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EXTRAIT DU REGLEMENT.

ART. 14. Le Conseil désigne les ouvrages à publier, et choisit les personnes les plus capables d'en préparer et d'en suivre la publication.

Il nomme, pour chaque ouvrage à publier, un Commissaire responsable, chargé d'en surveiller l'exécution.

Le nom de l'Éditeur sera placé à la tête de chaque volume.

Aucun volume ne pourra paraître sous le nom de la Société sans l'autorisation du Conseil, et s'il n'est accompagné d'une déclaration du Commissaire responsable, portant que le travail lui a paru mériter d'être publié.

Le Commissaire responsable soussigné déclare que l'Édition préparée par M. C. MOREAU du CHOIX DE MAZARINADES, lui a paru digne d'être publiée par la SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE.

Fait à Paris, le 26 février 1853.

Signé RAVENEL.

Certifié,

Le Secrétaire de la Société de l'Histoire de France,

J. DESNOYERS.

PRÉFACE.

Dans tous les troubles civils qui ont agité et ensanglanté la France depuis l'invention de l'imprimerie, on a beaucoup imprimé et encore plus écrit. On a combattu avec la parole et avec la plume autant qu'avec l'épée. Les sermons, les pamphlets, les batailles, tout cela c'était la guerre. C'est qu'il ne fallait pas seulement vaincre ; il fallait persuader et convertir. Il fallait prouver la pureté de sa cause, la droiture de ses intentions, la nécessité de son triomphe; il fallait rallier à soi les passions et les intérêts; il fallait agir sur les appétits et sur les intelligences. Dans les guerres civiles il en est toujours ainsi; et la raison en est simple: ce sont les opinions qui font les partis; c'est la prédication qui fait les opinions.

Les pamphlets importent donc à l'étude de l'histoire. Ils n'ont assurément pas la même valeur que les mémoires qu'ils complètent ou qu'ils contrôlent; mais leurs discussions, leurs récits, les bruits qu'ils répètent, les jugements qu'ils propagent, les calomnies même qu'ils inventent, sont autant de témoignages des préoccupations de l'opinion publique. Les auteurs de mémoires ont été pour la plupart mêlés aux événements qu'ils racontent, soit qu'ils en aient profité, soit qu'ils en aient souffert. Ils en ont connu les causes, et ils ont pu en mesurer la portée; mais

l'homme ne se dépouille jamais tout entier. Aux passions de son époque, il mêle ses propres passions. Il modifie au gré de ses opinions personnelles les opinions des partis. L'esprit public, au contraire, se révèle avec toute sa naïveté dans ces pamplets qui préparaient ou achevaient les triomphes de l'arquebuse et de l'épée. Il s'y montre sans précaution, sans réserve, sans pudeur même, parfois libre jusqu'à la licence, hardi jusqu'au cynisme. Dans les mémoires l'intérêt personnel domine; c'est la passion publique dans les pamphlets. Dans les premiers il y a plus de l'homme; dans les seconds, plus du peuple, ou mieux, plus des partis.

Il est d'ailleurs des faits que les mémoires n'ont pas pu développer dans toutes leurs circonstances. Des auteurs, les uns étaient placés trop haut, les autres trop loin pour bien voir et pour tout voir. Il y a des causes et des effets même qui leur ont échappé nécessairement. La multitude agissait; ils ne savaient pas tout ce qui la faisait agir. Ils ne se rendaient pas un compte exact de ses sentiments et de ses pensées. Au contraire on pénètre dans les entrailles des partis et de la société à l'aide de ces pamphlets qui ont été rédigés par des hommes des partis et pour les partis, par des hommes du peuple et pour le peuple. L'auteur des mémoires se pose en face de la postérité; il pense à l'avenir. Le pamphlétaire n'a de préoccupation que pour le présent. L'un écrit pour les passions contemporaines; l'autre écrit, s'il faut ainsi parler, sous leur dictée. L'auteur de mémoires est toujours un avocat;

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