ページの画像
PDF
ePub

que l'olivier doit être taillé et quelquefois élagué; mais le mot élaguer, qui est une dépendance de celui de tailler, doit être sous-entendu et compris dans celui de tondentur. Ces deux opérations qu'on fait subir à l'arbre ne diffèrent pas assez pour qu'on doive supposer que les Latins se soient servi du verbe interradere, afin d'exprimer une opération dont la signification eût été de donner du jour à un arbre, en coupant ses branches intérieures ou superflues. L'expression littérale d'interradere ne peut se rendre que par celle de racler, de ratisser la partie du cep, à l'endroit où elle commence à être à découvert. Elle répond à une pratique usitée à l'égard de l'olivier. Cet arbre pousse du haut de sa souche de petites racines filamenteuses qui paraissent à découvert quand il est déchaussé, et qui sont recouvertes de terre quand on a l'attention de le chausser. On croit que ce chevelu le dessèche pour prévenir cet inconvénient, on en dégage la souche, on la ratisse, interraditur. C'est ce qui fait dire ensuite à Pline que les oliviers prospèrent davantage quand on les débarrasse de ce chevelu.

«Si ces filaments n'avaient été qu'extérieurs, les Latins ne se seraient sans doute servi que du verbe radere. En employant celui d'interradere, ils ont voulu dire qu'il fallait ratisser intérieurement. Que peut-on donc ratisser de la sorte, si ce n'est les fibres chevelues de la partie supérieure, qui sont le plus souvent intérieures, surtout quand l'olivier reçoit les labours convenables? »

Non prætereundam judicavimus novam prorsus et ad hoc tempus ineditam Gerardi opinionem, quanquam in interpretatione a vulgari sensu discedat, et ipse Columella quem laudat ad hunc locum Harduinus, refragari videatur. Peritissimi viri his in rebus auctoritatem negligere nobis religio fuit; litem dirimendam arboris colendæ artem edoctus quivis suscipiat.

§ III. Oliva constant nucleo, oleo, carne, amurca. Sanies est hæc ejus amara; fit ex aquis, ideo siccitatibus minima, riguis copiosa. Cap. 3.

Les mots amurca et sanies, qui expriment deux produits différents, sont également rendus dans toutes les traductions par celui de lie: il s'en faut cependant de beaucoup que ces deux termes expriment la même chose, ni que Pline ait prétendu que la lie dût provenir d'une surabondance aqueuse, ce qui est vrai à l'égard du sanies, et faux quant à l'amurca.

« Le sanies de Pline est cette eau noirâtre que les olives déposent lorsqu'on les entasse, et surtout lorsqu'on les foule, afin de pouvoir les

conserver et d'en prévenir l'échauffement. A la faveur de cette compression, les olives se déchargent d'une eau teinte d'une couleur noirâtre, et d'un extrait gommeux amer et acerbe qu'elle dissout: elle sort ainsi sans aucun mélange de partie huileuse: ce qui n'est pas surprenant, vu l'immiscibilité de ces deux substances. Quand les olives sont charnues, et qu'elles ont essuyé des pluies fréquentes, cette eau noirâtre est plus abondante, parce qu'elles sont d'autant plus imbibées. A ce caractère on doit reconnaître le sanies amara, son origine, son produit plus ou moins considérable : fit ex aquis; ideo siccitatibus minima, riguis copiosa.

[ocr errors]

Ce sanies se rapporte à l'olive; mais dans le sens de Pline il n'est pas partie constituante de ce fruit comme l'amurca. Pline se sert ici au figuré d'un terme reçu en médecine. La sanie est une humeur dégénérée, un écoulement purulent qui n'entre point naturellement dans la composition de nos humeurs. En comparant le goût amer et acerbe de cette 'eau noirâtre qui découle des olives, avec la saveur de l'huile et les autres parties constituantes de l'olive, Pline n'a du regarder le sanies que comme un produit vicieux opposé à l'huile, et comme une matière étrangère plus ou moins abondante, selon que les olives en étaient plus ou moins chargées.

ce n'est

L'eau bouillante qu'on répand sur les olives écrasées entraîne avec les parties huileuses de l'olive une seconde sanie qui diffère de la première, en ce que cette seconde se trouve mêlée avec une eau étrangère, dont la chaleur a détaché tout ce qui n'a pas résisté à son action; mais pas de cette sanie qu'il est question dans Pline : ce qui est prouvé par son observation, qu'elle est plus abondante quand la saison est pluvieuse que par un temps sec. La différence des saisons n'en mettrait aucune dans le produit de la seconde sanie, qu'on n'obtient que par l'eau bouillante et par artifice.

«Si ce que nous venons de dire ne suffisait pas pour lever tous les doutes, nous pourrions ajouter que l'eau contenue dans les olives n'en saurait augmenter la lie. « Sanies fit ex aquis,» dit Pline. En voulant que la lie provienne d'une surabondance aqueuse, on ne songe pas qu'une plus grande quantité d'eau, qui est immiscible avec l'huile, n'est pas capable d'en augmenter la partie limoneuse. »

Hactenus Gerardi notas transcripsimus nunc filium Doct. patre non indignum de amurca fusius disserentem audiamus:

Pour compléter l'explication de ce passage, on aurait dû donner la version du mot amurca, sur lequel le commentateur ne fait pas connaître

son opinion. Pline signale par cette expression le sédiment que l'huile dépose dans les vases qui la renferment, lorsqu'elle y a séjourné durant quelque temps. Ce sédiment est formé par des matières crasses, hétérogènes, qui enveloppent et entraînent avec elles des parties huileuses que les procédés de la fabrication n'ont pas pu réussir à séparer complètement. Ces matières spécifiquement plus pesantes que l'huile, descendent au fond des vases; et celle-ci étant débarrassée prend une couleur et devient claire et limpide. On a soin de transvaser l'huile dans les premiers jours du mois de juin; on réunit ensuite tous les dépôts qu'elle a laissés, et soit en les exposant aux ardeurs d'un soleil d'été, soit par l'action du feu, on dégage toute la partie huileuse de ce sédiment, qui s'en sépare par l'effet de sa légèreté spécifique. Il ne reste plus après cette opération qu'un caput mortuum, composé de terres, d'ordures, et des parties ligneuses, qui par leur petit volume s'échappent des cabas de spart ou de jonc dans lesquels on presse la pâte.

Il est à remarquer à l'appui du sens que le commentateur ( M. Gérard père) attribue au mot sanies, que les années pluvieuses n'augmentent en aucune manière le volume de l'amurca, tandis qu'elles accroissent considérablement celui de l'eau noirâtre qui se dégage des olives par l'effet de la légère pression qu'on exerce sur ce fruit avant d'en extraire l'huile. Le sédiment déposé par ce liquide au fond des vases qui le renferment, est plus abondant lorsque les olives ont été attaquées par les vers. Ces chenilles, après s'être saturées de la chair, triturent et pulvérisent une partie du noyau, et les corps de ces insectes avec les parcelles les plus déliées du noyau contribuent à augmenter le volume de l'amurca.

«Les olives ne rendent le sanies que par leur entassement et par l'effet de la pression légère qu'on exerce sur elles en les foulant. Sans cette opération, l'eau noirâtre dont on les dégage resterait mêlée et confondue avec l'eau bouillante dont on échauffe la pâte ; et comme cette méthode n'est pas généralement répandue, il s'ensuit que dans les lieux où on ne la met pas en pratique, on n'obtient pas de sanies. C'est un fait propre à exciter notre curiosité, d'apprendre par quelques mots de Pline que de son temps on pratiquait une opération préparatoire sur les olives avant d'en extraire l'huile, et que l'usage s'en est maintenu dans certaines localités.

[ocr errors]

Les dictionnaires, toujours habiles à se copier, ont répété les uns des autres que Virgile s'était servi du mot amurca *. Cependant le père La Rue,

* Bis hoc vocabulum occurrit in Georgicis, et cum Plinio consentit Virgilius. Ille enim, cap. 8, supra pag. 394, dicit amurca semina frugum perfundi, et morbis quadrupedum illa medendum esse. Hic autem lib. I, 198 :

qui a si péniblement compulsé tous ceux que ce poète a employés dans ses ouvrages, n'a pas fait mention de celui-ci. S'il en a fait usage, ce doit être dans les Géorgiques : on peut facilement en faire la recherche dans l'auteur lui-même.

Il serait curieux de savoir quelle est la distinction que les traducteurs italiens et espagnols ont établie entre les mots amurca et sanies. Je parle seulement de ceux de ces deux nations, parce que l'olivier est cultivé dans ces contrées, et qu'on y connaît la fabrication des huiles. On voit par tout ce qui a été dit précédemment, que sans cette connaissance il n'est pas possible de saisir la pensée de l'auteur original.

Excerptæ ex Emendationibus adhuc ineditis Clariss. nostratis Gerardi notæ.

« Semina vidi equidem multos medicare serentes, Et nitro prius et nigra perfundere amurca. » Et lib. III, de ovium morbis, v. 448 : « Aut tonsum tristi contingunt corpus amurca.» Quæ loca in nostro Indice Virgiliano comparent. ED.

NATURALIS HISTORIE

LIBER XVI.

[ocr errors]

3

2

I. POMIFERE arbores, quæque mitioribus succis volu- 1 ptatem primæ cibis attulerunt, et necessario alimento delicias miscere' docuerunt, sive illæ ultro, sive ab homine didicere blandos sapores adoptione' et connubio, idque munus etiam feris volucribusque dedimus, intra prædictas constant. Proximum erat narrare glandiferas quoque, quæ primæ victum mortalium aluerunt, nutrices inopis ac feræ sortis, ni præverti cogeret admiratio usu comperta, quænam qualisque esset vita, sine arbore ulla, sine frutice viventium. (1.) Diximus et in Oriente quidem juxta Oceanum complures ea in necessitate gentes. Sunt vero in septemtrione visæ nobis Chaucorum, qui majores

I. 1. Miscere. Sic ex MSS. em. Hard. cons. MS. et Ch. immiscere Gr. et Al. ED.

2. Adoptione. Insitione. HARD. 3. Idque munus. Ut jucundioribus nempe jam fructibus, mitioribusque, opera nostra, vescantur. H.

4. Quæ primo victum mortalium aluerunt. Primæ, non primo, archetypum Toletanuin. Cæterum commonere hic lectores libuit, deseri nos in præsenti volumine reliquisque insequentibus, a semiveteri illo exemplari bibliothecæ florentissimæ hujus Salmanticensis Academiæ, cujus testimonio in superioribus usi sumus: neque

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]
« 前へ次へ »