiateur entre
des personnes si considérables à l'Estat. Le sieur Sainc-
tot', ambassadeur du Cardinal Mazarini au Royaume des
Halles, y a été enuoyé pour faire vne alliance offensiue
et deffensiue entre ces peuples et son Éminence. Il n'y a
pas trouué la facilité qu'il s'estoit promise, n'ayant pu
obtenir d'eux qu'vne trefue pendant quelques mois; et
encore ça esté à condition qu'on osteroit les taxes qu'on
auoit mises sur les boutiques de leur Cité.

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D'Amsterdam, ce 1er septembre 1649.

Il est icy arriué, cette semaine, plusieurs vaisseaux des Indes. Entre les autres richesses dont le bon voilier estoit chargé, il a apporté vne douzaine de singes les plus beaux et les plus rares qu'on aye encore veus en ces quartiers. La Cardinal Mazarin les a fait venir pour les mettre en sa garderobe et ses antichambres, afin de diuertir ceux qui luy font la cour et juger par la ciuilité et

1 Nicolas de Sainctot, maître des cérémonies. « Il (le cardinal de Retz) a conférence.... tantost auec le mareschal de l'Hopital et Sainctot, etc.» La Véritable fronde des Parisiens, etc. [3934]. On peut consulter d'ailleurs l'article de la Censure ou Réfutation du libelle intitulé: Soupirs français sur la paix italienne [674] et celui du Confiteor du Chancelier, etc. [751], dans la Bibliographie des Mazarinades.

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le bon traitement qu'ils feront à ces animaux, fauoris de Son Éminence, de l'affection qu'ils ont pour son seruice.

Triolets de ioie chantés par Paris pour chasser la mélancolie [3850].

(18 août 1649.)

Il paroist enfin mon Soleil,
Ce beau Louis qui me contente!
Ah! que son visage est vermeil !
Il paroist enfin mon Soleil.
Ah! que ie le vois de bon œil
Après vne si longue attente!
Il paroist enfin mon Soleil,
Ce beau Louis qui me contente!

A l'aspect d'vn astre si beau
Qui tout charme et que tout adore,
Mes soins s'en vont dans le tombeau,
A l'aspect d'vn astre si beau;
Et saisi d'vn plaisir nouueau,
Ie bénis sa diuine aurore,
A l'aspect d'vn astre si beau
Qui tout charme et que tout adore.

Chantez partout: Viue le Fils!
Chantez partout: Viue la Mère !
Peuples qui viuez dans Paris,
Chantez partout: Viue le Fils!
Qu'on n'entende plus d'autres cris.
On ne verra plus de misère.

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