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If my studies at Paris had been confined to the three or four months would

study of the world,

not

mais je sais en même tems que je l'aurois eu il y a trois mois, sans y songer un moment. Ma réputation baisse ici avec quelque raison, et j'ai des ennemis.

Septembre 25]-J'ai passé l'après-dîner chez Madame de Bochat. Je ne l'avois pas vue depuis le 14 de ce mois. Elle ne m'a point parlé, ni n'a paru s'être apperçue de mon absence. Ce silence m'a fait de la peine. J'avois une très belle réputation ici pour les mœurs, mais je vois qu'on commence à me confondre avec mes compatriotes et à me regarder comme un homme qui aime le vin et le désordre.

Octobre 15]-J'ai passé l'après-midi chez Madame de Mesery. Elle vouloit me faire rencontrer avec une demoiselle Françoise qu'elle a prié à souper; cette demoiselle, qui s'appelle Le Franc, a six pieds de haut. Sa taille, sa figure, son ton, sa conversation, tout annonce le grenadier le plus déterminé, mais un grenadier qui a de l'esprit, des connoissances, et l'usage du monde. Aussi son sexe, son nom, son état, tout est mystère. Elle se dit Parisienne, fille de condition, qui s'est retirée dans ce pays pour cause de religion. Ne seroit-ce pas plûtot pour une affaire

d'honneur?

Décembre 1, 1763.]-Nous sommes tous montés à l'église pour voir la cérémonie du jour. C'étoit la présentation du Bailif à la grande église, et la prestation du serment par la ville de Lausanne, les vassaux et tous les communautés du bailliage. Le grand ministre Polier de Rollens a prêché à cette occasion. Il nous a étonné; au lieu de ces compositions sans chaleur et sans idées qu'il ne qualifie que trop souvent du nom de sermons, il a fait paroître aujourdhui les talens d'un orateur et les sentimens d'un citoyen: il a su parler au souverain de ses devoirs, et au peuple de ses droits fondés les uns et les autres sur la volonté des hommes libres qui vouloient se donner un prince et non pas un tyran. Il a loué pen, avec justesse et sans fadeur. Son débit et son geste étoient assortis au ton de son sujet. Ils étoient pleins de

dignité,

not have been unprofitably spent. My visits, however superficial, to the Academy of Medals and the public

dignité, d'onction et de force. Après le sermon, le Trésorier s'est rendu au chœur de l'église suivi du Bailif et de toute l'assemblée. Là il a présenté au Bailliage leur nouveau gouverneur, qu'il a annoncé par un discours court, mais qui m'a paru rempli de choses. Le Boursier lui a répondu, mais si bas, que j'ai perdu tout ce qu'il a dit. Ce mot de perdu, est-il à sa place? Au reste jamais cérémonie n'a été conduite avec moins de décence. Le désordre étoit affreux. Les Grenadiers de George Grand paroissoient n'y être que pour repousser les honnêtes gens et pour laisser entrer la canaille.

Lausanne, Décembre 16me, 1763.]-Je me suis levé tard, et une visite fort amicale de M. de Chandieu Villars,* m'a enlevé ce qui me restoit de la matinée. M. de Chandieu a servi en France avec distinction, il s'est retiré avec le grade de maréchal de camp. C'est un homme d'une grande politesse, d'un esprit vif et facile; il seroit aujourdhui, à soixante ans, l'agrément d'une société de jeunes filles. C'est presque le seul étranger qui ait pu acquérir l'aisance des manières Françoises, sans en prendre en même tems les airs bruyans et étourdis.

Lausanne, Décembre 18me, 1763.]-C'étoit un Dimanche de Communion. Les cérémonies religieuses sont bien entendues dans ce pays. Elles sont rares, et par là même plus respectées; les vieillards se plaignent à la vérité du refroidissement de la dévotion; cependant un jour, comme celui-ci, offre encore un spectacle très édifiant. Point d'affaires, point d'assemblée; on s'interdit jusqu'au whist, si nécessaire à l'existence d'un Lausannois.

Il y a quelques jours que j'ai bien perdu mon temps. Heureux encore si ce n'étoit que mon temps, que j'eusse perdu! J'ai beaucoup joué, ou du moins j'ai beaucoup parié au cercle; après quelques commencemens de bonheur je me suis enfilé au whist et au piquet, et j'ai perdu un quarantaine de Louis. J'ai

• The father of Madame de Severy, whose family were Mr. Gibbon's most intimate friends, after he had settled at Lausanne in the year 1783. S.

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public libraries, opened a new field of inquiry; and the view of so many manuscripts of different

ages

eu alors le courage de m'arrêter tout d'un coup, et sans me laisser éblouir par de vaines espérances de rattraper ma perte, j'ai renoncé au gros jeu, du moins pendant quelque temps. Il voudroit mieux y renoncer à jamais; il y a tant d'inconvéniens, la perte du temps, la mauvaise compagnie; ces agitations continuelles de crainte et d'espérance qui aigrissent à la longue l'humeur et qui dérangent la santé. Le goût d'étude et la reflexion, peut-il s'associer avec celui du jeu? C'est d'ailleurs une remarque que l'expérience m'a souvent fait faire; que la partie ne sauroit être égale et qu'une perte quelconque est sentie bien plus vivement que ne le seroit un gain pareil. La raison en est claire. On avoit déjà arrangé sa dépense sur son révenu, et cette perte inattendue entraine la privation de nécessaire ou du moins de quelques agrémens sur lesquels on comptoit. Mais le gain, trop précaire et trop incertain pour devoir changer les plans d'un homme sensé, ne sert tout au plus qu'à satisfaire la fantaisie du moment. Voilà de la sagesse après coup. Si j'avois fait ces reflexions quelques jours plutôt, je me serois épargné quelques désagrémens de la part de mon père qui peut ne se point accommoder de ce surcroit de dépense.

Décembre 31m]-Jettons un coup d'œil sur cette année 1763. Voyons comment j'ai employé cette portion de mon existence qui s'est écoulée et qui ne reviendra plus. Le mois de Janvier s'est passé dans le sein de ma famille à qui il falloit sacrifier tous mes momens, parcequ'ils étoient les derniers dans les soins d'un départ et dans l'embarras d'un voyage. Dans ce voyage cependant je trouvai moyen de lire les lettres de Busbequius, Ministre Impérial à la Porte. Elles sont aussi intéressantes qu'instructives. Je restai à Paris depuis le 28 JANVIER jusqu'au 9 MAI. Pendant tout ce tems je n'étudiai point. Les amusements m'occupoient beaucoup, et l'habitude de la dissipation, qu'on prend si facilement dans les grandes villes, ne me permettoient pas de mettre à profit le tems qui me demeuroit. A la verité, si j'ai peu feuilleté les

ages

and characters induced me to consult the two great Benedictine works, the Diplomatica of Mabillon,

livres, l'observation de tous les objets curieux qui se présentent dans une grande capitale, et la conversation avec les plus grands hommes du siècle, m'ont instruit de beaucoup de choses que je n'aurois point trouvé dans les livres. Les sept ou huit derniers mois de cette année ont été plus tranquilles. Dès que je me suis vu établi à Lausanne, j'ai entrepris une étude suivie sur la géographie ancienne de l'Italie. Mon ardeur s'est très bien soutenue pendant six semaines jusqu'à la fin du mois de Juin. Ce fut alors qu'un voyage de Genève interrompit un peu mon assiduité, que le séjour de Mésery m'offrit mille distractions, et que la société de Saussure acheva de me faire perdre mon tems. Je repris mon travail avec ce Journal au milieu d'Août, et depuis co tems jusqu'au commencement de Novembre, j'ai mis à profit tous mes instans; j'avoue que pendant les deux derniers mois mon ardeur s'est un peu ralentie. Irement, Dans cette étude suivie j'ai lu: 1. Près de deux livres de la géographie de Strabon sur l'Italie deux fois. 2. Une partie du deuxième livre de l'histoire naturelle de Pline. 3. Le quatrième chapitre du deuxième livre de Pomponius Mela. 4. Les Itinéraires d'Antonin, et de Jerusalem. pour ce qui regarde l'Italie. Je les ai lus avec les Commentaires de Wesseling, &c. J'en ai tiré des tables de toutes les grandes routes de l'Italie, reduisant partout les milles Romains, en milles Anglois, et en lieues de France, selon les calculs de M. d'Anville. 5. L'Histoire des Grands Chemins de l'empire Romain, par M. Bergier, deux volumes in 4°. 6. Quelques Extraits choisis de Cicéron, Tite Live, Velleius Paterculus, Tacite, et les deux Plines. La Roma Vetus de Nardini et plusieurs autres opuscules sur le même sujet qui composent presque tout le quatrième tome du Trésor des Antiquités Romaines de Grævius. 7. L'Italia Antiqua de Cluvier, en deux volumes in folio. 8. L'Iter ou le Voyage de Cl. Rutillius Numatianus dans les Gaules. 9. Les Catalogues de Virgile. 10. Celui de Silius Italicus. 11. Le Voyage d'Horace à Brundusium. N. B. J'ai lu deux fois ces trois derniers morceaux. 12. Le Traité sur les Mesures Itiné

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billon, and the Palæographia of Montfaucon. studied the theory without attaining the practice

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raires par M. d'Anville, et quelques Mémoires de l'Académie des Belles Lettres. Im nt, On me fit attendre Nardini de la Bibliothèque de Genère. Je voulus remplir ce moment de vuide par la lecture de Juvenal, poète qui je ne connoissois encore que de réputation. Je le lu deux fois avec plaisir et avec soin. IIIent, Pendant l'année j'ai lu quelques journaux, entre autres le Journal Etranger depuis son commencement, un tome des Nouvelles de Bayle, et les xxxv premiers volumes de la Bibliothèque raisonnée. IVment. J'ai beaucoup écrit de mon Recueil Géographique de l'Italie qui est déjà bien ample et assez curieux. Vuent, Je ne dois point oublier ce journal même qui est devenu un ouvrage; 214 pages en quatre mois et demi et des pages des mieux fournies font un objet considérable. Aussi sans compter un grand nombre d'observations détacheés, il s'y trouve des dissertations savantes et raisonnées. Celle du passage d'Annibal contient dix pages, et celle sur la guerre sociale en a douze. Mais ces morceaux sont trop étendus, et le journal même a besoin d'une réforme qui lui retranche quantité de pièces qui sont assez étrangères à son veritable plan. Après avoir un peu refléchi là dessus, voici quelques règles que je me suis faites sur les objets qui lui conviennent. Iruent, Toute ma vie civile et privée, mes amusemens, mes liaisons, mes écarts même, et toutes mes refléxions qui ne roulent que sur des sujets qui me sont personnels, je conviens que tout cela n'est intéressant que pour moi, mais aussi ce n'est que pour moi que j'écris mon journal. Iment, Tout ce que j'apprens par l'observation ou la conversation. ATégard de celle-ci je ne rapporterai que ce que je tiens de personnes tout à la fois instruites et véridiques, lorsqu'il est question de faits, ou du petit nombre de ceux qui méritent le titre de grand homme, s'il s'agit de sentimens et d'opinions. IIIuent, J'y mettrai soigneusement tout ce qu'on peut appeller la partie matérielle de mes études; combien d'heures j'ai travaillé, combien de pages j'ai écrit ou lu, avec une courte notice du sujet qu'elles contenoient. IVment, Je serois fâché de lire sans refléchir sur mes lectures, sans porter des jugemens raisonnés sur

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