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d'incendies, de sacriléges, de violemens, de meurtres, de larcins et de tant d'autres meschancetez qui sont en vsage et que la guerre ciuile pratique. Et dans les malheurs dont l'auenir nous menace, faites voir qu'il est aussi dangereux de vaincre que d'estre vaincu, puisque les victorieux ne remporteront que de funestes trophées et des déplaisirs mortels d'auoir combattu les vns contre les

autres.

Vostre ALTESSE, qui est issue de l'illustre tige des Valois, et qui a porté les armes et trauaillé puissamment à soustenir la gloire et l'establissement des Bourbons, vous n'ignorez pas combien la guerre fait de misérables, et iusques où peut aller la licence et l'impunité du soldat; et encore en cette pitoyable occasion, où le père est contre le fils, où vn frère médite la mort de l'autre, et où tous les parens ne pensent qu'à se défaire de leurs plus proches. Enfin que reuiendroit-il du sac et de la ruine de la plus belle et florissante Ville du monde? et qui est celuy qui n'en détesteroit point la solitude? Perdre les Parisiens, n'est-ce pas perdre les plus fidelles et passionnez suiets de ce royaume? Dans vn malheur général ne sontpas capables de seruir vtilement? Et il n'y en a peutestre pas vn qui n'ait assez de force et de courage pour prodiguer sa vie et répandre son sang pour vn Roy, s'il estoit attaqué auec perte ou désauantage; comme il arriua lorsque les ennemis s'emparèrent de Corbie et des autres villes frontières, lorsqu'ils portèrent le fer et le feu dans toute la Picardie, et lorsqu'ils donnèrent l'espouuente et la terreur à tous les François.

ils

C'est cette puissante et superbe Ville qui fit vn effort digne d'elle, et qui donna moyen au feu Roy de couurir vne faute et de réparer l'imprudence du Cardinal de Ri

chelieu, qui auoit laissé cette partie de l'Estat trop à découuert. En effet, les Espagnols mesme, parlant de cette Ville, se sont assez fait entendre quand ils ont publié hautement Vrbs præualet orbi, que c'estoit vn prodige et vne merueille de la nature, par le moyen de laquelle mes Roys peuuent à meilleur tiltre se dire Monarques, que non pas les Assyriens, les Mèdes, les Perses, les Grecs et les Romains, puisqu'elle est capable de leur ouurir le chemin et la conqueste de l'Vniuers.

Mais ce qui est admirable, elle ne veut point faire connoistre sa force et sa puissance que pour le seruice de son Prince et de sa Patrie; et quoy qu'il luy puisse arriuer, elle veut demeurer ferme et constante dans le deuoir et l'obéissance qu'elle doit à son Souuerain. C'est là toute l'ambition de Messieurs du Parlement. Ils détestent et condamnent toutes les vsurpations, soit qu'elles ayent esté heureuses, soit que le succez en ait esté funeste. Ils ont mesme en horreur l'establissement de la République Romaine, qui n'a pas commencé si heureusement qu'eux; comme aussi les Suisses, qui ne se sont pas liguez auec tant d'auantage, et mesme les Estats de Hollande et les Parlementaires d'Angleterre, qui n'ont pas agy auec tant de force ny auec vne conduite pareille à la leur. Ils ne trauaillent que pour soustenir la grandeur et la dignité de cette Couronne et pour rendre éternelle la Monarchie Françoise, qui est si bien establie qu'à vray dire, elle ne peut périr que par elle-mesme et par la diuision du peuple.

Grand Prince, agissez donc noblement et de toute vostre force, comme ie vous en coniure, par les cris, les larmes et le sang d'vne infinité de misérables; et faites en sorte qu'il arriue la mesme chose aux François qui

arriua autrefois aux Espagnols. Ils estoient diuisez et auoient peine à supporter la domination des Allemans et à souffrir l'humeur de Charles le Quint. Vne guerre ciuile s'estoit cruellement allumée en Castille, et à dire vray, elle y eust causé vne espouuentable désolation, si l'armée Françoise qui fut enuoyée pour la conqueste de Nauarre, se fust contentée d'auoir pris Pampelune et triomphé en quinze iours de tout le Royaume; mais l'imprudence et l'auarice de ceux qui commandoient, les porta à entrer hostilement en Espagne, où ils ne firent autre progrez que de réunir les Espagnols diuisez, esteindre des animositez domestiques et mettre fin à vne guerre sanglante, qui sans doute eust ruiné les affaires de l'Empereur et donné en proye toute l'Espagne, qui en vn jour victorieux reconquit tout vn Royaume et donna vne chasse honteuse aux François.

Et après que tous les esprits se seront réconciliez, et la Cour et le Palais estant bien d'accord, toutes les troupes Françoises iront fondre en Flandre et forceront l'Espagne mesme de redemander vne seconde fois la Paix; et vous aurez le contentement d'auoir essuyé mes larmes et mis fin à mes desplaisirs, et la satisfaction d'auoir beaucoup contribué au repos public et rendu la seureté et l'abondance à tous les François, qui auront tout le ressentiment qu'on peut auoir d'vne si parfaite obligation.

Dialogve de deux Gvépeins sur les affaires du temps [1078].

(11 janvier 1649.)

Louet : Ha, ha, hé Dieu te gare, mon cousin Brase. Brase: Ho, ho, bon ior don, mon cousin Louet.

Mordié, que ie te voy le vesage chagrigneux et maussade.

Asseuzément que tu as quioque dafficusté dans ton

intesieur.

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Iarnidié, ie le cray bian; car tot est pardu.

- Testedié, tu es tréjours aussi affaizant que de cous

tume.

- Là, là, i'ay bian raison de m'affaizé. Si tu auas ouy de tes proupres ozilles cela que i'ay entendu, tu n'en fezais pas mins.

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-Ie ne sçay pas quelque tu veux dize; mais en m'a dit que ï'azin diminution, stannée, du qu'art de nos Tailles. Est-ce là ce que tu en sçay? Y nia bien d'autres nouuelles; c'est qu'in nommé Margazin veut tot demanché et dapsé ce que nos bons Monsieurs du Parlement auint prin grand peine à faize.

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Et qu'est donc cet ouuriais-là?

C'est in qui est venu de l'Estallye.

De l'Estallye! tan pis. Ces Estallians n'ant fait que des trébouillemens dans la France. I'ay bean mémoize

▲ Naudé le qualifie d'un des plus agréables et ingénieux livrets que l'on ait faits contre le cardinal. On appelait alors guépeins les habitants de l'Orléanais

d'iune qu'on appelet la Roene Catelene. l'attas encoze ieune verdlouzio; mais iarnidié, a fit bean du mau. Pis après auons eu Mazie, la mèze du défunct Roe. A l'attet assé bonne fanne; mais a lamenit le Marquis d'Ancre. Y velet estre le maistre. Y chassit et accartit tot nos bons Princes, comme sticy veut faize.

— Mais que ly dit donc noutre Roene?

-A n'en dit rean; a ly lasche tot faize.

- Y veut rebailler encoze les Tailles aux Maltoutiers et faize reuenir Bar::::

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O teste dié, si y fait reueny ce vouleux-là, tot est pardu; iamais ie n'en releuezon. Asteuze qu'il a tot mangé et accorché tot ces pauures gens de la Biauce, et qui sont tot ruiné, y se ietteza sur nous.

Va, ie trouuezon des amis.

On fait Bar:::: si meschant; mais il ne les pas, non. Nan m'a dit qu'y n'attet que le valet des Maltoutiez qui auint prins la Taille et qu'il fallet qui fist tot ce quy velint; autrement y l'eussint chassé. Aussi y ly baillint bon gage; mais nan dit qu'il a tot manché ses seruices à leux baillé des carluzes de vantre et qu'il est gueux as

teuze.

le

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pus

Y n'y a que son bon voleux de Sécrétaize qui a esté fin. Possible aussi nourrira il son maistre.

- Laschons là tote cette canille de Maltoutiez. Le bon Dieu les puniza tou ou tard. Il ont trop fait de malusion. Mais conte moï ce qui se passe.

Pardié, men enfan, il ont fait emporté noutre bon petit Roé à sainct Germain, la nué des Roés, le pouure enfant ! et pis il ont enuoyé des soudars à l'entor de Pazis pour empesché qu'y ne leux vint des harnas de geule.

Mourdié, cela lez a bian aponté; et ie panse que

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